Détention du défenseur de l’environnement Ilham Mahmudi

Le 9 mai 2024, le défenseur des droits humains Ilham Mahmudi a reçu une lettre prolongeant sa détention à la suite de son arrestation le 18 avril 2024 par la police de Langkat. La lettre était adressée par le parquet qui acceptait de prolonger sa détention de 40 jours.

Download the Urgent Appeal

Ilham Mahmudi est un défenseur des droits humains et de l’environnement basé dans la province de Sumatra Nord en Indonésie. Ilham Mahmudi œuvre pour la protection des forêts de mangroves de Langkat qui souffrent de l’exploitation illégale par les entreprises de palmiers à huile, y compris dans son village. Il était le chef du hameau II (Kadus) dans le village de Kwala Langkat (district de Tanjung Pura, kabupaten de Langat, province de Sumatra Nord), mais il a été temporairement suspendu pour avoir prétendument refusé de signer une lettre d’achat-vente des terres forestières du village qui devaient être converties en plantations de palmiers à huile.

Le 18 avril 2024, Ilham Mahmudi a été arrêté, tiré de force et placé dans le coffre d’une voiture, les mains attachées, par la police de Langkat Resort, sans qu’aucun mandat d’arrêt n’ait été présenté. Selon le chef de l’unité d’enquête criminelle de la police de Langkat, Ilham a été accusé en vertu de l’article 170 du Code pénal pour avoir détruit des maisons et des baraquements dans les zones forestières protégées.

En février 2024, Ilham Mahmudi et les habitants du village ont signalé aux autorités qu’une pelleteuse détruisait les zones de mangrove dans les zones forestières protégées figurant sur la carte d’inauguration des zones forestières protégées conformément au décret numéro SK.6609/MenLHK-PKTL/KUH/PLA/2/10/20 221 du ministre de l’Environnement et des forêts de la République d’Indonésie. Jusqu’à présent, seule une pelleteuse a été saisie avec succès par la police régionale de Sumatra Nord depuis que les villageois ont signalé les activités aux autorités. Au cours de cette période, des villageois ont déclaré avoir reçu des menaces de la part de certains villageois qui collaborent avec des sociétés de palmiers à huile visant à développer des plantations dans les forêts de mangrove de Kwala Langkat. Des policiers impliqués se seraient rendu à plusieurs reprises dans le village pour dire aux villageois de cesser de s’opposer aux dommages environnementaux causés par les activités de l’entreprise.

Le 31 janvier 2024, Ilham Mahmudi a été temporairement suspendu pour s’être opposé à la vente des terres alors qu’il était à la tête du hameau depuis huit ans. Le défenseur des droits humains a également été menacé par un complice des entreprises de palmiers à huile, qui lui a dit « si vous ne signez pas l’accord d’achat-vente des terres, vous serez relevé de vos fonctions. » Plus tard dans l’après-midi, le chef du village de Kwala Langkat écrit la lettre pour suspendre Ilham. Le défenseur n’a reçu aucun salaire depuis janvier 2024. La vente et l’achat de terres ont eu lieu entre des résidents et des individus qui feraient partie d’un réseau mafieux soupçonné de vouloir contrôler la forêt (coutumière) du village. Le terrain faisant l’objet de l’échange est d’une superficie d’environ 5 hectares, mais la lettre indique qu’il s’agit d’une superficie d’environ 7 hectares.

Front Line Defenders condamne fermement l’arrestation et la prolongation de la détention du défenseur de l’environnement Ilham Mahmudi, et s’inquiète d’une tentative plus large visant à cibler et intimider les défenseurs du droit à la terre et de l’environnement impliqués dans la protection des forêts de mangroves à Langkat.

Front Line Defenders exhorte les autorités indonésiennes compétentes à :

• Libérer immédiatement et sans condition Ilham Mahmudi et abandonner toutes les charges retenues contre lui ;
• Cesser immédiatement toute autre forme de harcèlement, y compris l’intimidation, à l’encontre des défenseur⸱ses des droits humains et des villageois de Langkat.
• Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur·ses des droits humains en Indonésie puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre de représailles.