Menaces et harcèlement contre des DDH qui réclament justice pour les crimes commis durant la dictature
Depuis un mois, les défenseur-ses des droits humains qui cherchent la vérité et la justice pour les crimes contre l'humanité perpétrés pendant la dictature militaire argentine sont menacés et victimes de harcèlement et de cambriolages.
Le 13 août 2016, six inconnus sont entrés dans le domicile de l'avocate en droits humains Mme Laura Figueroa à Tucuman et ont détruit ses effets personnels sans emporter d'objets de valeur. Le cambriolage a eu lieu alors que l'avocate assistait à une cérémonie lors de laquelle les restes d'un activiste disparu de force pendant la dictature ont été rendus à sa famille.
Laura Figueroa est la représentante légale de l'Asociación de Familiares de Desaparecidos de Tucumán (Association des proches des disparus de Tucumán) et travaille avec les proches des disparus qui étaient détenus dans le centre de détention clandestin de "Pozo de Vargas". C'est la troisième fois que Laura Figueroa est cambriolée depuis qu'elle a commencé à demander justice pour les disparus, il y a 14 ans.
Depuis un mois, les défenseur-ses des droits humains qui cherchent la vérité et la justice pour les crimes contre l'humanité perpétrés pendant la dictature militaire argentine sont menacés et victimes de harcèlement et de cambriolages.
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Le 13 août 2016, six inconnus sont entrés dans le domicile de l'avocate en droits humains Mme Laura Figueroa à Tucuman et ont détruit ses effets personnels sans emporter d'objets de valeur. Le cambriolage a eu lieu alors que l'avocate assistait à une cérémonie lors de laquelle les restes d'un activiste disparu de force pendant la dictature ont été rendus à sa famille. Laura Figueroa est la représentante légale de l'Asociación de Familiares de Desaparecidos de Tucumán (Association des proches des disparus de Tucumán) et travaille avec les proches des disparus qui étaient détenus dans le centre de détention clandestin de "Pozo de Vargas". C'est la troisième fois que Laura Figueroa est cambriolée depuis qu'elle a commencé à demander justice pour les disparus, il y a 14 ans.
Le même jour, deux défenseuses des droits humains de Catamarca, témoins dans des affaires de crimes contre l'humanité commis pendant la dictature, ont été intimidées. L'une a reçu plusieurs appels téléphoniques menaçants sur son téléphone portable tandis que l'autre a été suivie par un véhicule inconnu depuis chez elle jusqu'à un lieu où elle a retrouvé les proches de disparus pour commémorer leur décès. Les noms des défenseuses n'ont pas été communiqués pour des raisons de sécurité.
Le 3 août 2016, l'avocat en droits humains M. César Sivo a assisté à une audience dans le cadre de l'affaire de M. Gustavo Modesto Demarchi. Les procédures contre l'accusé pour crime contre l'humanité ont été ouvertes sur la base d'une plainte déposée par le défenseur. Les charges sont liées à son implication présumée à la tête d'un groupe paramilitaire responsable de disparitions forcées et d'assassinats de dissidents pendant la dictature. Gustavo Modesto Demarchi , ancien procureur fédéral qui demeure une personnalité influente dans les affaires locales, a déclaré au tribunal que ceux qui avaient porté ces accusations "auraient des problèmes". Avant cela, en juillet 2016, une personne qui a dit être l'avocat de M. Demarchi, a contacté un ami de César Sivo afin qu'il fasse passer au défenseur le message suivant "il devrait commencer à se faire des soucis". Ces menaces sont les dernières proférées dans ce qui apparait comme une campagne de diffamation contre César Sivo, et dirigée principalement par la chaine d'information "Noticias y Protagonistas"; cette chaine a publié des photos du domicile du défenseur et son adresse, ce qui suscite des craintes quant à une possible agression. Dans le passé, les campagnes de diffamation, les menaces et les agressions se sont intensifiées lors des moments clés des procès pour crimes contre l'humanité et dans lesquels César Sivo jouait un rôle important. Des proches du défenseur des droits humains ont été harcelés sur les réseaux sociaux et à deux reprises des inconnus ont pénétré par effraction, fouillé et pris des informations confidentielles dans le cabinet d'avocat de sa femme.
Entre 1976 et 1983, plusieurs juntes militaires répressives ont dirigé l'Argentine, entrainant la disparition de plus de 30 000 personnes; les étudiants, leaders syndicaux, dissidents politiques et défenseur-ses des droits humains ont été les plus lourdement ciblés. Juin 2015 a connu l'un des moments clés pour la vérité et la justice, lorsque la Cour suprême de justice a décrété que les deux principales lois qui empêchaient les poursuites pour les crimes commis pendant la dictature étaient inconstitutionnelles. Les défenseur-ses des droits humains, ainsi que les associations de survivants et de proches de victimes, ont alors pris la tête du combat pour connaitre la vérité et obtenir justice.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par les agressions et les menaces contre les défenseur-ses des droits humains Laura Figueroa et César Sivo et leurs proches, car tout cela semble directement lié à leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. Front Line Defenders fait également part de ses inquiétudes concernant les menaces et actes de harcèlement contre les défenseur-ses des droits humains qui recherchent la vérité et intentent des poursuites en justice pour les crimes contre l'humanité en Argentine.
Front Line Defenders exhorte les autorités argentines à:
1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les actes d'intimidation contre Laura Figueroa, César Sivo et leurs proches, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;
2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de Laura Figueroa et César Sivo, ainsi que de leur famille, en accord avec les défenseur-ses;
3. Garantir que tous les défenseur-ses des droits humains en Argentine qui cherchent à connaitre la vérité et à obtenir justice dans des affaires de crime contre l'humanité, puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.