L’inculpation des activistes de Mother Nature est une attaque flagrante contre l’activisme
CIVICUS, une alliance mondiale de la société civile, l’Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA), Front Line Defenders et Asia Democracy Network (ADN) condamnent fermement la condamnation, le 2 juillet 2024, de dix activistes associés au groupe environnemental Mother Nature. Nous demandons aux autorités d’annuler cette condamnation injuste et de mettre fin au harcèlement et à la criminalisation des militants au Cambodge.
Le 2 juillet 2024, les activistes Yim Leanghy, Sun Ratha et Alejandro Gonzalez-Davidson ont été condamnés à 8 ans de prison et à une amende de 10 millions de riel (2 434 USD) pour « insulte au roi » (article 437) et « complot » (article 453 du Code pénal). D’autres militants, Thun Ratha, Long Kunthea, Phuon Keoraksmey, Ly Chandaravuth, Binh Piseth, Rai Raksa et Pork Khoeuy, ont été condamnés à six ans de prison pour « complot » et un mandat d’arrêt a été délivré.
Alejandro Gonzalez-Davidson, cofondateur de Mother Nature et ressortissant espagnol, a été condamné par contumace, car il est interdit d’entrée dans le pays depuis 2015, après avoir été expulsé à cause son travail de protection des droits de l’environnement.
Après le verdict, quatre des activistes qui se trouvaient à l’extérieur du tribunal à Phnom Penh ont été violemment traînés et arrêtés par la police, tandis qu’un cinquième a été détenu séparément. Les cinq militants ont été envoyés dans des prisons situées à des centaines de kilomètres de leur domicile et de leur famille, ce qui bafoue les normes internationales relatives au traitement des prisonniers.
La condamnation des dix militants est une tentative flagrante de les réduire au silence et de créer un effet dissuasif sur celles et ceux qui veulent s’exprimer sur les questions relatives aux droits humains. Il s’agit d’une violation flagrante du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Cambodge est partie. En vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le gouvernement a l’obligation de protéger les libertés fondamentales et les défenseur⸱ses des droits humains.
Le mouvement Mother Nature est un groupe de défense de l’environnement qui œuvre pour la protection des ressources naturelles du Cambodge. Il soulève des questions concernant le comblement des lacs à Phnom Penh, l’extraction de sable, l’exploitation forestière illégale et la destruction des ressources naturelles dans l’ensemble du pays, et leurs membres sont constamment confrontés à l’acharnement judiciaire et à la prison. Le groupe s’est vu décerner le prix Right Livelihood 2023 pour son travail, mais le tribunal a empêché les membres inculpés de se rendre à Stockholm pour recevoir le prix en personne.
Les accusations de « complot » ont été portées contre eux en 2021 après qu’ils ont documenté l’écoulement de déchets dans la rivière Tonle Sap à Phnom Penh, tandis que les accusations d’insulte au roi sont liées à une déclaration faite lors d’une réunion en ligne en mai 2021. Le procès des activistes s’est ouvert le 24 mai 2024.
Le gouvernement cambodgien du Premier ministre Hun Manet continue d’étouffer l’activisme et l’espace civique dans le pays en harcelant et en emprisonnant les activistes, en particulier ceux qui dénoncent les violations de l’environnement. Le Cambodge doit cesser ses représailles contre Mother Nature et les autres défenseur⸱ses des droits humains.
Nos organisations demandent l’annulation de leurs condamnations et leur libération immédiate et inconditionnelle. Nous exhortons également le gouvernement à cesser d’utiliser des lois restrictives pour criminaliser les défenseur⸱ses des droits humains et les autres militants et à abroger toutes les dispositions du Code pénal qui criminalisent l’exercice des libertés fondamentales au Cambodge.