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Le défenseur des droits humains Afzal Kohistani abattu pour avoir voulu que justice soit rendue dans des affaires de "crimes d'honneur"

Statut: 
Assassiné
À propos de la situation

Le 6 mars 2019, le défenseur des droits humains Afzal Kohistani a été abattu par des tireurs inconnus à Gami Ada, Abbotabad, dans la région du Kohistan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa.

À propos d'Afzal Kohistani

Afzal KohistaniAfzal Kohistani était défenseur des droits humains et militait contre les "crimes d'honneur", dans la région du Kohistan au Pakistan. Il jouait un rôle central pour réclamer justice pour l'assassinat de cinq jeunes femmes et trois jeunes hommes en 2012 et 2013.

14 Mars 2019
Le défenseur des droits humains Afzal Kohistani abattu pour avoir voulu que justice soit rendue dans des affaires de "crimes d'honneur"

Le 6 mars 2019, le défenseur des droits humains Afzal Kohistani a été abattu par des tireurs inconnus à Gami Ada, Abbotabad, dans la région du Kohistan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa.

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Afzal Kohistani était défenseur des droits humains et militait contre les "crimes d'honneur", dans la région du Kohistan au Pakistan. Il jouait un rôle central pour réclamer justice pour l'assassinat de cinq jeunes femmes et trois jeunes hommes en 2012 et 2013.

Les "crimes d'honneur" de 2012 et 2013 étaient liés à une vidéo qui est devenue virale après avoir été postée sur internet en 2012. La vidéo montrait cinq jeunes femmes en train de chanter et taper dans leurs mains tandis que deux jeunes hommes pratiquaient une danse traditionnelle pendant un mariage à Palas, une zone isolée du Kohistan. Mélanger les hommes et les femmes est considéré comme une violation grave des normes tribales au Kohistan, et ces jeunes ont été assassinés à cause du "déshonneur" qu'ils ont causé à leur famille et communauté.

Selon le défenseur, en 2012, le conseil du village, appelé jirga, a ordonné les assassinats des jeunes qui figuraient dans la vidéo. Les cinq jeunes femmes auraient été torturées et tuées le 30 mai 2012. L'un des jeunes hommes de la vidéo a été assassiné le 3 janvier 2013, mais le second jeune homme, Bin Yasir, a pris la fuite et se cache depuis plusieurs années et n'est réapparu qu'après l'assassinat d'Afzal Kohistani. Deux autres jeunes hommes, qui n'apparaissent pas dans la vidéo, ont été tués lors du même incident en janvier 2013, en représailles au plaidoyer du défenseur contre l'assassinat des jeunes femmes. Les quatre hommes sont les frères d'Afzal Kohistani.

Depuis ces assassinats, Afzal Kohistani a joué un rôle important pour exhorter les autorités à enquêter sur les crimes afin que les coupables soient traduits en justice. Son plaidoyer sur les "crimes d'honneur" de 2012 a suscité une importante vague d'indignation dans les médias contre ces assassinats, qui a poussé l'ex-président de la cour suprême du Pakistan, Iftikhar Chaudhary, à ordonner une mission d'enquête sur ces meurtres. Après l'échec de la mission d'enquête, qui n'a pas pu déterminer si oui ou non les meurtres avaient eu lieu, la Cour suprême a ordonné l'ouverture d'un Rapport de première information (FIR), enregistré au poste de police de Palas le 31 juillet 2018. Plusieurs suspects ont été arrêtés et ont avoué le meurtre des trois filles. 

Le 6 mars 2019, Afzal Kohistani se trouvait à Abbottabad où il devait assister à une audience sur les"crimes d'honneur", pendant laquelle il devait témoigner. Vers 20h10, des inconnus ont tiré à plusieurs reprises sur Afzal Kohistani. Les tireurs ont pris la fuite et le défenseur est décédé sur place. Lors de la fusillade, Afzal Kohistani était accompagné de son neveu, Faizur Rahman, qui l'accompagnait pour le protéger, car le défenseur avait reçu des menaces de mort. Depuis, la police a arrêté le neveu et l'a injustement accusé du meurtre d'Afzal Kohistani. Bin Yasir, l'unique survivant des jeunes de la vidéo, est réapparu pour protester contre l'arrestation de son parent, Faizur Rahman.

Avant son décès, Afzal Kohistani avait reçu de nombreuses menaces de mort pour avoir cherché à conduire les coupables en justice. Le défenseur et sa famille ont été contraints de quitter leur maison en 2012 et ils se cachaient depuis 7 ans. Quelques jours avant d'être tué, le défenseur avait écrit à l'inspecteur général adjoint de la police, à Hazara, pour lui demander une protection, mais il n'a jamais eu de réponse. L'ordre de la cour suprême de protéger le défenseur n'a pas non plus été respecté.

Au moment de son décès, le défenseur était le seul à subvenir aux besoins de sa propre famille, mais aussi de ses nièces et neveux et ses belles sœurs depuis l'assassinat de ses trois frères en 2013. Ces nombreuses personnes à charge, dont 18 enfants, sont désormais dans une situation encore plus vulnérable.

Front Line Defenders est préoccupée par la sécurité de Faizur Rahman, qui semble être injustement impliqué dans la fusillade et qui est toujours en garde à vue. Nous faisons également part de nos vives préoccupations concernant la sécurité du frère d'Afzal Kohistani, Bin Yasir.

Front Line Defenders condamne fermement les assassinats d'Afzal Kohistani et des membres de sa famille, qui semblent liés à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains, en particulier ses campagnes contre les "crimes d'honneur" au Kohistan.