#Burkina Faso
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Le Burkina Faso a connu un certain nombre d'attaques terroristes depuis 2015, et les forces de sécurité se sont livré à plusieurs exécutions extrajudiciaires et à des actions ciblées systématiques contre les communautés d'où les groupes terroristes seraient issus. En réponse à cette crise sécuritaire, les autorités ont adopté des mesures qui réduisent l'espace civique au Burkina Faso.
Une loi pour la protection et la promotion des défenseur-ses des droits humains a été approuvée par l'Assemblée nationale le 27 juin 2017 mais elle est limitée et n'est pas appliquée efficacement et aucun mécanisme de protection n'a encore été créé. La loi ne reconnaît pas les risques spécifiques encourus par les défenseuses des droits humains dans le cadre de leur travail.
Le Burkina Faso a amendé son Code pénal en juin 2019, adoptant une nouvelle loi contenant des infractions trop générales qui pourraient être utilisées pour restreindre l'accès à l'information et réprimer les DDH, les journalistes et les blogueurs. Elle autorise une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement uniquement pour avoir parlé d'informations relatives aux opérations militaires. L'article 312-11 criminalise tout acte susceptible de «démoraliser» les forces de sécurité, tandis que la loi autorise également un juge, à la demande d'un procureur, à bloquer des sites Web ou des adresses électroniques utilisés pour diffuser de «fausses informations». Les journalistes et les DDH pratiquent régulièrement l'autocensure, craignant que la publication de critiques à l'encontre du gouvernement puisse entraîner leur arrestation ou la fermeture de leur organisation. Le gouvernement a refusé de multiples demandes de permis pour les ONG et les organisations de la société civile qui cherchent à organiser des manifestations, invoquant généralement le contexte sécuritaire.
Les DDH qui travaillent sur le contexte sécuritaire et qui dénoncent l'incapacité de l'État à protéger ses citoyens, les exécutions extrajudiciaires commises par l'armée ou la mauvaise gestion des crises par les autorités, sont stigmatisés et accusés de soutenir le terrorisme et sont parfois arrêtés et accusés de «diffuser des informations susceptibles de saper le moral des troupes». Les DDH qui luttent contre la violence sexiste et les questions des industries minières et extractives sont également particulièrement exposés aux menaces, aux intimidations et aux arrestations arbitraires. De nombreux suspects sont placés sous surveillance électronique. En mai 2019, deux membres de l'ODJ (Organisation démocratique pour la jeunesse) ont été tués alors qu'ils travaillaient sur un rapport mettant en évidence des allégations de corruption par une société minière et l'implication possible des autorités locales. Les actions ciblées contre les DDH travaillant sur des questions sensibles peuvent provenir de diverses sources, ce qui rend l'accès à la justice encore plus difficile.
Les défenseuses des droits humains font face à des menaces spécifiques liées au genre. Elles sont victimes de viols, de harcèlement sur internet et dans la réalité et de diffamation. Le risque est particulièrement élevé pour les défenseuses qui dénoncent l'impact des attaques terroristes sur les femmes des communautés rurales touchées par ces attaques. Les relations homosexuelles ne sont pas criminalisées au Burkina Faso, mais les défenseur-ses LGBTI+ font face à une discrimination sociale, notamment à des agressions, des actes de harcèlement et des menaces. Même si elles ne sont pas arrêtées ou punies par la loi, il est impossible pour une organisation LGBTI+ de s'enregistrer si elle détaille les activités qu'elle entreprendra. Elles se voient régulièrement refuser l'accès à la justice et aux soins de santé.