Sept activistes écologistes brutalement arrêtés, inculpés et libérés sous caution par la police pour avoir manifesté contre le projet d’oléoduc d’Afrique de l’Est
Le 27 mai 2024, sept défenseur⸱ses de l’environnement ont été brutalement arrêtés par des policiers armés à Kampala, en Ouganda, et inculpés par la police de Jinja Road pour rassemblement illégal. Cet incident a été signalé par la campagne Stop the East African Crude Oil Pipeline (StopEACOP) le 29 mai 2024.
Les sept défenseur⸱ses des droits humains protestaient pacifiquement contre le financement prévu du projet d’oléoduc d’Afrique de l’Est (East African Crude Oil Pipeline Project – EACOP) par le gouvernement chinois. Selon les défenseur⸱ses de l’environnement, l’EACOP entraîne de graves violations des droits humains, présente d’importants risques environnementaux et contribuera à la crise climatique. L’EACOP est un projet mené par Total, qui s’étend sur 1 443 km, de Kabaale, dans le district de Hoima en Ouganda, à la péninsule de Chongoleani, près du port de Tanga en Tanzanie. Il vise à transporter le pétrole des gisements de pétrole ougandais du lac Albert vers les marchés mondiaux via le port de Tanga.
Le 27 mai 2024, sept défenseur⸱ses de l’environnement ont été brutalement arrêtés par des policiers armés à Kampala, et inculpés par la police de Jinja Road pour rassemblement illégal. Les sept activistes écologistes étaient assis devant l’ambassade de Chine à Kampala pour tenter de remettre à l’ambassadeur chinois une lettre de protestation exprimant leurs revendications et demandant à son gouvernement de s’abstenir de financer un projet qui leur est défavorable. Leur arrestation ayant eu lieu avant qu’ils n’aient eu la possibilité d’interagir avec les représentants de l’ambassade, leur lettre n’a pas été remise. Les manifestants pacifiques ont été violemment rassemblés par la police, qui les a ensuite embarqués dans un véhicule et les a conduits au poste de police de Jinja Road. Les sept militants ont été libérés sous caution et devaient se présenter au poste de police de Jinja Road. Le 18 mai 2024, suite au retrait de plusieurs banques et compagnies d’assurance de l’EACOP, des organisations de la société civile soutenant une transition énergétique juste, le conservatisme climatique et environnemental et la justice foncière se sont adressé aux médias et ont exhorté le président chinois à renoncer à son intérêt pour le financement du projet.
Des organisations locales dénoncent le fait que, pour étouffer les revendications, réduire les manifestants au silence et maintenir la pression sur les défenseur⸱ses du climat, de l’environnement et du droit à la terre, les autorités ougandaises ont eu recours aux attaques et à la criminalisation des écologistes et des défenseur·ses du climat et du droit à la terre. L’Ouganda a enregistré le plus grand nombre de cas de violations à l’encontre de ces défenseur⸱ses des droits humains, avec 18 incidents documentés en Afrique, selon le Business and Human Rights Resource Center’s 2023 dans son rapport intitulé People power under pressure Human rights defenders & business in 2023 (Le pouvoir du peuple sous pression : les défenseur⸱ses des droits humains et les affaires en 2023). La majorité de ces attaques semblent se concentrer sur l’EACOP et les défenseur⸱ses de l’environnement qui font campagne contre le projet, que l’État considère comme une initiative importante en matière d’infrastructures.
Front Line Defenders exprime son inquiétude pour la sécurité des sept défenseurs de l’environnement et condamne fermement les récents cas d’intimidation, de criminalisation et de harcèlement policier dont ils font l’objet, car il semble qu’il s’agisse d’un acte de représailles contre leur travail pacifique et légitime en faveur de l’environnement et du droit à la terre en Ouganda.
Front Line Defenders exhorte les autorités ougandaises à prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et la protection des défenseur⸱ses des droits humains et de l’environnement lors de manifestations pacifiques. L’organisation demande également que l’arrestation brutale de ces sept défenseur⸱ses des droits humains soit condamnée. Front Line Defenders appelle les autorités ougandaises à garantir que tous les défenseur⸱ses de l’environnement et du droit à la terre, y compris les organisations de défense des droits humains travaillant sur les droits environnementaux, puissent mener à bien leurs activités légitimes et opérer librement sans craindre d’être harcelés par la police.