Egypte – Le défenseur des droits des populations autochtones Gamal Sorour décède en prison suite à une négligence médicale
Front Line Defenders condamne fermement le décès causé par une négligence médicale du défenseur des droits humains Nubien Gamal Sorour, dans la prison d'Assouan le 5 novembre 2017. Le défenseur avait été arrêté avec 24 autres personnes en septembre 2017, après une manifestation pacifique revendiquant les droits du peuple nubien à revenir sur leurs terres, dont ils avaient été chassés dans les années 60.
Les autorités carcérales ont refusé que Gamal Sorour, qui avait la cinquantaine, bénéficie de son traitement médical contre le diabète durant les cinq jours précédant son décès. Les autorités carcérales affirment que les médicaments ont été retardés car l'étiquette était en français et devait être traduite. Toutefois, les défenseurs des droits humains incarcérés avec Gamal Sorour ont déclaré que les autorités avaient commencé à retenir les médicaments des prisonniers lorsque plusieurs d'entre eux ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention.
Le peuple nubien est un peuple autochtone du Soudan et d'Égypte. Dans la région d'Assouan, ils ont été victimes d'expropriation des terres et déplacés de force par le gouvernement égyptien, et ils sont la cible d'une marginalisation culturelle et de discrimination raciale dans tout le pays.
Gamal Sorour était connu dans la communauté nubienne pour ses années d'activisme pacifique et de soutien à la cause nubienne. Au moment de son décès, il était accusé d'incitation à manifester, de trouble de l'ordre public, et d'avoir participé à des manifestations non autorisées. Des défenseur-ses des droits humains d'Assouan indiquent que 24 détenus arrêtés en même temps que Gamal Sorour, sont détenus dans une cellule et que plusieurs dorment à même le sol.
“Le décès de Gamal montre une escalade choquante de la persécution violente des défenseurs des droits des Nubiens en Égypte. Refuser des soins médicaux aux prisonniers est une totale violation du droit international, mais Gamal n'aurait tout simplement jamais dû se trouver derrière les barreaux."
- Ed O'Donovan, responsable de la protection à Front Line Defenders
Les défenseur-ses des droits humains ont été arrêtés lors d'une marche pacifique le 3 septembre 2017, lors de laquelle la communauté a chanté des chansons pour marquer la fin de l'Aïd al-Adha, et militait pour le "droit au retour" des Nubiens, comme le garantit l'article 236 de la constitution égyptienne de 2014. La manifestation devait avoir lieu dans le centre d'Assouan, mais elle a été déplacée sur la place Midan Al-Guzzayra en raison de la présence des forces de sécurité à l'endroit initial. Huit véhicules des forces de sécurité et deux tanks militaires ont rejoint les manifestants sur la place Midan Al-Guzzayra. Des policiers armés ont physiquement agressé et arrêté 25 personnes, puis les ont placées en détention dans le camp de la sécurité centrale à Shalal. Un mois plus tard, sept autres militants nubiens ont été arrêtés devant le camp de sécurité alors qu'ils manifestaient pacifiquement pour la libération des 25 détenus.
Front Line Defenders condamne fermement le décès du défenseur des droits des Nubiens Gamal Sorour, la négligence médicale de la prison d'Assouan et la persécution des défenseurs pacifiques des droits des populations autochtones en Égypte. Front Line Defenders appelle à l'ouverture immédiate d'une enquête sur les circonstances du décès de Gamal Sorour, suivie de poursuites pénales des autorités responsables. Front Line Defenders appelle également les autorités égyptiennes à cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre les défenseurs des droits du peuple nubien.