Le Comité des droits de l'Homme de l'ONU exhorte le Kirghizstan à libérer le défenseur des droits humains Azimjan Askarov et à annuler son inculpation
Le 21 avril 2016, le Comité des droits de l'Homme de l'ONU (CDH) a appelé les autorités kirghizes à libérer le défenseur des droits humains emprisonné Azimjan Askarov et à infirmer son inculpation.
Azimjan Askarov est un éminent défenseur des droits humains et fondateur de l'organisation Vozdukh. Il enquêtait sur des cas d'exactions policières et les dénonçaient, ainsi que les mauvaises conditions dans les prisons. Le 15 septembre 2010, Azimjan Askarov a été condamné à la prison à perpétuité en vertu de fausses accusations. Il est notamment accusé d'avoir organisé d'importantes manifestations, d'appel à la haine ethnique et d'être impliqué dans le meurtre d'un policier. Il a été arrêté le 16 juin 2010 après les violentes émeutes qui avaient éclaté dans le sud du Kirghizstan, entre les Kirghizes et la population d'origine ouzbèke, et qui avaient fait près de 400 morts.
Selon la déclaration du CDH, Azimjan Askarov a été arbitrairement arrêté, détenu dans des conditions inhumaines, torturé, maltraité et n'a pas été soigné convenablement pour un état médical grave. De plus, les autorités n'ont pas immédiatement ouvert d'enquête efficace et impartiale sur les allégations de torture infligée à Azimjan Askarov.
Le Comité a reconnu que les autorités kirghizes avaient empêché Azimjan Askarov de préparer convenablement sa défense lors de son procès, le défenseur et ses avocats n'ayant pas été autorisés à se voir en privé. Il a aussi indiqué que des proches du policier décédé avaient agressé son avocat, créant un "sentiment général de peur, incompatible avec le bon exercice des fonctions d'un avocat de la défense". En outre, l'avocat n'a pas pu assister à la première audience du procès le 2 septembre 2010, car la cour ne l'avait pas prévenu à temps.
Le CDH a reconnu que le gouvernement kirghize avait violé plusieurs articles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié par le Kirghizstan en 1994. En ratifiant le protocole optionnel du PIDCP, le Kirghizstan a reconnu la compétence du CDH à tirer des conclusions de violation ou non, et à faire des recommandations.
La déclaration conclut que le Kirghizstan devrait:
1. Libérer immédiatement Azimjan Askarov
2. Infirmer l'inculpation d'Azimjan Askarov et, si nécessaire, organiser un nouveau procès, qui respecte les principes d'audiences équitables, la présomption d'innocence et toute autre procédure de sauvegarde
3. Dédommager convenablement Azimjan Askarov Le Kirghizstan est également sous l'obligation de prendre des mesures afin d'éviter que de telles violations ne se reproduisent dans le futur.
Front Line Defenders salue la décision du CDH et appelle les autorités kirghizes à suivre les recommandations du Comité, à libérer le défenseur des droits humains Azimjan Askarov et à infirmer son inculpation.