La directrice de Front Line Defenders participera au voyage de solidarité au Bahreïn pour la libération d’Abdulhadi Al-Khawaja
- Un défenseur des droits humains risque la mort après 12 ans d’emprisonnement injuste
- Les directeurs d’Amnesty International et d’Action Aid-Denmark se joindront aussi au voyage
- Le prince héritier du Bahreïn doit rencontre l’administration Biden dans les jours à venir
Le risque imminent de mort auquel est confronté Abdulhadi Al-Khawaja, éminent défenseur des droits humains et ancien employé de Front Line Defenders, en prison au Bahreïn, a poussé Olive Moore, directrice intérimaire de l’organisation, à accompagner Maryam Al-Khawaja, sa fille, lors d’un voyage à Manama cette semaine, afin de faire pression sur les autorités bahreïnies pour qu’elles libèrent Abdulhadi Al-Khawaja.
Le 7 septembre, Maryam Al-Khawaja — qui est également une éminente défenseuse des droits humains — a annoncé qu’elle rentrerait d’exil pour aller au Bahreïn et tenter de sauver son père, malgré les risques d’y être emprisonnée. Elle a été condamnée par contumace à un an de prison et quatre affaires sont ouvertes contre elle sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces qui, selon Front Line Defenders, ont été portées en représailles contre son travail pacifique en faveur des droits humains.
Abdulhadi Al-Khawaja, l’un des défenseurs des droits humains les plus emblématiques de cet État du Golfe, est injustement emprisonné depuis 12 ans pour son rôle dans les manifestations pacifiques en faveur de la démocratie en 2011. Il a été torturé en détention et son état de santé précaire a suscité de vives inquiétudes pour sa vie après qu’il a rejoint des centaines d’autres personnes qui ont entamé une grève de la faim le mois dernier pour réclamer de meilleures conditions de détention à la prison de Jaw.
« Maryam Al-Khawaja est déterminée à retourner au Bahreïn pour tenter de sauver son père, Abdulhadi Al-Khawaja, éminent défenseur des droits humains. Après 12 ans d’emprisonnement injuste, elle n’a plus d’autre choix. Dans un grand élan de solidarité, j’ai décidé de me joindre aux dirigeants d’autres organisations internationales pour accompagner Maryam dans ce voyage », a déclaré Olive Moore, directrice intérimaire de Front Line Defenders.
« Front Line Defenders a une dette de gratitude envers Abdulhadi, à la fois en tant qu’ancien membre du personnel et ami de nombreuses personnes au sein de l’organisation, mais surtout en tant que défenseur des droits humains de principes et pionnier au Bahreïn et dans la région. Nous n'aurons de cesse que les autorités bahreïnies ne le libèrent, ainsi que les défenseurs des droits humains Dr Abduljalil Al-Singace et Naji Fateel, tous deux injustement emprisonnés depuis plus d’une décennie ».
Abdulhadi Al-Khawaja est cofondateur du Gulf Center for Human Rights (GCHR), ancien président du Bahrain Centre for Human Rights (BCHR) et ancien coordinateur de la protection de Front Line Defenders pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Il a reçu une large reconnaissance internationale pour son travail en faveur des droits humains, notamment : le Freedom House Award et le Politiken Freedom Prize en 2012 ; le DIGNITY — Danish Institute against Torture’s ‘World without Torture’ Award en 2013 ; et le Martin Ennals Award en 2022.
D’autres personnalités du monde des droits humains ont annoncé leur participation à ce voyage, notamment Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, Tim Whyte, secrétaire général d’Action Aid-Denmark, et Andrew Anderson, ancien directeur exécutif de Front Line Defenders et membre du personnel d’Amnesty International.
La date exacte de ce voyage de solidarité n’a pas été rendue publique, mais il aura lieu la même semaine que la visite du prince héritier du Bahreïn à Washington, DC, et plus d’une douzaine d’organisations de défense des droits humains, dont Front Line Defenders, ont également demandé à l’administration du président Biden d’exiger la libération des défenseurs.
« Le moment est venu pour l’administration Biden de prendre ses responsabilités et de faire preuve de solidarité à l’égard des défenseur⸱ses des droits humains au Bahreïn. Lors de ses rencontres avec le prince héritier cette semaine, le gouvernement américain doit appeler sans équivoque à la libération immédiate et inconditionnelle d’Abdulhadi Al-Khawaja et des autres défenseurs des droits humains injustement emprisonnés », a déclaré Olive Moore.
Les défenseurs des droits humains injustement emprisonnés au Bahreïn
Abdulhadi Al-Khawaja est injustement emprisonné depuis 12 ans. Il a été arrêté en 2011 pour son rôle dans les manifestations pacifiques lors du soulèvement en faveur de la démocratie au Bahreïn et purge actuellement une peine de prison à perpétuité dans ce pays. L’état de santé d’Abdulhadi Al-Khawaja s’est considérablement détérioré au cours de son incarcération. Il a été soumis à de graves tortures physiques, sexuelles et psychologiques.
Les autorités pénitentiaires omettent régulièrement de fournir des soins ou d’autoriser M. Al-Khawaja à accéder à un traitement médical adéquat. En février 2023, Abdulhadi Al-Khawaja a été victime d’une arythmie cardiaque ; pendant plusieurs mois, il s’est vu refuser un traitement médical adéquat, malgré la persistance de ses problèmes cardiaques et le risque de faire un arrêt cardiaque.
Le 9 août 2023, Al-Khawaja a entamé une grève de la faim avec des centaines d’autres détenus pour réclamer de meilleures conditions de détention à la prison de Jaw. Deux jours plus tard, le 11 août, il a été transporté d’urgence à l’unité de soins intensifs d’un hôpital militaire bahreïni en raison de graves problèmes cardiaques. Le médecin de garde a souligné le danger imminent pour la vie d’Al-Khawaja et lui a administré une injection intraveineuse jusqu’à ce que son rythme cardiaque se stabilise.
Abdulhadi Al-Khawaja a ensuite été renvoyé en prison, où il poursuit sa grève de la faim. Il continue à avoir besoin de soins médicaux urgents et adéquats, que les autorités pénitentiaires ne lui fournissent pas. Selon un médecin indépendant consultant au nom de la famille et connaissant bien le cas et l’état de santé d’Abdulhadi Al-Khawaja, ce dernier pourrait ne pas survivre longtemps, compte tenu de la détérioration de son état, de ses problèmes de santé chroniques et il risque un arrêt cardiaque soudain et fatal.
Dr Abduljalil Al-Singace, universitaire bahreïni et défenseur des droits humains primé, purge une peine de prison à perpétuité au Bahreïn. Il a entamé une grève de la faim sans nourriture solide depuis le 8 juillet 2021, pour protester contre la confiscation de ses notes manuscrites par les autorités pénitentiaires. Pendant sa grève de la faim, il se nourrit de suppléments liquides multivitaminés, de thé avec du lait et du sucre, d’eau et de sel.
Le Dr Al-Singace est placé à l’isolement et se voit refuser l’accès à un traitement médical adéquat, bien qu’il soit détenu dans un établissement médicalisé, le Kanoo Medical Center. Le Dr Al-Singace souffre du syndrome post-poliomyélitique et de divers problèmes de santé, mais l’administration pénitentiaire refuse de lui fournir les embouts en caoutchouc nécessaires pour ses béquilles ou un traitement médical adéquat, et elle refuse qu’il passe une visite avec le médecin qu’il a désigné depuis janvier 2022.
Le 6 juin 2023, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire s’est dit préoccupé par la sécurité d’Al-Singace et les violations documentées, y compris les mauvais traitements et la négligence médicale. Le groupe a conclu que sa détention est arbitraire à plusieurs égards et a demandé sa libération immédiate afin qu’il puisse bénéficier de soins médicaux appropriés.
Naji Fateel est un éminent défenseur des droits humains bahreïni qui a consacré sa vie à des activités de protestation pacifique et à documenter les violations des droits humains au Bahreïn. Il est membre du conseil d’administration de l’ONG bahreïnie Bahrain Youth Society for Human Rights (BYSHR). Depuis 2007, il subit des périodes d’emprisonnement, il est torturé par les autorités et a fait l’objet de menaces de mort lors du soulèvement bahreïni, qui a débuté en février 2011.
Naji Fateel est incarcéré à la prison de Jau depuis mai 2013. Entre 2013 et 2016, il a été reconnu coupable dans trois affaires distinctes et condamné à un total de 25 ans et six mois de prison.
Le 25 mars 2023, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a demandé la libération « immédiate et inconditionnelle » de Naji Fateel et a demandé au gouvernement bahreïni d’enquêter sur sa détention arbitraire et les actes de torture qu’il aurait subis. L’avis du groupe de travail des Nations unies indique également qu’il n’y avait « aucune base légale » pour son arrestation et qu’il n’aurait pas dû être emprisonné.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur :
La page de profil d’Abdulhadi Al-Khawaja : https://www.frontlinedefenders.org/profile/abdulhadi-al-khawaja
La page de la campagne : https://freealkhawaja.org/
L’édito du Washington Post — As Bahrain’s crown prince visits D.C., the country’s prisoners need Biden’s help (10 September 2023) : https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/09/10/bahrain-hunger-strike-crown-prince/