Campagne #freeViasna : à l’occasion du 1er anniversaire de la répression contre le centre des droits humains de Viasna en Biélorussie, des organisations de défense des droits humains appellent à la libération de 7 défenseur-ses des droits humains
Le 17 septembre 2021 marque le premier anniversaire de la détention de Maria Rabkova, première membre de l'Human Rights Center Viasna à avoir été arrêtée. Depuis, sept représentants de Viasna sont toujours détenus, et des dizaines d’autres défenseur-ses des droits humains sont accusés d'infractions civiles et criminelles à cause de leur travail non-violent en faveur des droits humains. Front Line Defenders est profondément préoccupée par la répression massive contre les défenseur-ses des droits humains au en Biélorussie et appelle les autorités biélorusses à abandonner les fausses accusations et à libérer les défenseur-ses des droits humains emprisonnés.
Depuis le 17 septembre 2020, six autres défenseur-ses des droits humains et membres de Viasna sont détenus depuis la première arrestation de Maria Rabkova. Le 2 octobre 2020, les autorités biélorusses ont arrêté Andrey Chapiuk, un bénévole de Viasna, et l’ont accusé d'avoir participé à des émeutes (article 293, partie 2 du Code pénal biélorusse). Leanid Sudalenka, président de la branche de Viasna à Gomel, a été arrêté le 18 janvier 2021 et accusé d’avoir organisé, financé, formé et préparé des actions portant atteinte à l’ordre public (article 342, parties 1 et 2 du code pénal biélorusse). Lors de l'arrestation de Leanid Sudalenka, les autorités ont aussi arrêté Tatiana Lasica et Maria Tarasenka pour les mêmes accusations. Maria Tarasenka a été libérée plus tard après s'être engagée à ne pas quitter la Biélorussie. Le 14 juillet 2021, après une série de raids, les autorités de Minsk ont arrêté les dirigeants de Viasna Uladzimir Labkovich, Valiantsin Stefanovich et Ales Bialiatski en vertu d'accusations qui n'ont pas été divulguées mais relatives à des crimes financiers. Des collègues des défenseur-ses des droits humains pensent qu’il y a des accusations supplémentaires qui peuvent être similaires à celles portées contre les défenseur-ses des droits humains susmentionnés.
Le mari de Maria Rabkova, Vadim Zharomskii, a rapporté que durant son année de détention, la défenseuse a été victime de violences psychologiques de la part des responsables du centre de détention provisoire nº1 à Minsk. La santé de Maria Rabkova s'est également rapidement détériorée pendant sa détention. Elle a souffert d’au moins deux syncopes ainsi que d’une affection qui a endommagé ses dents. Maria Rabkova a également signalé qu’elle avait contracté le COVID-19 pendant sa détention provisoire et qu’elle n’avait reçu aucune aide médicale pour tous les problèmes de santé dont elle souffre depuis un an.
La persécution politique et la détention des membres et bénévoles de Viasna sont perpétrées dans le climat général de purge de la société civile en Biélorussie, notamment avec la suppression rapide de l’institution libre et indépendante du Barreau national. Le HRC Viasna a signalé que les avocats rencontrent des difficultés pour accéder à leurs clients placés en détention préventive, et ils n'ont souvent aucune confidentialité ce qui porte atteinte au secret professionnel. Après l’arrestation d’Uladzimir Labkovich et de sa femme Nina, leurs avocats respectifs n’ont pu les voir que six jours plus tard. Les membres des familles des « Viasna seven », dont beaucoup sont toujours en Biélorussie, ont également un accès très restreint aux défenseur-ses des droits humains. Avec le régime politique actuel d’incarcération, il est presque impossible d’obtenir des droits de visite personnelle ; sur les sept membres de Viasna poursuivis, seule la famille de Leanid Sudalenka a pu obtenir une visite. Les avocats signalent que les autorités des centres de détention préventive prétextent que les installations ne sont pas équipées de suffisamment de salles de visite pour refuser les visites.
Plus tôt dans l’année, le Barreau biélorusse de la région de Brest a signalé que le parquet a envoyé une note de service indiquant que les avocats seront forcés de signer des accords de non-divulgation leur interdisant non seulement de commenter le cours de l’enquête préliminaire et les événements du procès, mais aussi de citer publiquement les articles du Code pénal liés à l'affaire de leurs clients. Dans le même temps, les tribunaux biélorusses interdisent aux représentants des médias publics et indépendants d’assister aux procès à la demande du procureur. Une récente audience de Leanid Sudalenka, Maryia Tarasenka et Tatiana Lasica a établi un précédent pour les procès à huis clos de défenseur-ses des droits humains.
Le HRC Viasna rapporte que les défenseur-ses des droits humains en détention préventive subissent une grave privation de la communication écrite avec le monde extérieur. Les courriers écrits par les défenseur-ses des droits humains ne sont parvenus qu'à très peu de personnes. Compte tenu du peu de possibilité de visites en personne, le HRC Viasna n'a pas encore pu localiser l'endroit où la communication est interrompue. Cet isolement contribue à la détérioration rapide de la santé mentale des défenseur-ses des droits humains détenus.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par les conditions de détention des défenseur-ses des droits humains en Biélorussie, en particulier par la pratique de l’isolement et l’absence de soutien médical et juridique pour les défenseur-ses détenus. Front Line Defenders appelle à la libération immédiate et inconditionnelle des « Viasna 7 » et de tous les autres défenseur-ses des droits humains persécutés en Biélorussie.