La Chine doit libérer et annuler la condamnation du défenseur des droits culturels tibétain Tashi Wangchuk
Le 22 mai 2020, deux ans se sont écoulés depuis que Tashi Wangchuk (扎西 文 色) a été condamné à cinq ans de prison par un tribunal de la province de Qinghai. Il a été condamné pour "incitation au séparatisme" et est incarcéré à la prison de Dongchuan à Xining, capitale de Qinghai.
Tashi Wangchuk est un défenseur des droits culturels tibétain du comté de Jyekundo à Kham (Yushu, province du Qinghai). Au cours des années qui ont précédé sa détention, Tashi Wangchuk était alarmé par les restrictions croissantes imposées par le gouvernement chinois à l’utilisation et à l’enseignement de la langue tibétaine dans les écoles. Tashi Wangchuk plaide pour le droit des Tibétains d'utiliser et de développer leur propre langue, ce qui est garanti par la Constitution chinoise ainsi que par le droit international relatif aux droits humains. En 2017, l'International Tibet Network a décerné à Tashi Wangchuk la "Médaille du courage Tenzin Delek Rinpoché" en hommage à "son courage et à son dévouement en faveur de la promotion des droits humains et de la justice pour le peuple tibétain".
En mai 2015, Tashi Wangchuk s'est rendu à Pékin pour tenter de porter plainte contre des responsables locaux qui n'ont pas préservé l'utilisation de la langue tibétaine dans les écoles locales, dans des zones à prédominance tibétaine. En septembre 2015, il a été interviewé par des journalistes du New York Times et deux mois plus tard, il a été cité dans un article du journal sur l'érosion de la culture tibétaine et apparaissait dans une courte vidéo d'accompagnement.
Le 27 janvier 2016, Tashi Wangchuk a été arrêté dans le comté de Jyekundo. Il a été jugé le 4 janvier 2018 et condamné le 22 mai 2018 à cinq ans de prison. Le tribunal populaire supérieur de la province de Qinghai a rejeté son appel en juillet 2018 et a confirmé la peine initiale. Depuis début 2019, Tashi Wangchuk s'est vu à plusieurs reprises refuser l'accès à ses avocats par les autorités, les empêchant d'interjeter de nouveaux appels.
En août 2018, la Chine a comparu devant le comité des Nations Unies chargé de surveiller le respect de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale (CERD), de laquelle la Chine fait partie. Le Comité du CERD a interrogé la Chine sur la détention arbitraire de Tibétains et d'autres minorités, dont Tashi Wangchuk. Le Comité s'est également déclaré préoccupé par le fait que "l'enseignement de la langue tibétaine dans les écoles de la région autonome du Tibet n'est pas placé sur un pied d'égalité en droit, en politique et en pratique avec le chinois, et qu'il est considérablement limité."
Depuis, la Chine a ignoré les appels internationaux répétés pour la libération de Tashi Wangchuk. En février 2017, des experts des Nations Unies en matière de droits humains ont envoyé un appel urgent à la Chine, faisant part de leurs préoccupations concernant sa détention ainsi que "son droit limité à l'assistance d'un avocat, le refus de présenter les preuves à charge et les irrégularités de l'enquête pénale". En novembre 2017, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a jugé sa détention contraire aux normes internationales et a demandé sa libération. En février 2018, les experts de l'ONU ont de nouveau écrit à la Chine, afin de faire part de leurs vives inquiétudes quant aux accusations portées contre Tashi Wangchuk qui criminalisent son "plaidoyer en faveur des droits de l'Homme, en particulier sur les questions relatives à la protection des droits linguistiques et culturels des Tibétains.
Sa condamnation a été contestée par des experts de l'ONU, l'Union européenne et le Parlement européen. L'UE a régulièrement appelé la Chine, au Conseil des droits de l'Homme, à libérer Tashi Wangchuk et d'autres défenseur-ses des droits humains, plus récemment en septembre 2019 et en mars 2020.
Front Line Defenders pense que la détention et la condamnation de Tashi Wangchuk sont des actes de représailles directes pour son plaidoyer légitime et pacifique des droits culturels du peuple Tibétain. Elle appelle la Chine à le libérer immédiatement et à annuler sans condition sa condamnation, et à se conformer à l'appel des experts de l'ONU afin de lui accorder un droit exécutoire à une indemnisation et à d'autres réparations pour sa détention arbitraire.