Confiscation des biens et démolition des maisons de la communauté baha’ie suite aux arrestations, à l’acharnement judiciaire et aux détentions arbitraires de plusieurs défenseur⸱ses des droits humains et leaders communautaires
Selon la Communauté internationale baha’ie (CIB), au moins treize activistes baha’is et défenseur·ses des droits à la liberté de religion, y compris les défenseur·ses Mahvash Sabet, Fariba Kamalabadi et Afif Naemi, sont toujours arbitrairement détenus à Téhéran, Karaj, Sari, Qazvin et Shiraz depuis le 31 juillet 2022. Pendant cette période, les maisons et les commerces de 100 Baha’is en Iran ont fait l’objet de descentes et treize défenseur·ses du droit à la liberté de religion de la communauté baha’ie ont été arrêtés ou emprisonnés, dont Mahvash Sabet, Fariba Kamalabadi et Afif Naemi.
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Lors d’une attaque le 2 août 2022 ciblant la communauté baha’ie en Iran, jusqu’à 200 agents du gouvernement ont bouclé le village de Roushankouh dans la province de Mazandaran, dans le nord de l’Iran, où vivent de nombreux Baha’is et ont démoli leurs maisons avec des engins lourds. Selon la CIB, au moins six maisons ont été détruites et plus de 20 hectares de terres ont été confisqués. Avant le raid, les routes menant au village ont été bloquées, les appareils mobiles de presque toutes les personnes présentes dans le village ont été confisqués et il était interdit de filmer. Tous ceux qui ont essayé de défier les agents ont été arrêtés.
Le 1er août 2022, le ministère iranien du Renseignement a publié une déclaration officielle affirmant que les arrestations qui avaient eu lieu depuis le 31 juillet 2022 concernaient des membres du « parti d’espionnage [politique] baha’i » et que les personnes arrêtées avaient « infiltré les milieux éducatifs » y compris les jardins d’enfants. Le fait de mentionner des jardins d’enfants est un prétexte évident pour cibler un certain nombre de baha’is qui sont instituteurs d’écoles maternelles.
Mahvash Sabet, Fariba Kamalabadi et Afif Naemi sont des défenseur⸱ses des droits humains et anciens leaders de la communauté. Ils sont poursuivis en raison de leurs croyances religieuses et pour avoir défendu les droits de la communauté baha’ie en Iran, qui est persécutée depuis plus de 40 ans en Iran. Les défenseur⸱ses des droits humains ont déjà passé une décennie en prison pour « espionnage, propagande contre la République islamique et création d’une administration illégale » après leur arrestation en 2008. Ils étaient membres d’un groupe connu sous le nom de « Yaran » ou « Amis » de l’Iran, qui, jusqu’en 2008, était une association informelle de leaders de la communauté baha’ie iranienne. Yaran se préoccupait des besoins pastoraux fondamentaux de la communauté ; à ce moment-là, les autorités iraniennes étaient au courant et acceptaient ces activités. Cependant, Yaran a été démantelé après les arrestations et n’a jamais été reformé. L’inactivité qui a suivi au sein du groupe indique que les déclarations du ministère du Renseignement, selon lesquelles les défenseur⸱ses des droits humains sont soi-disant les « membres principaux » du « parti d’espionnage » baha’i, ne peuvent donc être vraies.
Front Line Defenders est vivement préoccupée par la confiscation des biens et la démolition des maisons de la communauté baha’ie, ainsi que par les arrestations, l’acharnement judiciaire et les détentions arbitraires de plusieurs défenseur⸱ses des droits humains et leaders communautaires. Front Line Defenders pense que ces actes sont directement liés à leur travail légitime et pacifique en faveur du droit à la liberté de religion. Depuis plus de 40 ans, le gouvernement iranien persécute les Baha’is et emprisonne celles et ceux qui défendent la liberté de religion, ce qui constitue une violation flagrante de l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui stipule : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement. »
Front Line Defenders exhorte les autorités iraniennes à libérer immédiatement et sans condition tous les défenseur⸱ses des droits humains baha’is arrêtés, notamment Mahvash Sabet, Fariba Kamalabadi et Afif Naemi. En outre, Front Line Defenders exhorte les autorités à mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur les raids et la démolition des maisons ainsi que sur la confiscation des biens, y compris l’accaparement des terres des membres de la communauté baha’ie, en vue de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes nationales et internationales.