Antécédents de l'affaire: Obert Chinhamo

Dans la matinée du 4 avril 2016, le défenseur des droits humains M. Obert Chinhamo se rendait chez lui à Kwekwe lorsqu'il s'est aperçu qu'il était suivi par des véhicules inconnus. Les véhicules l'ont doublé et lui ont barré la route, le forçant à s'arrêter. Cet incident fait suite à une série de menaces et intimidation proférées contre le défenseur des droits humains.

Obert Chinhamo est directeur de programme de l'Anti-Corruption Trust of Southern Africa - ACT-Southern Africa (Fondation contre la corruption dans le sud de l'Afrique), une ONG fondée en 2004 pour lutter contre l'impunité dans le sud de l'Afrique. L'organisation milite pour la responsabilité et la transparence, et plaide activement en faveur des droits économiques et sociaux. La mission d'ACT-Southern Africa est de parvenir à la bonne gouvernance et aux droits humains dans le sud de l'Afrique par le biais du plaidoyer contre la corruption et la réforme du droit, l'autonomisation des communautés, la recherche et le développement ainsi que le renforcement des capacités. En tant que directeur des programmes, Obert Chinhamo est également responsable du développement des programmes et de l'autonomisation des communautés afin qu'elles surveillent, signalent et agissent contre l'impunité et la mauvaise gouvernance.

Un autre véhicule qui n'a pas été identifié a intercepté Obert Chinhamo ce qui l'a forcé à s'arrêter. Quatre hommes sont sortis de ce véhicule inconnu et se sont approchés de la voiture du défenseur. Obert Chinhamo a décidé de quitter la voiture alors que le moteur tournait encore et il a pris la fuite. Plus tard, il a constaté que les quatre hommes n'avaient pas volé sa voiture, ni volé d'argent, mais qu'ils avaient détruit la voiture après avoir emporté son ordinateur portable, son disque dur externe, un appareil photo et des documents; il pense donc que cet incident est lié à son travail en faveur des droits humains.

Il a signalé cet incident au poste de police central de Kwekwe, mais à ce jour, aucun suspect n'a été arrêté ni interrogé. Cette agression a été perpétrée après la publication d'un rapport de l'ACT-Southern Africa, qui mettait à jour la corruption présumée de plusieurs hauts responsables de la police au sein des forces de police du district de Kwekwe. En mars 2016, six hauts responsables ont été transférés hors du district en attendant une action disciplinaire. ACT-Southern Africa travaille sur de nombreuses autres affaires ayant conduit à l'arrestation de procureurs et autres hauts fonctionnaires. Il semble que cela soit la cause du harcèlement qu'il subit.

Avant cette attaque, le défenseur avait remarqué des véhicules suspects devant chez lui et devant les bureaux d'ACT- Southern Africa. L'attaque fait également suite à de précédentes menaces et actes d'intimidation contre le défenseur des droits humains. En janvier 2016, une réunion contre la corruption organisée par l'ACT-Southern Africa, dans la province de Midland, a été interdite par la police du Zimbabwe et par le bureau de l'administrateur du district, qui ont dit au défenseur de "ne pas mettre un pied sur ce terrain ou il serait arrêté".

Le 13 août 2015 et le 24 juillet 2015, des inconnus se sont rendus chez le défenseur et ont menacé de le tuer ou de le faire disparaitre.

Front Line Defenders est préoccupée par les actes d'intimidation contre le défenseur des droits humains Obert Chinhamo, ainsi que par les précédents actes d'intimidation et menaces qui semblent destinés à l'empêcher de mener à bien son travail de plaidoyer en faveur de la bonne gouvernance au Zimbabwe.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Zimbabwe à:

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les actes d'intimidation perpétrés contre le défenseur, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité d'Obert Chinhamo, sa famille et tous les membres d'ACT-Southern Africa;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Zimbabwe puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.