Menaces contre la journaliste Shamael Al-Noor
La défenseuse des droits humains et journaliste Shamael Al-Noor craint pour sa vie, sa liberté et son bien-être après avoir été publiquement critiquée par l'Imam Muhammad Ali Al-Jazouli dans son sermon du vendredi 17 février 2017 dans une mosquée du Soudan. L'imam, connu pour soutenir l'État Islamique (EI), accuse la défenseuse des droits humains d'hérésie et de blasphème, un crime passible de la peine de mort au Soudan, après avoir écrit une chronique intitulée "Obsédé par la vertu" dans laquelle elle critiquait l'EI et l'application de la Charia au Soudan.
Shamael Al-Noor est journaliste et travaille pour le journal Al-Tayyar au Soudan. Al-Tayyar est un quotidien indépendant soudanais fondé en 2009. Shamael Al-Noor écrit régulièrement pour Al-Tayyar, où elle critique l'extrémisme et promeut les droits humains. Elle travaille pour la promotion des droits des minorités au Soudan et dénonce les exactions perpétrées par l'EI. Shamael Al-Noor écrit à propos de son expérience de vie dans un État dirigé par la Charia et sur la façon dont l'application du droit islamique signifie que plus de temps est passé à promouvoir la vertu islamique au lieu de consacrer l'attention nécessaire aux droits fondamentaux et aux questions relatives à la santé, à l'éducation et au coût de la vie pour le peuple. Elle a récemment publié une chronique qui remet en question les enseignements de l'EI, ce qui a conduit plusieurs extrémistes soudanais, dont des journalistes soutenus par le gouvernement et des personnalités religieuses, à répondre publiquement par une campagne d'articles contre elle.
La défenseuse des droits humains et journaliste Shamael Al-Noor craint pour sa vie, sa liberté et son bien-être après avoir été publiquement critiquée par l'Imam Muhammad Ali Al-Jazouli dans son sermon du vendredi 17 février 2017 dans une mosquée du Soudan. L'imam, connu pour soutenir l'État Islamique (EI), accuse la défenseuse des droits humains d'hérésie et de blasphème, un crime passible de la peine de mort au Soudan, après avoir écrit une chronique intitulée "Obsédé par la vertu" dans laquelle elle critiquait l'EI et l'application de la Charia au Soudan.
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Le 17 février 2017, l'Imam Muhammad Ali Al-Jazouli a fait un sermon dans lequel il a promis que Shamael Al-Noor et Al-Tayyar seraient traduits en justice dans les jours à venir. La vidéo, qui peut être vue ici, a été postée le 18 février 2017 et elle identifie Shamael Al-Noor, dans le titre et dans le contenu, la taxant d'exemple de journaliste frivole qui critique les enseignements de l'Islam et doit donc être surveillée et poursuivie. Dans une autre vidéo postée en 2014, visible ici, l'imam Muhammad Ali Al-Jazouli justifie le meurtre de femmes et d'enfants dans la lutte contre les États-Unis et les "croisés".
Shamael Al-Noor a également été la cible d'une campagne publique orchestrée par un journaliste et ancien membre du National Congress Party, Al-Tayyeb Mustafa, qui est membre de la famille du président Omar Al-Bashir. Al-Tayyeb Mustafa a aussi appelé à ce que la défenseuse soit poursuivie pour hérésie et blasphème.
Le Code pénal de 1991 prévoit une peine de six mois de prison, la flagellation et/ou une amende pour le blasphème. En pratique une inculpation pour blasphème peut constituer une preuve d'apostasie, qui est passible de la peine de mort. Il y a de fortes craintes que Shamael Al-Noor soit attaquée par des partisans de l'EI en réponse aux accusations publiques qui affirment qu'elle "insulte l'Islam et commet un blasphème". La défenseuse a été informée que des groupes religieux extrémistes lui laissent jusqu'au 25 février 2017 pour se repentir et renier ses écrits, sinon "d'autres actions" seront engagées contre elle.
L'an dernier, plusieurs journalistes ont été attaqués à travers le Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour avoir fait part de leurs critiques à l'égard de l'EI et de l'extrémisme dans l'Islam. Le 25 septembre 2016, le dessinateur de presse jordanien Nahed Hattar a été assassiné par un membre présumé de l'EI, alors qu'il se rendait au tribunal à Amman en Jordanie.
Front Line Defenders est extrêmement inquiète pour la vie, la liberté et le bien-être de Shamael Al-Noor, qui sont en danger à cause de son travail légitime et pacifique pour la promotion des droits humains au Soudan.
Front Line Defenders exhorte les autorités de la République du Soudan à:
1. Garantir que Shamael Al-Noor soit protégée et autorisée à exercer sa liberté d'expression sans craindre d'interférence;
2. Garantir que ceux qui incitent à la violence contre les défenseur-ses des droits humains soient poursuivis;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Soudan puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.