Take Action for Negad El-Borai
Votre excellence,
Le 26 janvier, les autorités égyptiennes ont interdit à l'avocat spécialiste des droits humains M. Negad El-Borai de sortir du pays alors qu'il se trouvait à l'aéroport international du Caire pour prendre un avion à destination de la Jordanie, arguant de son implication dans la soi-disant affaire des « financements étrangers ».
Le personnel de la sécurité de l'aéroport a empêché Negad El-Borai d'embarquer sur son vol pour la Jordanie le 26 janvier dernier en raison de la présence de son nom sur une liste comptant plusieurs autres défenseurs et défenseuses des droits humains interdits de sortie du pays. L'injonction en question provient du ministère public et du juge d'instruction en charge de l'affaire dite des « financements étrangers », aussi connue sous le nom Affaire n 173, qui a donné lieu à plusieurs interdictions de sortie du territoire depuis un an. Plus de 37 organisations égyptiennes des droits humains, ainsi que leurs dirigeants et personnel, ont été accusées de « réception de financements étrangers » et de « travail sans autorisation légale ».
Negad El-Borai a déjà été pris pour cible par les autorités égyptiennes en raison de son action de lutte contre l'usage de la torture en Égypte. Le 17 mai 2016, ce défenseur des droits humains a été sommé de se rendre à un cinquième interrogatoire par les autorités égyptiennes en lien avec la rédaction d'une nouvelle loi anti-torture. Negad El-Borai a également été entendu le 3 mars 2016 pour des accusations de « réception de financements étrangers » et de « travail sans autorisation légale ». L'année précédente, le 21 mai 2015, Negad El-Borai avait été interrogé par un juge d'instruction du Tribunal de Gizeh nord également pour la rédaction de cette loi anti-torture. Les interdictions de voyager sont une pratique commune dans le cadre de la répression contre les défenseurs et défenseuses des droits humains en Égypte depuis un an. Elles sont de plus souvent utilisées en Égypte pour intimider et faire taire ces derniers.
Ces derniers temps, les autorités égyptiennes ont interdit à l'éminent défenseur des droits humains Aida Seif de se rendre en Tunisie sur la base de « l'affaire des financements étrangers ». Plusieurs autres DDH sont sous le coup d'interdiction de sortie du pays en lien avec cette affaire, dont Mozn Hassan, Hossam Eldin Ali, Ahmed Ghonim, Bassim Samir, Esraa Abdel Fattah, Hoda Abdelwahab, Nasser Amin et Ahmed Ragheb. En 2016, de similaires interdictions ont frappées des défenseurs et défenseuses des droits humains égyptiens en dehors du cadre de cette affaire, dont Malek Adly , Omar Hazek , Reda Al Danbouki et Mohamed Lotfy uniquement en raison de leur action légitime et pacifique de défense des droits humains.
Je condamne l'interdiction de voyager imposée à Negad El-Borai ; celle-ci semble être un acte de représailles à la suite de son action légitime et pacifique en faveur des droits humains.
Je demande aux autorités égyptiennes de :
1. lever immédiatement et sans condition l'interdiction de voyager imposée à Naged El-Borai et tous les autres défenseur-ses des droits humains en Égypte, Front Line Defenders considérant que ceux-ci sont pris pour cibles uniquement en raison de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains ;
2. garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Égypte puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre de restrictions ni représailles.
Avec mes salutations les plus distinguées,