Ana Adlerstein placée en détention, criminalisée et harcelée par des agents de l'immigration à la frontière américano-mexicaine

Le 5 mai 2019, Ana Adlerstein a été arrêtée par des agents de l'immigration des États-Unis alors qu'elle accompagnait un demandeur d'asile transgenre à Lukeville, en Arizona. La défenseuse a été détenue au secret pendant plus de quatre heures, pendant lesquelles elle a été harcelée et intimidée.

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Ana Adlerstein est journaliste et défenseuse des droits humains ; elle travaille sur les droits des migrants. Elle est membre du Network on Humanitarian Action, un réseau universitaire international créé pour promouvoir le renforcement des capacités et favoriser l'engagement sur les questions humanitaires ; elle travaille aussi avec des communautés d'immigrants et de réfugiés aux États-Unis, en Grèce et au Mexique. Elle couvre également les questions liées aux droits humains et à la migration pour l'organisation indépendante à but non lucratif basée aux États-Unis NPR et pour The Guardian.

Le 5 mai 2019, vers 17 heures, Ana Adlerstein a été arrêtée par un agent armé du service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) au port d'entrée de Lukeville, à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. La défenseuse des droits humains accompagnait un demandeur d’asile transgenre d’Amérique centrale qui n'avait pas été autorisé à entrer aux États-Unis et qui a été victime de violences verbales. Ana Adlerstein a été arrêtée car elle serait sous le coup d'une enquête de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) qui l'accuse d'être "passeuse clandestine".

Pendant sa détention, les agents de l'ICE l'ont accusée d'être une trafiquante d'être humains. Elle s'est vu refuser l'accès à un avocat, même après avoir présenté une lettre de son avocat de l'American Civil Liberties Union -ACLU (Union américaine des libertés civiles -ACLU) confirmant sa citoyenneté américaine et affirmant qu'elle n'avait pas l'intention de répondre aux questions. Ses clés ont été saisies, elle a été séparée du demandeur d'asile et placée dans une cellule bétonnée. La défenseuse des droits humains a également fait l'objet d'une fouille corporelle intime par une femme officier dans la cellule. L'ICE a relevé ses empreintes digitales et demandé son adresse permanente. Après trois heures de détention, elle a eu la possibilité de remplir un formulaire afin que sa famille soit appelée et informée qu'elle était en sécurité, sans fournir aucun autre détail sur sa situation. Sa mère a donc été contactée à 20h.

Les agents du CBP ont affirmé qu'ils "attendaient de savoir si elle était convoquée par le Département de la sécurité intérieure". Lors de sa libération à 21 heures, la défenseuse des droits humains a été informée que le Homeland Security Investigations (HSI), un organisme d'enquête du Department of Homeland Security - DHS (département de la Sécurité intérieure), qui fait partie de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) américain, l'appellerait "prochainement" pour un" entretien différé" en relation avec "l'enquête en cours".

Ce n'est pas la première fois qu'Ana Adlerstein est arrêtée et harcelée pour avoir défendu les droits des immigrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile d'Amérique centrale à la frontière américano-mexicaine en Arizona. En mars 2019, elle avait été placée en détention pour interrogatoire secondaire pendant environ 30 minutes aux côtés d'un autre défenseur des droits des migrants. Ils ont été harcelés et accusés d’avoir "aidé et encouragé le trafic d’êtres humains".

Les services de douane et de protection des frontières des États-Unis harcèlent régulièrement les défenseur-ses des droits humains et privent les demandeurs d'asile de leur droit de demander l'asile. Des défenseurs des droits humains qui travaillent sur le terrain ont signalé des cas d'agents de la CBP ayant agressé physiquement des demandeurs d'asile aux ports d'entrée, notamment des attaques contre des mineurs non accompagnés, des femmes et des personnes se présentant comme telles. Ces incidents impliquent généralement des officiers armés qui poussent de force des personnes hors du sol américain et qui menacent de les faire arrêter par la police mexicaine si elles ne quittent pas le poste-frontière.

Front Line Defenders est préoccupée par la détention, la criminalisation et le harcèlement d'Ana Adlerstein, car il semble que cela soit motivé par son travail pacifique en faveur des droits humains. Front Line Defenders condamne également le nombre croissant d'actes contre les défenseur-ses des droits humains et les organisations qui assistent les migrants à la frontière américano-mexicaine.