Aucune enquête adaptée ouverte sur les menaces contre les défenseur-ses des droits humains
Le 28 janvier 2017, le procureur de la Cour suprême de Justice d'Uruguay, Jorge Díaz, a reçu un e-mail d'un groupe appelé “Comando Gral. Pedro Barneix”. Dans cet e-mail, le groupe proférait des menaces de mort contre 13 personnes: un représentant de l'État, deux juges et dix défenseur-ses des droits humains qui travaillent sur des affaires relatives aux atrocités de masses perpétrées pendant la dictature en Uruguay. Un an s'est écoulé, mais l'enquête n'a pas encore donné de résultats, en dépit des plaintes déposées par les personnes visées par ces menaces.
Le Dr. Pablo Chargoñia est avocat spécialisé dans les affaires de terrorisme d'État; il travaille sur des affaires judiciaires relatives à des crimes contre l'humanité et soutient les victimes depuis 2000. En Uruguay, l'impunité persiste pour les graves exactions perpétrées pendant la dictature (1973-1985), en partie à cause des services de renseignements militaires qui protègent les coupables de ces crimes. Depuis plusieurs années, Pablo est menacé à cause de son travail. En février 2017, le groupe autoproclamé "Comando Barneix" a menacé de tuer 13 personnes et DDH, dont le Dr Chargoñia. L'affaire a suscité les inquiétudes de la Commission interaméricaine des droits humains. Le système judiciaire uruguayen n'a pas été capable d'identifier les coupables des menaces et l'État n'a adopté aucune mesure de protection pour ces défenseur-ses des droits humains. Le Dr Pablo Chargoñia est membre de l'Observatorio "Luz Ibarburu", un réseau d'organisations sociales Uruguayennes dont le but est de promouvoir les affaires criminelles pour les violations des droits humains perpétrées pendant la dictature, et de diffuser des informations à leur propos.
Le 28 janvier 2017, le procureur de la Cour suprême de Justice d'Uruguay, Jorge Díaz, a reçu un e-mail d'un groupe appelé “Comando Gral. Pedro Barneix”. Dans cet e-mail, le groupe proférait des menaces de mort contre 13 personnes: un représentant de l'État, deux juges et dix défenseur-ses des droits humains qui travaillent sur des affaires relatives aux atrocités de masses perpétrées pendant la dictature en Uruguay. Un an s'est écoulé, mais l'enquête n'a pas encore donné de résultats, en dépit des plaintes déposées par les personnes visées par ces menaces.
Pablo Chargoñia, Louis Joinet, Jair Kirshke, Belela Herrera et Francesca Lessa font partie des personnes menacées de mort et sont défenseur-ses des droits humains de l'observatoire Observatorio Luz Ibarburu, une organisation qui suit et soutient les plaintes relatives aux violations des droits humains perpétrées pendant la dictature, et qui plaide pour qu'elles soient correctement traitées. Juan Errandonea, Óscar López Goldaracena, Federico Álvarez Petraglia, Juan Fagúndez, et Hebe Martínez Burlé ont également été menacés de mort et représentent indépendamment les victimes de violations des droits humains dans des affaires de torture, abus sexuels et exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu pendant la dictature en Uruguay. Le ministre uruguayen de la Défense, Jorge Menéndez, le Procureur de la Cour suprême de justice, Jorge Díaz, et la directrice de l'Institut national des droits humains en Uruguay, Mirtha Guianze, qui en tant que procureur a interjeté appel pour remettre en cause la loi d'amnistie pour les meurtres commis pendant la dictature, ont également été menacés.
Les menaces de mort ont été envoyées par e-mail et déclaraient que "le suicide du Général Pedro Barneix ne restera pas impuni". Le Général Pedro Barneix, nommé pour enquêter sur les détentions et les disparitions pendant la dictature, s'est suicidé le 2 septembre 2015. Le procureur de la Cour, Jorge Díaz, l'une des personnes ayant reçu deux e-mails de menaces, a indiqué que les menaces disaient: "Aucun autre suicide ou poursuites abusives seront tolérés. À partir de maintenant, pour chaque suicide, nous tuerons trois personnes choisies au hasard dans la liste suivante". Les messages ont été envoyés par le biais de la plateforme technologique TOR, ce qui complique les recherches pour tracer ces messages, car ils passent par plusieurs serveurs situés dans différents pays.
Bien qu'un an se soit écoulé, le gouvernement uruguayen n'a donné aucune information indiquant où en est l'enquête sur ces menaces ou sur les coupables. En outre, les enquêtes sont limitées et insuffisantes et plus important encore, l'État n'a pris aucune mesure pour protéger les personnes ayant reçu les menaces de mort.
Francesca Lessa a quitté l'Uruguay car il n'y avait aucune mesure de protection pour garantir sa sécurité personnelle pour qu'elle puisse poursuivre son travail dans le pays.
De nombreuses organisations nationales et internationales ont condamné ces menaces de mort. Le 1er mars 2017, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a fait part de ses préoccupations dans un communiqué de presse et a exhorté l'Uruguay à adopter des mesures urgentes pour garantir leur sécurité. En outre, le 25 mai 2017, la CIDH a organisé une audition publique pour parler des menaces et de la justice en Uruguay, mais la délégation uruguayenne n'a pas assisté à cette rencontre. La CIDH estime que l'absence de la délégation uruguayenne est "inquiétante".
Il y a une nouvelle tendance préoccupante qui consiste à menacer de mort les défenseur-ses qui travaillent sur des affaires liées aux graves exactions perpétrées pendant la dictature en Uruguay. En 2016, des inconnus ont volé des informations et des preuves au Grupo de Investigación en Antropología Forense de la Universidad de la República (groupe d'investigation en anthropologie de médecine légale de l'Université de la République). Le groupe de recherche effectue des exhumations de corps de détenus et de victimes de disparitions forcées pendant la dictature. Le groupe d'anthropologues qui travaille à l'université a également reçu des menaces de mort. En outre, en octobre 2017, des inconnus ont tenté au mois deux fois d'accéder à des zones où les anthropologues avaient exhumé des corps de personnes disparues de force au Bataillon 13 et au groupe n°1 d'artillerie anti-aérienne. En outre, le 18 novembre 2017, Jorge Díaz a reçu d'autres menaces de mort d'un groupe appelé “Comando de Restauración Nacional.” Ils l'ont appelé et ont dit "tu vas mourir dans la rue". Les autorités uruguayennes n'ont pas convenablement enquêté sur ces incidents ni sanctionné les coupables.
Front Line Defenders condamne les menaces de mort proférées contre les défenseur-ses des droits humains et les représentants de la justice en Uruguay. En outre, Front Line Defenders est préoccupée par le climat d'impunité et l'absence d'environnement sûr pour les défenseur-ses des droits humains qui travaillent sur des affaires liées aux atrocités massives perpétrées pendant la dictature en Uruguay.
Front Line Defenders exhorte les autorités d'Uruguay à:
1. Prendre les mesures nécessaires, en accord avec les défenseur-ses des droits humains pour garantir l'intégrité physique et psychologique de Pablo Chargoñia, Louis Joinet, Jair Kirshke, Belela Herrera, Francesca Lessa, Juan Errandonea, Óscar López Goldaracena, Federico Álvarez Petraglia, Juan Fagúndez, Hebe Martínez Burlé, Jorge Menéndez, Jorge Díaz et Mirtha Guianze;
2. Ouvrir immédiatement une enquête minutieuse et impartiale sur les menaces de mort proférées contre Pablo Chargoñia, Louis Joinet, Jair Kirshke, Belela Herrera, Francesca Lessa, Juan Errandonea, Óscar López Goldaracena, Federico Álvarez Petraglia, Juan Fagúndez, Hebe Martínez Burlé, Jorge Menéndez, Jorge Díaz et Mirtha Guianze, dans le but de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Uruguay puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.