Déclaration conjointe condamnant l’annulation arbitraire de l’enregistrement d’Odhikar
L’Asian Federation Against Involuntary Disappearances, Asian Forum for Human Rights and Development, la FIDH et l’organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, et Front Line Defenders condamnent fermement l’annulation arbitraire de l’enregistrement d’Odhikar par le gouvernement du Bangladesh.
Le Bureau des affaires des ONG (NGOAB) au Bangladesh a rejeté la demande de renouvellement de l’enregistrement d’Odhikar dans une lettre datée du 5 juin 2022 indiquant que les informations et documents requis pour le renouvellement de l’enregistrement de l’organisation n’avaient pas été correctement transmis. Il a qualifié le travail d’Odhikar en faveur des droits humains d’« activités négatives » et a affirmé que le travail de l’organisation sur les exécutions extrajudiciaires, les disparitions présumées et les autres violations des droits humains dans le pays est « trompeur » et « ternit la réputation et l’image de l’État », précisant qu’il n’est « pas possible d’examiner la demande de renouvellement de l’enregistrement ».
Odhikar a demandé le renouvellement de son enregistrement en 2014, six mois avant l’expiration en 2015, et sa demande est en instance depuis. En réponse à une requête déposée par Odhikar devant le Tribunal de la Haute Cour de la Cour suprême en 2019, le Tribunal a demandé une explication au NGOAB en ce qui concerne son inaction dans le renouvellement de l’enregistrement d’Odhikar. Le NGOAB a répondu à la requête trois ans plus tard, en mars 2022. L’affaire a été entendue le 26 mai 2022 et le 8 juin 2022. Bien que l’affaire soit toujours en instance, le NGOAB a arbitrairement annulé l’enregistrement.
Lors de l’audience du 8 juin concernant cette affaire, la Cour a été informée que l’État veut porter d’autres accusations contre Odhikar et a donc demandé plus de temps. La date de la prochaine audience n’a pas été précisée.
Odhikar documente les violations des droits humains au Bangladesh depuis 1994 et recueille des données et des informations crédibles sur les questions relatives aux droits humains dans le pays, et c’est l’une des organisations de défense des droits humains les plus crédibles en Asie.
L’annulation arbitraire de son enregistrement est un déni du droit à la liberté d’association et une tentative visant à réduire davantage l’espace de liberté d’expression. Le gouvernement du Bangladesh a utilisé des tactiques diffamatoires contre Odhikar et son personnel, qualifiant leur travail de criminel et antiétatique. Adilur Rahman Khan et ASM Nasiruddin Elan, respectivement secrétaire et directeur d’Odhikar, sont victimes d’acharnement judiciaire. De plus, Odhikar fait face à des restrictions pour accéder à des financements, car tous ses comptes bancaires ont été gelés.
Nous exprimons notre solidarité avec Odhikar dans sa lutte pour que les violations des droits humains au Bangladesh soient surveillées, documentées et signalées sans entrave ni coercition. Nous demandons instamment que les restrictions à la liberté de réunion et d’expression soient levées et que les organisations de défense des droits humains puissent fonctionner de façon indépendante dans le pays et contribuer ainsi à l’établissement d’une démocratie dynamique.