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Anouar Rahmani accusé à cause d'un roman de fiction

Statut: 
Accusé
À propos de la situation

Le défenseur Anouar Rahmani attend la décision du procureur général après avoir été interrogé par plusieurs policiers le 27 février. Les officiers accusent le défenseur d'avoir insulté Dieu et de se moquer de la religion dans un roman qu'il a publié l'an dernier, intitulé "La ville des ombres blanches". Le roman parle de la tolérance, de l'histoire et d'amour après la révolution française, et il fait référence à un vieil homme qui pense être Dieu. Cet incident est préoccupant car c'est la première fois que le gouvernement algérien tente d'interdire un roman en utilisant le système judiciaire. Ces accusations sont passibles de 10 ans de prison.

À propos d'Anouar Rahmani

Anouar RahmaniAnouar Rahmani est un défenseur des droits humains algérien et blogueur indépendant qui exprime ses opinions sur son blog à propos de la liberté d'expression, de la liberté de conscience, l'environnement et les droits des minorités et des personnes LGBT en Algérie. Dans ses écrits, il plaide pour plus de libertés individuelles dans le pays, pour une coexistence pacifique et pour la tolérance au sein de la société algérienne. C'est aussi le premier militant algérien qui a publiquement appelé à la reconnaissance juridique du mariage entre personnes du même sexe en Algérie.

7 Mars 2017
Anouar Rahmani accusé à cause d'un roman de fiction

Le défenseur Anouar Rahmani attend la décision du procureur général après avoir été interrogé par plusieurs policiers le 27 février. Les officiers accusent le défenseur d'avoir insulté Dieu et de se moquer de la religion dans un roman qu'il a publié l'an dernier, intitulé "La ville des ombres blanches". Le roman parle de la tolérance, de l'histoire et d'amour après la révolution française, et il fait référence à un vieil homme qui pense être Dieu. Cet incident est préoccupant car c'est la première fois que le gouvernement algérien tente d'interdire un roman en utilisant le système judiciaire. Ces accusations sont passibles de 10 ans de prison.

Anouar Rahmani a été interrogé pendant plusieurs heures dans la matinée du 27 février par sept policiers en Algérie. Trois jours plus tôt, le défenseur avait reçu une convocation de la police algérienne lui demandant de se présenter au poste de police. Les principales questions posées à Anouar dans cette enquête étaient liées à une section de son roman, "La ville des ombres blanches", qui fait référence à un vieux sans abris qui pense être Dieu. Les policiers ont accusé Anouar d'avoir insulté Dieu et de se moquer de la religion. Le défenseur des droits humains a également été interrogé à propos de ses autres écrits, en particulier ceux publiés dans le journal El Watan, qui remettent en question les normes sociétales et encouragent les principes d'égalité, de liberté d'expression et d'opinion, les droits des femmes et les droits des minorités en Algérie.

Pendant l'enquête, les policiers ont demandé plusieurs fois en quelle religion il croit. Ils lui ont également posé des questions à propos de sa famille et de son statut marital. Le défenseur a ensuite été accusé de tenter d'éviter le service civil. À la fin de l'interrogatoire, les policiers ont refusé de lui donner une copie des notes de l'interrogatoire qu'il a signées, et qu'elles seront envoyées au procureur général. Ils lui ont aussi dit qu'il devrait comparaitre devant un juge militaire dimanche 5 mars pour expliquer pourquoi il n'avait pas encore effectuer son service civil. Anouar est actuellement étudiant, et ce n'est pas encore le moment d'effectuer son service civil

Anouar attend des nouvelles du parquet dans les semaines à venir, pour savoir si une affaire va être ouverte contre lui à cause de son roman. Selon le défenseur, les intentions qui se cachent derrière sa convocation et l'interrogatoire vont au-delà de ses écrits personnels et représentent une occasion pour les autorités algériennes de créer un précédent qui restreindra les écrits créatifs qui invitent à la réflexion et promeut notamment les droits des femmes et des minorités.

L'an dernier, le 20 mai 2016, le défenseur avait reçu des menaces de mort l'accusant de déformer le Coran, de blasphème et d'apostasie. Durant les jours suivants, il a été menacé d'enlèvement, de mort et d'expulsion de l'université par des leaders religieux et des étudiants du centre universitaire de Tipaza. Les autorités algériennes auraient ouvert une enquête sur les allégations de menaces de mort ainsi que sur le blasphème. Le défenseur n'a pas été informé personnellement de cela et il n'y a toujours pas eu de suite.

Front Line Defenders condamne l'acharnement judiciaire dont Anouar Rahmani est victime à cause de son roman et fait part de ses profondes inquiétudes concernant un potentiel procès qui créerait un précédent contre la liberté d'expression en Algérie.

Front Line Defenders exhorte les autorités algériennes à:

1. Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre Anouar Rahmani et abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui;

2. Prendre immédiatement les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité du défenseur des droits humains Anouar Rahmani;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Algérie puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.