Réflexion sur les droits humains dans l'une des régions les plus dangereuses du Brésil
Par Andreia Silverio
Avec au moins dix travailleur-ses et dirigeant-es ruraux tués en 2019 et une violence accrue contre les défenseur-ses des droits humains, alimentée par des discours de haine des plus hautes sphères, il semble qu'il n'y ait pas grand-chose à célébrer dans l'État du Para à l'occasion de la Journée des droits humains 2019. Ce 9 décembre, la coordinatrice de la protection de Front Line Defenders, Ivi Oliveira, a accompagné l'un de nos partenaires au Brésil lors de la cérémonie de remise de la médaille Paulo Frota par l'Assemblée législative du Para (ALEPA), qui a rendu hommage à des individus et des organisations pour leur travail en faveur des droits humains dans cet État. Front Line Defenders félicite Andreia Silverio et le CPT pour cette reconnaissance de leur travail important pour défendre les droits humains, en particulier de ceux et celles qui se battent pour le droit à la terre dans l'État du Para.
La représentante du Congrès Professeure Nilse Pinheiro, la DDH Andreia Silverio, le président de la Commission des droits humains de l'ALEPA, Carlos Bordalo et l'avocate de l'assistance publique du Para Jennifer de Barros Rodrigues.
Compte tenu du scénario politique qu'a connu le Brésil ces dernières années, avec des violations des droits humains et le retrait des droits qui s'intensifient chaque jour, la commémoration de la Journée universelle des droits humains est importante. Nous devons parler de la signification de la lutte pour les droits humains au Brésil, l'un des pays qui tue le plus grand nombre de militants et de dirigeants civils dans le monde, en particulier ceux qui défendent la terre, le territoire et l'environnement.
Dans l'État du Pará, le nombre de dirigeants menacés et assassinés augmente! En 2019, 10 travailleurs et dirigeants ruraux ont déjà été tués. En 2018 et 2017, le Pará était l'État du Brésil qui comptait le plus grand nombre de meurtres liés aux conflits fonciers selonr la Commission pastorale des terres, avec respectivement 16 et 22 décès. La semaine dernière seulement, du 2 au 6 décembre, le bureau du CPT Marabá a reçu des informations faisant état de deux attaques graves impliquant des travailleurs ruraux et des défenseurs du droit à la terre : l'attaque de la police contre des cueilleurs de châtaignes au camp Osmir Venuto da Silva, Fazenda Surubim, à Eldorado dos Carajás ; et le meurtre de Márcio Rodrigues, le principal témoin à décharge dans l'affaire contre le défenseur des droits humains Padre Amaro, à Anapu.
L'État du Pará a la responsabilité de répondre à ces affaires, qui ne cesseront de se produire que lorsque l'impunité pour la pratique de crimes dans les campagnes, dans les zones rurales, ne sera pas une telle réalité dans nos vies.
Il est malheureux de savoir qu'en plus des menaces et des meurtres, les dirigeants subissent également des procédures qui criminalisent leurs luttes, et notamment par le biais de campagnes de diffamation et de stigmatisation, comme celle menée contre Padre Amaro. De telles actions sont contraires au principe de la régularité de la procédure légale, car elles génèrent des affaires pénales fondées sur des accusations et des preuves frauduleuses, conduisant souvent à la restriction de la liberté de diriger un mouvement.
La société civile en général et les organes de l'État tels que le parquet, la police civile et militaire, les systèmes législatif, exécutif et judiciaire, à différents niveaux, devraient reconnaître l'importance du travail accompli par ceux et celles qui défendent les droits huamains au Brésil et en particulier dans l'État du Pará. Nous sommes des indigènes, des quilombolas, des travailleurs ruraux sans terre, des femmes et des jeunes leaders, des défenseur-ses et des avocats populaires.
Notre lutte est pour la vie, la liberté, l'accès à la terre, au territoire et à un environnement sûr pour tous!