La répression contre les femmes défenseuses des droits humains saoudiennes est alarmante
Plus de 30 groupes de défense des droits humains appellent à leur libération
Front Line Defenders et d'autres organisations internationales ont signé la déclaration suivante concernant la récente réaction violente à l'encontre des défenseur-ses des droits humains en Arabie Saoudite.
Les groupes soussignés appellent les autorités saoudiennes à libérer immédiatement et sans condition tous-tes les défenseur-ses des droits arrêtés au cours des deux dernières semaines et placés en détention uniquement pour avoir soutenu les droits des femmes ou des actions pacifiques en faveur des droits humains en Arabie Saoudite. Nous appelons aussi les autorités à immédiatement révéler l'endroit où ils se trouvent, les laisser contacter leurs familles et les avocats de leur choix, à mener des enquêtes transparentes, et à respecter les normes internationales relatives aux procès équitables; nous pensons aussi que toute les charges qui pèsent contre eux doivent être abandonnées et qu'ils doivent être immédiatement libérés. Nous sommes particulièrement alarmés par le fait que certaines des personnes arrêtées puissent être condamnées à de la prison pour leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains, notamment par leurs décennies de campagnes pour la levée de l'interdiction de conduire, ironiquement levée tout juste un mois avant que les autorités ne décident enfin de la lever et de permettre aux femmes du pays de conduire légalement.
Les groupes soussignés connaissent au moins 12 défenseur-ses des droits humains arrêtés par les autorités saoudiennes depuis le 15 mai 2018. Parmi eux il y a des défenseurs et des supporters des campagnes #Oct26driving, #Right2Drive et #IAmMyOwnGuardian qui ont osé dénoncer ouvertement les violations des droits humains dans le pays et qui critiquent la discrimination contre les femmes en Arabie Saoudite. Les organes de presse de l'État ont publiquement taxé de traitres sept défenseuses des droits des femmes et partisans du mouvement de défense des droits des femmes, notamment Loujain Al-Hathloul, éminente défenseuse des droits des femmes sur les réseaux sociaux arrêtée le 15 mai; Dr. Eman Al-Nafjan, fondateur et auteur du Saudiwoman's Weblog, qui avait déjà manifesté contre l'interdiction de voyager; Aziza Al-Yousef, éminente militante pour les droits des femmes; Dr. Ibrahim Al-Modaimegh, avocat et défenseur des droits humains; l'écrivain Mohammad Al-Rabea; Abdulaziz Al-Mesha'al, homme d'affaire et membre du conseil de l'ONG Women's rights; et un homme dont nous ignorons le nom. Les médias publics ont également annoncé l'arrestation d'Ibrahim Fahad Al-Nafjen.
Les défenseur-ses des droits humains saoudiens ont également confirmé l'arrestation de quatre autres défenseuses des droits des femmes qui ont été libérées depuis, dont: Dr. Aisha Al-Manae, Dr. Hessa Al-Sheikh et Dr. Madeha Al-Ajroush, qui avaient participé au premier mouvement de protestation des femmes qui réclamaient le droit de conduire en 1990. À ce moment-là, 47 femmes avaient été arrêtées pour avoir conduit et elles avaient perdu leurs passeports et leurs emplois. Walaa Al-Shubbar, jeune militante bien connue pour sa participation à la campagne contre le système de tutelle, faisait aussi partie des femmes arrêtées et remises en liberté. Tous sont des universitaires et professionnels qui soutiennent les droits des femmes et aident les survivantes de violences conjugales. Le 23 mai, Dr Aisha Al-Manae a été libérée de prison vraisemblablement pour maladie. Deux jours plus tard, les autorités saoudiennes ont aussi libéré Dr. Hessa Al-Sheikh, Dr. Madeha Al-Ajroush et Walaa Al-Shubbar. On ignore les conditions de leur libération. Depuis, les autorités saoudiennes ont arrêté Mohammad Al-Bajadi, un défenseur des droits humains et membre fondateur de la Civil and Political Rights Association in Saudi Arabia (ACPRA).
Le 19 mai 2018, l'agence officielle Saudi Press Agency (SPA) a publiquement reconnu l'arrestation de sept défenseur-ses et les ont accusés de trahison et de complot contre le pays, pour "avoir organisé des actions qui empiètent sur les principes religieux et nationaux", "communications suspectes avec des entités étrangères", "recrutement de personnes travaillant à des postes gouvernementaux", "financement de groupes hostiles à l'étranger pour saper la sécurité nationale, la stabilité, la paix sociale et détruire la cohésion sociale".
Peu après, des organes de presse officiels et semi-officiels ont commencé à nommer et humilier les défenseur-ses des droits humains détenus en couverture de leurs titres et sur les réseaux sociaux, les taxant de "traitres' et d'agents des ambassades" (عملاء_السفارات#). Il semble que les déclarations de la SPA font directement référence aux défenseur-ses cités par la presse saoudienne.
La SPA a récemment indiqué que 17 personnes avaient été arrêtées depuis le 15 mai, et huit ont été libérées; il reste donc cinq hommes et quatre femmes accusés.
L'actuelle répression contre les femmes DDH, qui a commencé en janvier 2018 lorsque le Gulf Centre for Human Rights et ses partenaires locaux ont confirmé que l'arrestation d'au moins deux femmes, Noha Al-Balawi et Maria Naji, Noha Naji et Maria Naji, faisait partie d'une plus vaste répression contre les défenseur-ses des droits humains qui s'est aggravée au cours des années. Le 10 novembre 2017, la cour pénale spéciale de Riyad a condamné la défenseuse des droits humains Naimah Al-Matrod à six ans de prison. Ces dernières arrestations font suite à des promesses de réformes annoncées en 2017, dans le cadre du plan Vision 2030 en Arabie Saoudite, promu avec enthousiasme par le Prince héritier Mohamed Bin Salman.
Nous sommes extrêmement préoccupés par les conditions et le sort des défenseur-ses des droits humains détenus, car l'on ignore où ils-elles se trouvent, notamment Loujain Al-Hathloul, Eman Al-Nafjan et Aziza Al-Yousef, qui sont toujours détenues au secret. Des sources saoudiennes proches de Loujain Al-Hathloul ont indiqué qu'elle est détenue en représailles à son engagement auprès des mécanismes internationaux des droits humains, tels que l'ONU.
Lors de la 69e session du Comité pour l'élimination de toute forme de discrimination contre les femmes (CEDAW), trois ONG de défense des droits humains ont présenté un rapport qui concluait que les progrès liés aux droits des femmes étaient insuffisants en Arabie Saoudite et que les autorités saoudiennes devaient remédier plus efficacement aux violations continues des droits des femmes.
L'Arabie Saoudite a pris un décret royal en septembre 2017 annonçant que les femmes seraient autorisées à conduire à partir du 24 juin 2018, donnant ainsi l'image promue par les entreprises de relations publiques financées par le pays, que le Prince héritier Mohammed Ben Salman est un réformateur. Cependant, après cette annonce, les dignitaires de la cour royale ont particulièrement mis en garde les défenseuses des droits humains afin qu'elles gardent le silence et qu'elles ne donnent pas d'interviews aux médias ou qu'elle ne postent rien sur les réseaux sociaux.
Nous, les organisations soussignées, exhortons les autorités saoudiennes à:
- Libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, d'association et de rassemblement pacifique, et abandonner toutes les charges portées contre elles;
- Révéler immédiatement l'endroit où se trouve Loujain Al-Hathloul, Eman Al-Nafjan, Aziza Al-Yousef, Mohammad Al-Bajadi, Abdulaziz Al-Mesha'al, Ibrahim Al-Modaimegh, et Mohammad Al-Rabea et les autoriser à accéder immédiatement à leurs familles et aux avocats de leur choix;
- Garantir en toute circonstances l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Arabie Saoudite;
- Mettre fin au harcèlement contre les défenseuses des droits humains, notamment celles qui militent activement et courageusement pour les droits des femmes;
- Autoriser tous les membres de la société saoudienne, y compris les femmes, à exercer leurs droits, notamment le droit à la liberté d'expression, de rassemblement pacifique et d'association, sans craindre d'être la cible d'acharnement judiciaire ou d'autres représailles; et
- Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains, y compris les défenseur-ses des droits des femmes, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.
AGISSEZ MAINTENANT!
Nous appelons tous les supporters à écrire une lettre, à envoyer un e-mail, à téléphoner, envoyer un fax ou un tweet en utilisant le hastag #ReleaseSaudiWHRDs pour exhorter les autorités saoudiennes à appliquer les recommandations faites ci-dessus.
Contactez les dignitaires suivants:
King and Prime Minister
His Majesty King Salman bin Abdul Aziz Al Saud
The Custodian of the two Holy Mosques
Office of His Majesty the King
Royal Court, Riyadh
Kingdom of Saudi Arabia
Fax: (via Ministry of Interior)
+966 11 403 3125 (please keep trying)
Twitter: @KingSalman
Ambassador Prince Khalid bin Salman bin Abdulaziz,
Royal Embassy of Saudi Arabia
601 New Hampshire Ave. NW, Washington DC 20037
Phone: (202) 342-3800 I Fax: 202 295 3625
Email: info@saudiembassy.net
Contact Form: https://www.saudiembassy.net/contact
Twitter: @SaudiEmbassyUSA
Signé,
ARTICLE 19
Al-Marsad - Arab Human Rights Center in Golan Heights
Al-QST
Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB)
Amnesty International
Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI)
Association Marocaine des Droits Humains (AMDH)
Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD)
Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation
Committee for the Respect of Liberties and Human Rights in Tunisia
English PEN
European Centre for Democracy and Human Rights (ECDHR)
European-Saudi Organisation for Human Rights
FIDH, within the framework of the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders
Front Line Defenders
Gulf Centre for Human Rights (GCHR)
Human Rights Watch
International Service for Human Rights (ISHR)
Lawyers for Justice in Libya
Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH)
Maharat Foundation
Organization against Torture in Tunisia
PEN International
Secularism Is A Women's Issue (SIAWI)
Sisters' Arab Forum for Human Rights (SAF)
Tunis Center for Press Freedom
Tunisian Association for the Defence of Academic Values
Tunisian Forum for Economic and Social Rights
Tunisian League for Human Rights (LTDH)
Urgent Action Fund for Women's Human Rights
Vigilance for Democracy and the Civic State
WHRD-MENA Coalition
World Organisation Against Torture (OMCT), within the framework of the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders