Back to top

Procès du défenseur des droits humains Doros Polykarpou qui risque la prison

Statut: 
En procès
À propos de la situation

Le 15 octobre 2024, le tribunal du district de Nicosie à Chypre entendra l’affaire pénale intentée contre le défenseur des droits humains et lauréat du Prix Front Line Defenders 2024, Doros Polykarpou, qui est injustement accusé d’actes délictueux d’entrée illégale, d’insulte et d’agression à l’encontre de deux agents de sécurité au Centre de premier accueil de Pournara, lors d’une visite le 12 mars 2022. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à trois ans de prison.

À propos de Doros Polykarpou

Doros Polykarpou est un éminent défenseur des droits humains et membre fondateur de l’organisation non gouvernementale (ONG) KISA — Action pour l’égalité et le soutien, et contre le racisme. Il est expert en matière de migration, d’asile, de discrimination, de racisme et de traite des êtres humains à Chypre. Depuis plus de 27 ans, il s’emploie à défendre et à promouvoir les droits des personnes en déplacement et à lutter contre la discrimination et la xénophobie à Chypre. Les critiques ouvertes de Doros Polykarpou et KISA à propos des politiques et des pratiques de Chypre à l’égard des migrants et des réfugiés font d’eux les cibles ouvertes d’attaques violentes, d’actions en justice et de menaces, y compris des menaces de mort et des menaces contre la famille du défenseur.

14 Octobre 2024
Procès du défenseur des droits humains Doros Polykarpou qui risque la prison

Le 15 octobre 2024, le tribunal du district de Nicosie à Chypre entendra l’affaire pénale intentée contre le défenseur des droits humains et lauréat du Prix Front Line Defenders 2024, Doros Polykarpou, qui est injustement accusé d’actes délictueux d’entrée illégale, d’insulte et d’agression à l’encontre de deux agents de sécurité au Centre de premier accueil de Pournara, lors d’une visite le 12 mars 2022. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à trois ans de prison.

Download the Urgent Appeal

Doros Polykarpou est un éminent défenseur des droits humains et membre fondateur de l’organisation non gouvernementale (ONG) KISA — Action pour l’égalité et le soutien, et contre le racisme. Il est expert en matière de migration, d’asile, de discrimination, de racisme et de traite des êtres humains à Chypre. Depuis plus de 27 ans, il s’emploie à défendre et à promouvoir les droits des personnes en déplacement et à lutter contre la discrimination et la xénophobie à Chypre. Les critiques ouvertes de Doros Polykarpou et KISA à propos des politiques et des pratiques de Chypre à l’égard des migrants et des réfugiés font d’eux les cibles ouvertes d’attaques violentes, d’actions en justice et de menaces, y compris des menaces de mort et des menaces contre la famille du défenseur.

Le 15 octobre 2024, le défenseur des droits humains Doros Polykarpou sera jugé pour de fausses accusations de trouble, d’insulte publique, d’agression et d’entrée illégale en vertu des articles 95, 99, 242 et 280 du Code pénal chypriote (CAP 154). Ceci fait suite à un incident avec des agents de sécurité, le 12 mars 2022, au centre de premier accueil de Pournara dans le district de Nicosie, au cours duquel le défenseur des droits humains a été physiquement agressé. Bien qu’il ait déposé plainte auprès de la police le même jour, sa plainte n’a pas fait l’objet d’une enquête.

Le 18 août 2022, le défenseur a été notifié de l’acte d’accusation et a été cité à comparaître devant le tribunal du district de Nicosie le 7 décembre 2022. L’audience a été reportée deux fois depuis cette date. Selon l’acte d’accusation, Doros Polykarpou est accusé d’être entré illégalement dans le centre d’accueil (article 280), d’avoir attaqué violemment deux agents de sécurité (article 242), d’avoir insulté les deux agents de sécurité (article 99) et d’avoir troublé l’ordre public (article 95) en faisant du bruit dans un espace public.

Les événements qui ont conduit aux accusations contre lui se sont produit lors d’une visite de la défenseuse des droits humains Brigitte Espuche, coordinatrice de Migreurop à Chypre et de Doros Polykarpou au centre de premier accueil de Pournara. Migreurop est un réseau euro-africain d’organisations de défense des droits humains dont KISA est membre. Après avoir entendu les plaintes de nombreux demandeurs d’asile lors de sa mission concernant les conditions déplorables du centre, Brigitte Espuche a voulu visiter le centre pour se rendre compte par elle-même des conditions.

Le 12 mars 2022, Brigitte Espuche et Doros Polykarpou ont croisé un demandeur d’asile mineur sur le chemin du centre et l’y ont conduit. À leur arrivée, ils ont demandé à voir le responsable du centre à qui ils ont confié le mineur. Au moment de partir, un groupe de demandeurs d’asile s’est approché d’eux pour leur demander de l’aide et leur montrer les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivaient. Le groupe a guidé les deux DDH dans la « zone non officielle » du centre où des centaines de personnes vivent dans des tentes. Ils sont alors entrés par des portes non surveillées, utilisées par les demandeurs d’asile pour entrer et sortir du centre.

Alors que le groupe continuait à explorer la zone, plusieurs demandeurs d’asile du centre les ont avertis que les agents de sécurité avaient pris des photos d’eux. L’un des agents de sécurité s’est précipité sur Doros Polykarpou et lui a donné un coup dans le dos, lui demandant s’il se souvenait de lui. Lorsque le défenseur a réagi, l’agent de sécurité s’est mis à crier et l’a poussé à plusieurs reprises, malgré les avertissements de Doros Polykarpou qui lui demandait d’arrêter. Plusieurs autres gardes sont alors arrivés et les ont encerclés. Selon le défenseur, le garde l’a traité de « bâtard » et a proféré des menaces à caractère sexuel.

Une personne non identifiée s’est approchée du défenseur et lui a demandé son identité. Il a ensuite averti Doros Polykarpou qu’il ne devrait pas être là. Alors que les défenseur⸱ses des droits humains étaient escortés vers le poste de police du centre de premier accueil de Pournara, l’agent de sécurité a continué à s’en prendre physiquement à Doros Polykarpou par derrière, en le saisissant par le cou et en essayant de le faire trébucher.

Une fois arrivé au poste de police du centre, Doros Polykarpou a informé les policiers qu’il souhaitait porter plainte contre les agents de sécurité, qui les escortaient toujours, au sujet des agressions physiques et verbales. L’officier de police a conseillé au défenseur des droits de reconsidérer son intention de porter plainte contre les agents de sécurité, car ceux-ci avaient également porté plainte contre lui pour être entré illégalement dans le centre. Au bout d’un moment, les DDH ont été priés de quitter le poste de police du centre et de déposer leur plainte au poste de police local.

Doros Polykarpou a porté plainte au poste de police local le jour même, le 12 mars 2022, mais bien qu’il ait été physiquement agressé et menacé, sa plainte n’a jamais été traitée et le procureur général n’a engagé aucune poursuite contre l’agent de sécurité qui l’a attaqué. De plus, bien que Brigitte Espuche ait demandé de témoigner, elle n’a jamais été invitée à faire sa déclaration, et ni elle, ni plusieurs membres du personnel du centre, ni les demandeurs d’asile présents au moment de l’événement ne sont cités comme témoins dans l’affaire contre Doros Polykarpou. Tous les témoins cités dans l’acte d’accusation sont soit des policiers, soit des agents de sécurité en poste au centre d’accueil.

Le 22 octobre 2021, KISA a déposé une plainte contre le même agent de sécurité qui a agressé Doros Polykarpou, au nom de deux demandeuses d’asile. L’agent de sécurité avait employé une force excessive contre les femmes à l’entrée des services sociaux de Lakatamia, cassant la jambe de l’une d’entre elles. Lorsque l’officier de police qui a reçu les plaintes des deux migrantes n’a pas enquêté, Doros Polykarpou, en tant que représentant de KISA, a déposé une plainte contre l’officier de police auprès de l’Autorité indépendante chargée d’enquêter sur les allégations et les plaintes contre la police pour mauvaise conduite et manquement à son devoir.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par l’intimidation persistante et le ciblage de Doros Polykarpou et pense que les autorités chypriotes profitent de ce qui semble être une tentative de représailles de la part de l’agent de sécurité pour criminaliser davantage le défenseur des droits humains. L’organisation est particulièrement préoccupée par le fait que seule la plainte des agents de sécurité a été prise en compte alors que les plaintes déposées par Doros Polykarpou et un témoin clé ont été ignorées.

Front Line Defenders appelle les autorités chypriotes à :

  1. Abandonner toutes les poursuites pour délit à l’encontre du défenseur des droits humains ;
  2. Enquêter sur les plaintes de Doros Polykarpou contre les agents de sécurité et veiller à ce que tous les témoins pertinents, y compris Brigitte Espuche de Migreurop, témoignent ;
  3. Prévenir et enquêter sur toute nouvelle menace physique ou verbale, y compris par le biais des réseaux sociaux, à l’encontre de KISA et de son ancien directeur Doros Polykarpou ;
  4. Garantir qu’en toutes circonstances tous les défenseur⸱ses des droits humains puissent mener à bien leurs activités à Chypre sans crainte de représailles et sans aucune restriction, conformément aux obligations et engagements nationaux, régionaux et internationaux de Chypre en matière de droits humains.