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Recrudescence des menaces et des attaques contre les membres du Movimiento Rios Vivos.

Statut: 
Menaces et attaques
À propos de la situation

Depuis plusieurs semaines, il y a une recrudescence des attaques contre les membres du Movimiento Ríos Vivos, notamment sa porte-parole, Isabel Zuleta, et William de Jesus Gutierrez. De même, d'autres membres du mouvement ont dû quitter le pays en raison de menaces contre leur vie.

À propos du Movimiento Ríos Vivos

Movimiento Ríos Vivos Antioquia (MRVA)Le Movimiento Ríos Vivos (MRV) est un mouvement de défense des droits humains composé de 15 associations et de familles de l'ouest, du nord et de la sous-région du bas-Cauca à Antioquia, qui sont affectées par l'impact négatif sur l'environnement et les droits humains du projet hydroélectrique "Hidroituango".

 

3 Septembre 2019
Recrudescence des menaces et des attaques contre les membres du Movimiento Rios Vivos.

Depuis plusieurs semaines il y a une recrudescence des attaques contre les membres du Movimiento Ríos Vivos, notamment sa porte-parole, Isabel Zuleta, et William de Jesus Gutierrez. De même, d'autres membres du mouvement ont dû quitter le pays en raison de menaces contre leur vie.

Le Movimiento Ríos Vivos (MRV) est un mouvement de défense des droits humains composé de 15 associations et de familles de l'ouest, du nord et de la sous-région du bas-Cauca à Antioquia, qui sont affectées par l'impact négatif sur l'environnement et les droits humains du projet hydroélectrique "Hidroituango". Le projet en cours de construction sur la rivière Cauca est l'un des plus grands barrages en Amérique Latine. Il est mené par l'Empresa Públicas de Medellin - EPM, et affecte plus de 300 000 personnes dans 27 municipalités de la région. La région en question est depuis longtemps en proie à la violence et au conflit armé. Depuis 11 ans, le MRV dénonce l'impact négatif du projet Hidroituango ; les membres du mouvement et leur famille sont la cible de multiples violations de leurs droits, notamment de menaces de mort, de campagnes de diffamation, de criminalisation, d'intimidation et de meurtres. Le MRV est l'un des lauréats du prix national des droits humains en Colombie en 2018.

Au cours des dernières semaines, des gens ont contacté les proches d'Isabel Zuleta et ont posé des questions sur son passé et sa vie privée. La nièce de la défenseuse âgée de 12 ans a été attaquée verbalement à cause du travail de sa tante en faveur des droits humains. Depuis plusieurs semaines, Isabel Zuleta est donc contrainte de prendre ses distances avec sa famille. Par ailleurs, des fonctionnaires et des personnalités publiques d'Ituango l'ont insultée pour s'être "opposée au développement" et pour être une "mauvaise leader". Ce n'est pas la première fois qu'Isabel Zuleta est menacée à cause de son travail en faveur des droits humains. Elle a été victime de surveillance, de menaces de mort, de criminalisation et son matériel électronique a été piraté car elle dénonce le fait que les zones rurales soient négligées dans le processus de paix, la militarisation de ces territoires et le discours généralisé affirmant que les luttes sociales et environnementales entravent le processus de paix. Pour cette raison, elle bénéficie de mesures de protection accordées par l'Unidad Nacional de Protección, mais ces dernières s'avèrent insuffisantes pour garantir sa sécurité.

William de Jesus Gutierrez est président de l’Asociación de Pescadores Artesanales y Mineros de Puerto Valdivia dans la ville de Valdivia. Il a été choisi par le Movimiento Ríos Vivos pour diriger le comité technique du projet hydroélectrique Hidroituango, qui a pour but de produire un rapport technique sur la stabilité du projet. William de Jesus Gutierrez dénonce le lien entre le conflit armé et la construction du barrage d'Hidroituango depuis des années.

William de Jesus Gutierrez est directement affecté par le projet Hidroituango. En mai 2018, sa maison a été détruite par une avalanche causée par le projet. Il fait également l'objet de surveillance constante au cours des derniers mois, en particulier lorsqu'il se rend à Bogotá pour participer à des événements dans le cadre de son travail de défenseur des droits humains.

D'autres défenseur-ses membres du mouvement ont été délibérément exclus des recensements liés au méga-projet d'Ituango et ne sont pas autorisés à entrer dans le bureau du maire de Valdivia. De même, en raison de la criminalisation et des attaques sélectives récurrentes qui se sont intensifiées au cours des dernières années, la défenseuse des droits humains et vice-présidente du Movimiento Rios Vivos, Milena María Florez, a été contrainte de quitter le pays temporairement.

Bien que l'Unidad Nacional de Gestión del Riesgo y Desastres ait levé l'alerte rouge à Hidroituango en juillet 2019, déclarant que le projet est sûr pour les habitants des communautés avoisinantes, jusqu'à présent aucune autorité colombienne n'est certaine de la stabilité du projet. À plusieurs occasions, le MRV a demandé une analyse technique indépendante pour déterminer si le projet ne représente pas un risque pour les communautés. À ce jour, les autorités locales et nationales restent silencieuses à ce sujet. Le projet a été lancé sans consulter les communautés avoisinantes.

Front Line Defenders est préoccupée par les violations des droits humains relatives au projet Hidroituango et les risques concomitants qu'encourent les défenseur-ses des droits humains. De même, Front Line Defenders est préoccupée par la campagne de diffamation menée contre les membres du Movimiento Ríos Vivos, en particulier sa porte-parole, Isabel Zuleta, et réitère ses préoccupations concernant le harcèlement, les attaques et la criminalisation des membres du mouvement depuis plusieurs semaines.