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Makhabat Tazhibek Kyzy et Azamat Ishembekov condamnés à des peines de prison

Statut: 
Condamné
À propos de la situation

Le 10 octobre 2024, le tribunal du district de Leninskiy à Bishkek, au Kirghizstan, a condamné la défenseuse des droits humains et journaliste Makhabat Tazhibek Kyzy et le défenseur des droits humains et akyn Azamat Ishembekov à six et cinq ans de prison respectivement. La Cour a déclaré les défenseur⸱ses des droits humains coupables d’« avoir appelé à des troubles civils de masse », une infraction pénale en vertu de l’article 41, partie 2, et de l’article 278, partie 3, du Code pénal du Kirghizstan. Deux autres DDH et journalistes, Aktilek Kaparov et Ayke Beyshekeeva, ont été condamnés à trois ans de mise à l’épreuve pour les mêmes charges. Les défenseur⸱ses des droits humains vont faire appel de cette décision.

À propos d'Azamat Ishembekov

Azamat Ishembekov est défenseur des droits humains, journaliste et akyn ; il collabore avec le projet Ayt Ayt Dese, basé sur YouTube, qui vise à populariser les questions relatives aux droits humains en interprétant et en publiant des chansons folkloriques sur des sujets liés aux droits humains. Azamat Ishembekov révèle et dénonce la corruption au Kirghizstan, en transformant les documents d’enquête de l’organe de presse Temirov Live en formes d’art traditionnel et en poésie.

10 Octobre 2024
Makhabat Tazhibek Kyzy and Azamat Ishembekov sentenced to prison time

Le 10 octobre 2024, le tribunal du district de Leninskiy à Bishkek, au Kirghizstan, a condamné la défenseuse des droits humains et journaliste Makhabat Tazhibek Kyzy et le défenseur des droits humains et akyn Azamat Ishembekov à six et cinq ans de prison respectivement. La Cour a déclaré les défenseur⸱ses des droits humains coupables d’« avoir appelé à des troubles civils de masse », une infraction pénale en vertu de l’article 41, partie 2, et de l’article 278, partie 3, du Code pénal du Kirghizstan. Deux autres DDH et journalistes, Aktilek Kaparov et Ayke Beyshekeeva, ont été condamnés à trois ans de liberté surveillée pour les mêmes charges. Les défenseur⸱ses des droits humains vont faire appel de cette décision.

Temirov Live est un média basé sur YouTube fondé en 2020 par Bolot Temirov, un défenseur des droits humains et journaliste qui se concentre sur les questions de corruption. Ayt Ayt Dese est un projet basé sur YouTube qui vise à populariser les questions relatives aux droits humains en interprétant et en publiant des chansons folkloriques sur des sujets liés aux droits humains, notamment sur des enquêtes de Temirov Live.

Le 10 octobre 2024, le tribunal du district de Leninskiy a condamné Makhabat Tazhibek Kyzy et Azamat Ishembekov à des peines d’emprisonnement pour « avoir appelé à des troubles civils de masse ». Makhabat Tazhibek Kyzy, directrice de Temirov Live et d’Ayt Ayt Dese, a été condamnée à six ans de prison, tandis qu’Azamat Ishembekov, DDH et akyn collaborant avec Ayt Ayt Dese, a été condamné à cinq ans de prison. En outre, la Cour a décidé que le tuteur légal et le lieu de résidence d’un fils de 12 ans de Makhabat Tazhibek Kyzy et du défenseur et journaliste Bolot Temirov, devaient être déterminés par les services sociaux de l’État kirghize.

La Cour a également condamné les DDH et journalistes Aktilek Kaparov et Ayke Beyshekeeva à trois ans de liberté surveillée. La liberté surveillée n’entraîne pas de peine de prison, mais limite la capacité des DDH à quitter le pays et impose un contrôle de l’État sur leur vie et leur travail. En cas de violation des mesures de la liberté surveillée, la Cour peut réexaminer le verdict et condamner les deux personnes à une peine de prison. Ces conditions limiteront la capacité des DDH à mener à bien leur travail en faveur des droits humains. Sept autres défenseur⸱ses des droits humains et journalistes ont été acquittés faute de preuves. L’audience s’est déroulée à huis clos, comme les précédentes, et seuls quelques journalistes ont reçu l’autorisation d’entendre le verdict.

Le 16 janvier 2024, les 11 journalistes et DDH ont été arrêtés, accusés d’avoir organisé des « appels à des troubles civils de masse », une infraction en vertu de la partie 2 de l’article 41 et de la partie 3 de l’article 278 du Code pénal du Kirghizstan. Le procès a débuté en juin 2024 et s’est déroulé à huis clos, et les journalistes n’ont pas été autorisés à enregistrer les audiences. De nombreuses personnes venues assister à l’audience n’ont pas pu entrer dans la salle d’audience en raison de sa taille limitée. Le président Sadyr Japarov a critiqué à plusieurs reprises Temirov Live et Ayt Ayt Dese, les qualifiant de « blogueurs » et de « journalistes sans qualifications professionnelles », les accusant de publier de manière irresponsable des informations qui menacent la sécurité nationale et alléguant qu’ils « reçoivent de l’argent pour cela ».

Front Line Defenders condamne fermement les peines de prison infligées à la journaliste et défenseuse des droits humains Makhabat Tazhibek Kyzy et au défenseur des droits humains et akyn Azamat Ishembekov. L’organisation condamne également la condamnation d’Aktilek Kaparov et d’Ayke Beyshekeeva à la liberté surveillée. Front Line Defenders considère ces condamnations comme des représailles contre le travail légitime et pacifique des défenseur·ses ; l’organisation considère que ce procès et ses conclusions ont un effet dissuasif sur le journalisme d’investigation indépendant au Kirghizstan, dans la lignée de l’attaque générale contre les médias de défense des droits humains.

Front Line Defenders demande instamment aux autorités kirghizes de ne pas exploiter le sort d’un mineur dans ce procès, car cela pourrait constituer un acte de représailles supplémentaire contre la défenseuse des droits humains Makhabat Tazhibek Kyzy. Front Line Defenders exhorte les autorités du Kirghizstan à abandonner immédiatement et sans condition toutes les charges contre les défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Makhabat Tazhibek Kyzy, Azamat Ishembekov et leurs collègues, et de mettre fin à l’acharnement judiciaire contre les journalistes qui défendent les droits humains dans le pays.