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22 Novembre 2018

Front Line Defenders appelle la Haute représentante de l'UE Federica Mogherini à sommer le ministre soudanais des Affaires étrangères de libérer les défenseurs des droits humains emprisonnés

Front Line Defenders condamne fermement la détention des défenseurs des droits humains au Soudan et appelle la Haute représentante Federica Mogherini à parler de leur affaire lors de sa rencontre avec le ministre soudanais des Affaires étrangères Al-Dirdiri Mohamed Ahmed demain, et appelle à leur libération immédiate et sans condition.

"Le gouvernement soudanais cherche à 'normaliser' les relations avec l'UE et d'autres gouvernements, et il est important que l'UE affirme clairement qu'elle n'acceptera pas la détention et les mauvais traitements des défenseur-ses des droits humains" a déclaré Andrew Anderson, directeur exécutif. "Compte tenu de l'effroi suscité au niveau international par l'assassinat brutal du journaliste Jamal Kashoggi par l'Arabie Saoudite, il est vital de se concentrer aussi sur les actions que mène le Soudan contre les voix critiques hors du pays".

Le défenseur des droits humains et blogueur soudanais Mohamed Hasan Alim, appelé ‘Al Boshi’, dénonce la corruption et les atteintes aux droits humains par le biais des réseaux sociaux. Il avait déjà été détenu plusieurs semaines en 2011 et 2013, passé à tabac et détenu dans des conditions difficiles à cause de son travail pour la défense des droits humains. Il a vécu en exil en Égypte jusqu'en 2017 en tant que demandeur d'asile sous la protection du HCR de l'ONU. Mohamed Hasan Alim 'Al Boshi', avait disparu de force en Égypte en octobre 2018 avant d’être reconduit au Soudan, où il est détenu au secret par le Service national de la sûreté et du renseignement. Le 8 novembre 2018, après avoir refusé de donner toute information à propos de sa détention, le parquet a porté des accusations passibles de la peine de mort contre le défenseur. À ce jour, il n'a aucun contact avec son avocat ou sa famille.

Novembre 2018 marque aussi le 1er anniversaire de la détention d'Hisham Ali Mohamed Ali sans aucune base juridique. La santé du défenseur se dégrade sans cesse. Hisham Ali Mohammad Ali est un blogueur et défenseur des droits humains soudanais. Il a contribué à plusieurs forums et sites d'information en ligne et il dénonce ouvertement la corruption et l'usage de la torture au Soudan. Il plaide aussi pour la désobéissance civile au Soudan, qui a débuté fin 2016 par le biais notamment de "grèves en restant chez soi", pour protester contre les violations des droits humains liées aux mesures d'austérité mises en place par le gouvernement et à la corruption. Le défenseur a déménagé en Arabie Saoudite en 2010, où il travaillait en tant que consultant. Le 18 novembre 2017, à la demande des autorités soudanaises, Hisham Ali Mohammad Ali a été arrêté par les forces de sécurité saoudiennes. Après près de six mois de détention en Arabie Saoudite, le 29 mai 2018, Hisham Ali Mohammad Ali a été expulsé vers le Soudan où il est incarcéré. Il n'a jamais été présenté devant le parquet. Le défenseur a décrit le centre de détention à sa famille comme étant inhumain. Sa santé se détériore constamment et il a été conduit à l'hôpital plusieurs fois pour une perte de poids importante, un trouble sanguin et un taux de cholestérol élevé, qui selon son médecin, augmente beaucoup le risque de provoquer une crise cardiaque. Hisham Ali Mohammad Ali risque jusqu'à sept accusations, dont certaines passibles de la peine de mort, telles qu'avoir "sapé l'ordre constitutionnel" et avoir "provoqué une guerre contre l'État du Soudan".

Front Line Defenders est préoccupée par la sécurité d'Hisham Ali Mohammad Ali, en particulier compte tenu de ses problèmes de santé. L'organisation condamne son maintien en détention illégal, ainsi que celui de Mohamed Hasan Alim 'Al-Boshi', car cela semble uniquement motivé par son travail légitime et pacifique pour la promotion et la protection des droits humains au Soudan. Les défenseur-ses des droits humains emprisonnés au Soudan sont souvent détenus dans des cellules qui n'obéissent pas aux lois et aux règles relatives aux prisons, et il y a de nombreux cas de mauvais traitements et de torture.

Nous appelons la Haute Représentante Federica Mogherini à sommer le Ministre soudanais des Affaires étrangères  Al-Dirdiri Mohamed Ahmed de libérer immédiatement et sans condition Mohamed Hasan Alim et Hisham Ali Mohammad Ali et d'abandonner toutes les charges qui pèsent contre eux. Ils devraient être autorisés à contacter leurs avocats et leur famille. Le Soudan doit également prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité des défenseurs emprisonnés, et garantir que leur traitement en prison corresponde à toutes les conditions établies dans les " Principes fondamentaux relatifs à la protection de toute personne contre toute forme de détention ou emprisonnement " adoptés par l'Assemblée Générale de l'ONU dans sa résolution 43 du 9 décembre 1988.

Mme Mogherini doit aussi appeler à ce que tous les défenseur-ses des droits humains au Soudan puissent mener à bien leur travail légitime pour la défense des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.