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3 Octobre 2018

Ukraine: Régler le problème des attaques contre les militant-es et les défenseur-ses des droits humains

Kiev - Plus de 50 agressions contre des militant-es et des défenseur-ses des droits humains ont été enregistrées en Ukraine par des organisations locales de défense des droits humains en seulement neuf mois, ont déclaré aujourd'hui Amnesty International, Human Rights Watch, Freedom House et Front Line Defenders. Les personnes attaquées sont notamment des personnes qui défendent les droits des lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), qui protègent l'environnement et qui militent contre la corruption.

Les organisations ont critiqué l'absence d'enquêtes efficaces sur ces incidents et de poursuites contre les coupables, ce qui renforce le risque pour les défenseur-ses des droits humains et indique que les autorités tolèrent de telles attaques et agressions. Récemment, le procureur général a suggéré que les militants de la société civile s'attirent eux-mêmes les ennuis en critiquant les autorités, ce qui donne l'impression que les défenseur-ses des droits humains peuvent être ouvertement pris pour cible.

Dans la plupart des cas ces attaques ciblent des personnes ou des groupes qui militent contre la corruption dans la communauté locale, qui font la lumière sur les opérations du gouvernement et du monde des affaires, ou qui défendent les droits de la population. L'objectif de ces attaques est clair : réduire au silence les militant-es et les défenseur-ses des droits humains et décourager les autres de prendre la parole contre l'injustice et en faveur des droits humains.

Deux exemples de ce genre d'attaques brutales qui n'ont toujours pas fait l'objet d'enquêtes ont été perpétrées le 22 septembre à Odessa et Kryvyi Rih. Oleh Mikhaylyk, militant anti-corruption, a été la cible de tirs, dans le sud de l'Ukraine, et il est toujours hospitalisé. Oleh Mikhaylyk militait au sein du mouvement Syla Lyudei (Pouvoir du peuple) contre les constructions illégales à Odessa. À trois cent kilomètres de là, à Kryvyi Rih, des inconnus ont fait irruption au domicile d'Artem Moroka, après qu'il a critiqué la police locale sur Facebook. Artem Moroka a déclaré à des défenseurs des droits humains que les agresseurs l'avaient violemment frappé et qu'il lui avaient cassé le nez.

En juin, un militant, Mykola Bychko, a été retrouvé mort dans des circonstances suspectes dans un village de la région de Kharkiv. Les villageois ont retrouvé Mykola Bychko pendu dans les bois près du village d'Eskhar, le 5 juin. La police locale a initialement ouvert une enquête pour suicide, mais elle n'a pas encore enquêté sur la possibilité qu'il ait été tué pour son activisme. Au moment de son décès, Mykola Bychko enquêtait sur la pollution d'une rivière locale, vraisemblablement provoquée par une usine de traitement des déchets située à proximité.

Un avocat représentant la famille Bychko a remis en question la conduite de la police locale qui a ignoré la possibilité d'un meurtre et pour avoir intentionnellement retardé l'enquête. L'avocat a dit à Freedom House que la police avait perdu des preuves importantes provenant du lieu où le corps de Mykola Bychko a été retrouvé, telle que la corde qui se trouvait sur la potence improvisée. Les autorités n'ont pas non plus enquêté sur les allégations de menaces proférées contre Mykola Bychko à cause de son travail ; il avait notamment interrogé des gens travaillant pour l'usine de traitement des déchets.

Le 31 juillet, un inconnu a jeté de l'acide sur Kateryna Handzyuk, membre d'un conseil local qui surveillait les activités de la police, à Kherson. La police locale avait initialement arrêté un homme et l'avait contraint à signer des "aveux", soi-disant en s'engageant en échange à résoudre des problèmes qu'il avait avec la police. Cependant, sa sœur a indiqué que l'homme n'était pas à Kherson le jour de l'attaque et plusieurs personnes pouvaient confirmer son alibi.

Après 19 jours de détention, la police l'a libéré sans charge et a présenté ses excuses. Dans le même temps, la police a arrêté cinq autre suspects, dont quatre ont admis leur implication dans cette agression. À l'origine, la police n'avait pas enquêté sur cette attaque comme une tentative de "meurtre commandité", mais comme une "tentative de meurtre", ce qui selon l'avocat de Kateryna Handzyuk a considérablement retardé l'enquête pour déterminer l'identité du commanditaire.

Le déroulement de ces enquêtes est préoccupant et laisse craindre que les coupables de ces attaques, dont les commanditaires, ne soient jamais traduits en justice.

Les autorités ukrainienne devraient prendre des mesures efficaces pour prévenir d'autres menaces et attaques contre les militant-es et les défenseur-ses des droits humains, et garantir des enquêtes rapides, minutieuses, impartiales et indépendantes sur ces menaces et attaques et de traduire les coupables en justice lors de procès équitables.

Le ministère de l'Intérieur, la police nationale et le parquet général, ainsi que les autres institutions concernées, devraient explicitement reconnaitre le travail important des défenseur-ses des droits humains dans la protection des droits humains et contre la corruption. Les autorités devraient publiquement dénoncer toutes menaces et attaques contre les défenseur-ses des droits humains. Elles devraient prendre des mesures décisives pour garantir que les critiques du gouvernement puissent travailler dans un environnement sûr et encourageant dans lequel ils peuvent exercer leurs droits à la liberté d'expression, à la liberté d'association et de réunion, et mener leurs activités sans craindre de représailles.

Pour plus d'informations, contactez:

Erin Kilbride
Front Line Defenders (Dublin, Irlande)
erin@frontlinedefenders.org (+353 85 742 3767)

Tanya Cooper (Anglais, Russe) 
Human Rights Watch (Kiev, Ukraine)
coopert@hrw.org (Ukraine: +380 95 9280776 US: +1-917-443-2721)

Freedom House (Washington, DC)
press@freedomhouse.org (+1 202 747 7035)