Déclaration sur l'assassinat d'Abdul Samad Amiri en Afghanistan
Front Line Defenders déplore l'assassinat brutal d'Abdul Samad Amiri, le directeur par intérim de l'Afghanistan Independent Human Rights Commission dans la province de Ghor, enlevé et assassiné par les talibans le 4 septembre. Au cours des dernières semaines, les talibans ont perpétré une série d'attaques violentes et ont déclaré que l'objectif de ces attaques est de renforcer la position du groupe dans les négociations avec les États-Unis. Les principales victimes de ces attaques sont des civils innocents.
Abdul Samad Amiri a été enlevé par des combattants talibans alors qu'il était en route entre Kaboul et Ghor, dans la région de Jalreez, dans la province de Maidan Wardak, où malgré des avancées dans les pourparlers entre Zalmay Khalizad (Représentant spécial américain pour la réconciliation afghane) et les talibans, la violence est toujours endémique.
Abdul Samad travaillait pour combattre une vague de meurtres et de suicides de femmes étroitement liée au climat général de violence et plus particulièrement à la nature bien enracinée des violences domestiques. Dans une interview récente, il avait déclaré : "les meurtres et les suicides ont récemment augmenté dans la province et 12 affaires ont été enregistrées par la Commission des droits humains, la violence pourrait être encore plus forte dans les zones et les districts contrôlés par les groupes talibans. Mais, en raison des problèmes d'insécurité, la Commission des droits humains n'a pas accès à ces zones et les personnes vivant dans ces zones n'ont peut-être pas d'informations à propos de la commission". Les opinions traditionnelles de nombreux citoyens de la province, le faible niveau d'éducation, l'influence des talibans dans certaines zones ainsi que la violence familiale, dont les violences physiques, les menaces, les humiliations, le mariage forcé et à un jeune âge, la pauvreté et les addictions font partie des principaux motifs de meurtres et de suicides des femmes dans la province de Ghor.
Les défenseur-ses des droits humains (DDH) sont largement marginalisés dans les négociations. "Ce dernier assassinat et l'escalade des tensions montrent combien il est important d'intégrer le travail des DDH au sein du processus de paix. Le rôle crucial qu'ils jouent, une paix durable et leur protection doivent être une priorité urgente", a déclaré Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders.
Abdul Samad n'est pas le premier DDH assassiné cette année. En mai, l'assassinat de la militante pour les droits des femmes et journaliste Mena Mengal a provoqué un tollé au sein des groupes de femmes qui ont senti que le gouvernement l'avait laissée sans protection. En juillet, Saeed Karim Musawi, un éminent DDH et militant de la société civile a été abattu près de chez lui à Kunduz. Selon les militants de Kunduz, les actes contre les intellectuels sont de plus en plus fréquents dans la province, ce qui effraie tous ceux qui critiquent la situation sécuritaire et politique actuelle dans la province.
Le gouvernement d'Afghanistan et des États-Unis, en tant qu'interlocuteurs clés des négociations de paix, ainsi que la communauté internationale, doivent garantir que la sécurité et la protection des personnes courageuses telles qu'Abdul Samad Amiri soient un thème central de tout futur accord.