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Antécédents de l'affaire: Spravedlivost

Statut: 
Harcèlement
À propos de la situation

Le 9 juin 2016, des représentants de l'organisation de défense des droits humains Spravedlivost (Justice), basée à Jalal-Abad, ont été interrogés par des policiers en charge des crimes de terrorisme et d'extrémisme, à propos de l'assistance juridique qu'ils apportent à des citoyens de la rue Lénine à Jalal-Abad. 

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À propos de Spravedlivost

Spravedlivost logoL'organisation régionale Spravedlivost (Justice), a été fondée en 1994 dans la région frontalière de Jalal-Abad entre le Kirghizstan et l'Ouzbékistan, où la population est composée de kirghizes et ouzbèks.  Tout comme d'autres régions du sud du Kirghizstan, Jalal-Abad a été confrontée à une vague de violentes émeutes ethniques entre ces groupes en 2010. Spravedlivost œuvre pour préserver l'état de droit et l'égalité ethnique en apportant une assistance juridique aux populations locales, notamment aux minorités ethniques, en enquêtant sur des allégations de torture et en surveillant les centres de détention. Depuis janvier 2016, les avocats de Spravedlivost offrent des consultations juridiques à la population de Jalal-Abad dans le cadre du projet soutenu par les Nations Unies "Promotion de l'accès à la justice par le biais de l'assistance juridique aux groupes vulnérables de la population". La défenseuse des droits humains Mme Valentina Gritsenko est l'actuelle directrice de l'organisation.

16 Juin 2016
Harcèlement de l'organisation de défense des droits humains Spravedlivost et de ses avocats

Le 9 juin 2016, des représentants de l'organisation de défense des droits humains Spravedlivost (Justice), basée à Jalal-Abad, ont été interrogés par des policiers en charge des crimes de terrorisme et d'extrémisme, à propos de l'assistance juridique qu'ils apportent à des citoyens de la rue Lénine à Jalal-Abad.

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Un conflit entre les citoyens de Jalal-Abad et l'administration municipale a éclaté le 19 janvier 2016, lorsque cette dernière a émis un ordre d'expulsion obligatoire des résidents afin d'élargir la rue Lénine. Les habitants estiment que le dédommagement proposé par l'administration municipale pour les expropriations n'est pas adapté et ils ont rejeté les conditions de l'expulsion. En représailles, l'administration de Jalal-Abad a commencé à démolir les propriétés sans l'autorisation du tribunal. Actuellement, près de 152 personnes sont sur le point d'être expulsées de force. Toutes ces personnes sont de nationalité ouzbèke et appartiennent donc à une minorité ethnique au Kirghizstan.

Le 9 juin 2016, deux policiers du 10e département de police de la ville de Jalal-Abad, en charge des crimes de terrorisme et d'extrémisme, se sont rendus dans les bureaux de Spravedlivost. Ils ont expliqué avoir reçu une plainte anonyme qui affirme que Spravedlivost déstabilise la situation dans le pays, en incitant à la haine inter ethnique et en interférant dans les affaires de l'administration municipale. Cependant, ils ont refusé de révéler l'origine de la plainte. Les policiers ont alors interrogé Valentina Gritsenko à propos de Spravedlivost et de son implication dans le conflit entre l'administration de Jalal-Abad et les habitants de la rue Lénine. L'organisation a répondu par écrit aux questions des policiers. Après avoir mis en garde Valentina Gritsenko contre toute interférence politique et incitation à la haine inter ethnique entre les habitants de la rue Lénine en majorité ouzbèks et la population kirghize de la ville, les policiers sont partis.

Le 2 juin 2016, pendant une réunion avec le responsable du Département de la gestion des biens municipaux dans le bureau du maire de la ville, des agents de sécurité de l'État ont menacé les représentants de Spravedlivost. Les policiers n'ont pas présenté leur plaque d'identification et ont commencé à poser des questions aux avocats de l'organisation à propos de l'aide juridique qu'ils apportent aux habitants de la rue Lénine ainsi qu'à propos des sources de financement de Spravedlivost. Les policiers ont recommandé à l'organisation de faire attention à ce qu'elle fait.

Plus tôt le même jour, alors qu'ils surveillaient la démolition des bâtiments de la rue Lénine, les avocats de Spravedlivost ont été menacés par des officiers du comité pour la sureté de l'État, qui les ont accusés d'incitation à dissension inter ethnique et de provoquer un conflit entre les autorités de Jalal-Abad et les habitants. Les accusations portées par les agents de sécurité suscitent de vives préoccupations parmi les représentants de Spravedlivost compte tenu de la situation fragile dans la région et des tensions entre la population ouzbèke et kirghize. En juin 2010, ces tensions avaient conduit à de violents affrontements ethniques dans la ville d'Osh. Les policiers ont dit aux avocats qu'ils seraient convoqués à un interrogatoire.

En outre, depuis le début du conflit, les chaines de télévision et les agences de presse publiques propagent une image négative de Spravedlivost. La pression sur l'organisation s'accentue depuis que les avocats de Spravedlivost ont porté plainte devant la cour contre le refus du maire de Jalal-Abad de les laisser accéder à tous les documents relatifs aux habitants de la rue Lénine et à la saisie de leurs propriétés foncières.

Front Line Defenders condamne le harcèlement de l'organisation Spravedlivost et de ses avocats, qui semble directement lié à leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains dans la ville de Jalal-Abad. 

Front Line Defenders exhorte les autorités du Kirghizstan à:

1. Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre l'organisation Spravedlivost, basée à Jalal-Abad, et ses avocats, car Front Line Defenders pense qu'ils sont pris pour cible uniquement à cause du leur travail légitime et pacifique pour la défense des droits humains au Kirghizstan;

2. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Kirghizstan puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.