Je vous viens de Mauritanie. Le pays où plus de la moitié des quatre millions d’habitants est tenue en esclavage, les Abid, ou souffre de ses conséquences, les Hratin. La Fondation Walk Free a décerné, en 2013, à mon pays l’infâme insigne de numéro 1 en termes de prévalence de l’esclavage.
Mais si une telle réalité, qui me fait honte à moi le premier, est maintenant connue de par le monde, c’est parce que nous sommes nombreux, nous les Mauritaniens, a la dénoncer, à la combattre et à refuser de la cacher pour préserver je ne sais quelle image du pays. J’ai honte que mon pays soit taxé de dernier bastion de l’esclavage mais je suis fier de combattre cette ignominie et je viens vous demander de vous joindre à nous pour la dénoncer.
Je viens parmi vous représenter l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA). Née en 2008 pour combattre l’esclavage dans ses formes les plus abjectes, celles, par exemple, qui vous font naître esclave alors que, ailleurs, « les hommes naissent libres et égaux en droits », je veux parler de l’esclavage par ascendance, IRA s’est fixé comme objectif de faire appliquer la loi qui vient d’être votée et qui criminalise l’esclavage et les pratiques esclavagistes. Née pour faire appliquer la loi, IRA est maintenue hors la loi. Jusqu’à aujourd’hui, IRA s’est toujours vu refuser la reconnaissance administrative. L’Etat mauritanien maintient IRA hors la loi pour lui barrer la route et vous empêcher, vous les bonnes volontés, vous les organisations, institutions et groupes épris de paix et de justice de nous aider.
Mais, pire que l’interdiction administrative, le gouvernement mauritanien, poussé par des groupes obscurantistes et esclavagistes, s’est fixé pour objectif l’anéantissement, y compris physique, d’IRA et de ses dirigeants. Il vise, en s’en prenant à IRA et à ses dirigeants, d’intimider tous les militants des droits de l’homme et au-delà toutes actions de la société civile.
Depuis maintenant un an, le Président d’IRA, Biram Dah Abeid, Prix 2013 de l’ONU pour les Droits de l’Homme et son vice-président, Brahim Bilal Ramdhan, croupissent entre les murs de la prison d’Aleg, à 250 Km de leur domicile. Souffrant de problèmes de santé connus par tous et malgré les avis réitérés des médecins, l’Administration mauritanienne se refuse de leur prodiguer les soins nécessaires. La volonté de l’Administration de les laisser dépérir à petits feu est clairement démontrée.
En Mauritanie, l’obscurantisme religieux, basé sur une interprétation erronée et intéressée de l’Islam épaule les esclavagistes qui tiennent entre leur main tous les rouages de l’Administration. L’emprise de cet Islam frelaté que les intégristes instrumentalisent se conjugue avec l’ignorance et la pauvreté pour maintenir 60% de la population mauritanienne dans un esclavage de fait que le gouvernement en place continuer à nier.
En Mauritanie, l’obscurantisme religieux, basé sur une interprétation erronée et intéressée de l’Islam épaule les esclavagistes qui tiennent entre leur main tous les rouages de l’Administration.
