Préoccupation pour la sécurité des membres du Movimiento de Mujeres Dominico-Haitianas en République dominicaine
16 décembre 2022. Une vingtaine de personnes, y compris des militaires et des personnes en civil, ont pénétré par effraction dans les bureaux du Mouvement des Femmes Dominicaines-Haïtiennes (MUDHA) sans présenter de mandat, dans la matinée du dimanche 11 décembre. Selon la plainte déposée par l’organisation, les caméras de sécurité montrent comment ils se sont introduits dans le bâtiment à l’aide d’une échelle ; ils ont coupé l’électricité et, une fois à l’intérieur, ont ouvert chaque bureau et les ont fouillés, et ont laissé des objets sur le sol. Le raid a duré environ deux heures. Bien que le gardien se trouvait à l’intérieur du bâtiment, aucune personne ne s’est identifiée comme un agent du parquet et aucune ordonnance du tribunal n’a été présentée avant ou après le raid pour autoriser l’entrée dans le bâtiment.
Le Center for Justice and International Law – CEJIL et Front Line Defenders reconnaissent la lutte sans relâche du MUDHA pour les droits des communautés d’origine haïtienne, en particulier les Dominicains dénationalisés et ceux qui risquent l’apatridie. Nous sommes préoccupés par la perquisition sans mandat des bureaux du MUDHA et nous appelons les autorités dominicaines à fournir des informations complètes sur ce qui s’est passé et à s’assurer que cela ne se reproduise pas.
Le travail d’organisations comme le MUDHA en République dominicaine est mené dans un contexte d’intimidation et de violence contre les défenseur⸱ses des droits humains qui défendent les droits politiques et civils des Dominicains d’origine haïtienne, comme l’a confirmé la Commission interaméricaine des droits humains et comme l’ont documenté nos organisations.
Le Movimiento de Mujeres Dominico-Haitianas (MUDHA) est une organisation de la société civile, qui depuis 1983 défend les droits des communautés d’origine haïtienne en République dominicaine. À travers une équipe technique, le MUDHA met en œuvre des programmes de développement humain sur la santé, l’assistance juridique, les droits civils et humains, et l’éducation des communautés d’ascendance haïtienne, qui constituent une minorité dans le pays et qui sont historiquement victimes de discrimination, de racisme et de xénophobie.
Le CEJIL et Front Line Defenders rejettent toute tentative de harceler, d’intimider ou de menacer les membres du MUDHA en représailles contre leur travail pour les droits des communautés qu’ils accompagnent. De même, nous exprimons notre préoccupation face à l’effet intimidant que ce raid peut avoir contre les membres du MUDHA et toutes les personnes, y compris les défenseur⸱ses des droits humains, et les organisations en République dominicaine qui travaillent en faveur des droits des Haïtiens et des Dominicains d’origine haïtienne. Enfin, nous appelons le gouvernement dominicain à respecter et à garantir le droit de défendre les droits humains dans le pays.