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29 Septembre 2020

Amnesty International contrainte de suspendre ses activités en Inde

Le gouvernement cible de plus en plus les groupes de défense des droits humains

(New York, 30 septembre 2020) - Amnesty International a annoncé qu'elle suspend ses activités dans le pays après que le gouvernement indien a gelé ses comptes bancaires en représailles au travail de l'organisation en faveur des droits humains. Quinze organisations internationales de défense des droits humains ont condamné les actions du gouvernement indien à l'encontre d'Amnesty India et ont juré de continuer à soutenir les organisations et les défenseur-ses des droits humains locaux contre la récente vague de répression.

Les actions du gouvernement indien contre Amnesty India font partie de tactiques de plus en plus répressives visant à faire taire les voix critiques et les groupes œuvrant pour la promotion, la protection et le respect des droits fondamentaux, ont déclaré l'Association for Progressive Communications, Global Indian Progressive Alliance, International Commission of Jurists, International Federation for Human Rights (FIDH), CIVICUS : World Alliance for Citizen Participation, Front Line Defenders, FORUM-ASIA, Foundation the London Story, Hindus for Human Rights, Human Rights Watch, International Service for Human Rights, Minority Rights Group, Odhikar, South Asians for Human Rights (SAHR), et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains.

Le gouvernement mené par le Parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) accuse Amnesty International d'avoir violé la loi sur les financements étrangers, une accusation aux motifs politiques selon le groupe, qui prouve «que le cadre juridique trop large est utilisé de manière malveillante lorsque les défenseurs et les groupes des droits humains contestent les graves inactions et excès du gouvernement ».

Le gouvernement du BJP réprime de plus en plus la société civile en harcelant et intentant des affaires pour des motifs politiques contre les défenseurs des droits humains, les universitaires, les militants étudiants, les journalistes et tous ceux qui critiquent le gouvernement, en vertu des lois sur la sédition, le terrorisme et autres lois répressives.

Ces actions imitent de plus en plus celles des régimes autoritaires, qui ne tolèrent aucune critique et visent sans vergogne ceux qui osent s'exprimer. Face aux critiques croissantes des politiques discriminatoires du gouvernement et des attaques contre l’État de droit, les autorités semblent plus intéressées à tirer sur le messager qu’à répondre aux doléances. Les défenseurs des droits des femmes, des populations autochtones et des minorités sont particulièrement vulnérables. Les récentes actions contre Amnesty International India met en lumière l'intensification de la pression et de la violence ressenties par les défenseurs sur le terrain, quel que soit leur profil.

Les autorités ont plusieurs fois utilisé les réglementations sur les financements étrangers en vertu de la loi sur la régulation des contributions étrangères (FCRA), une loi largement condamnée car elle viole le droit international relatif aux droits humains car elle cible les groupes qui parlent sans détour. Les experts des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains, sur la liberté d'expression et sur la liberté d'association exhortent le gouvernement à abroger la loi, affirmant qu'«elle est de plus en plus utilisée pour faire taire les organisations qui défendent les priorités civiles, politiques, économiques, sociales, environnementales ou culturelles, qui peuvent différer de celles soutenues par le gouvernement. »

Pourtant, le parlement indien a amendé le FCRA ce mois-ci, ajoutant une surveillance gouvernementale plus lourde, des réglementations et des processus de certification supplémentaires, ainsi que des exigences opérationnelles qui auront un impact négatif sur les groupes de la société civile et restreindront effectivement l'accès aux financements étrangers pour les petites organisations non gouvernementales.

Une société civile solide, indépendante et qui parle ouvertement est indispensable dans toute démocratie, pour assurer un contrôle sur le gouvernement, lui demander des comptes et le pousser à mieux faire. Au lieu de s'en prendre aux groupes de défense des droits humains en les considérant comme ses ennemis, le gouvernement devrait travailler avec eux pour protéger les droits de tous et garantir une responsabilité à tous les niveaux du gouvernement.

Pour plus d'informations sur l'Inde, rendez-vous sur : https://www.hrw.org/asia/india

Pour plus d'informations, contactez :

  • Pour Front Line Defenders, à Dublin, Adam Shapiro (anglais): +1-202-294-8813; ou adam@frontlinedefenders.org
  • Pour CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation, à Johannesburg, David Kode (anglais): +27-73-775-8649; ou david.kode@civicus.org. Twitter: @CIVICUSalliance
  • Pour la FIDH, à Paris, Eva Canan (anglais, français): +33-6-48-05-91-57 (mobile); ou ecanan@fidh.org. Twitter: @fidh_en
  • Pour l'International Commission of Jurists, à Genève, Ian Seiderman: ian.seiderman@icj.org
  • Pour l'OMCT, à Genève, Iolanda Jaquemet (anglais français): +41-79-539-41-06; o ij@omct.org. Twitter: @omctorg
  • Pour FORUM-ASIA, South Asia Programme, à Bangkok, Melissa Ananthraj (anglais): sasia@forum-asia.org
  • Pour Human Rights Watch, à London, Meenakshi Ganguly (anglais, Bengali, Hindi): +91-9820-036032; ou gangulm@hrw.org. Twitter: @mg2411
  • Pour South Asians for Human Rights, à Colombo, Nushka Nafeel (anglais): +94-11-2695910; ou communications@southasianrights.org
  • Pour Foundation the London Story, aux Pays-Bas, Ritumbra Manuvie: +31-68-286-5225; ou Manuvie@Thelondonstory.org
  • Pour Hindus for Human Rights, à New York, Sunita Vishwanathan: +1-917-518-2441; ou Sunita@hindusforhumanrights.org
  • Pour Global Indian Progressive Alliance, aux Etats-Unis, Manish Madan: +1-609-878-0508; ou info@gipausa.org. Twitter: @GIPAlliance