À l'occasion du 2e anniversaire de la mort de Cao Shunli, Front Line Defenders réitère son appel afin que les responsables soient traduits en justice.
Le 14 mars 2016 marque le deuxième anniversaire de la mort de Cao Shunli, une défenseuse des droits humains emprisonnée et à qui l'on avait refusé des soins médicaux adaptés pendant cinq mois, avant qu'elle ne décède dans un hôpital militaire à Pékin en 2014.
Depuis son décès, il n'y a pas eu d'enquête publique sur les circonstances qui ont conduit au refus de libération conditionnelle pour raison médicale ou au refus de meilleurs soins médicaux, et aucun dignitaire n'a été tenu publiquement pour responsable de ce décès. Il n'y a aucun effort visible de la part des autorités pour trouver pourquoi une telle tragédie a pu se produire.
À l'occasion du second anniversaire de sa mort, Front Line Defenders appelle de nouveau à l'ouverture d'une enquête indépendante et impartiale sur le décès de Cao Shunli et à ce que les personnes responsables de son traitement soient traduites en justice. En outre, Front Line Defenders appelle le gouvernement chinois à garantir que tous les prisonniers en mauvaise santé puissent bénéficier de soins médicaux adaptés, en toute circonstance, conformément au droit international.
Au lieu d'examiner leurs procédures au lendemain du décès de Cao Shunli, les représailles des autorités chinoises contre les défenseur-ses des droits humains ont redoublé et, malgré l'accent placé sur la rhétorique relative à "l'état de droit", il est évident que l'état de droit pour les défenseur-ses des droits humains est plus éloigné que jamais.
En effet, l'avocate de Cao Shunli, Wang Yu, qui a courageusement lutté contre les autorités en son nom, se retrouve actuellement derrière les barreaux et est accusée d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'État". Elle est l'une des nombreuses défenseuses des droits humains dans le pays à avoir été emprisonnées et condamnées l'an dernier.
La santé de certains détenus est très préoccupante, notamment celle du lauréat du Prix Front Line Defenders 2015 Guo Feixiong, dont la sœur a indiqué fin février qu'il était en "très mauvaise santé" depuis son transfert en prison et sa condamnation à six ans de prison fin novembre.
Le gouvernement chinois doit autoriser de toute urgence les personnes emprisonnées à accéder à des centres de santé et à des soins médicaux adéquats, si leur santé se détériore en prison.
Inutile de dire qu'il est également responsable de garantir que les personnes emprisonnées ne soient pas victimes de torture, ce que Guo Feixiong a subi lors de ses précédentes incarcérations.
Cao Shunli avait disparu le 14 septembre 2013, alors qu'elle s'apprêtait à embarquer dans un vol pour la Suisse pour participer à une formation sur les mécanismes de l'ONU. Sa détention par les agents de l'État a été officiellement reconnue le 28 septembre 2013, et elle n'a pas été autorisée à voir son avocate jusqu'au 30 octobre 2013.
À ce moment-là, Wang Yu avait indiqué que Cao Shunli était extrêmement maigre et qu'elle n'était pas suivie médicalement dans le centre de détention. Les demandes répétées de libération sous caution ont été rejetées et son avocate, ainsi que plusieurs organisations, dont Front Line Defenders, ont mis en lumière la rapide dégradation de sa santé. Elle n'a été transférée dans un centre hospitalier qu'à la mi-février 2014, mais elle était déjà en phase terminale. Elle est décédée le 14 mars 2014.
Cao Shunli militait depuis 2008 pour une plus grande participation de la société civile dans la préparation des rapports pour l'examen Périodique Universel (EPU) et du Plan national d'actions pour les droits humains. En octobre 2012, Cao Shunli a écrit au ministre des Affaires étrangères pour se renseigner sur la participation publique dans la rédaction du Rapport national sur les droits humains pour l'EPU de la Chine qui a eu lieu le 22 octobre 2013, et pour demander que les détails du rapport soient rendus publics.
Le mois suivant, le ministère a répondu que certaines informations qu'elle réclamait ne pouvaient être «révélées au public » en raison de la loi sur les secrets d'États. Cao Shunli et plusieurs défenseur-ses des droits humains ont participé à plusieurs sit-ins devant le ministère des Affaires étrangères à partir de juin 2013 pour réclamer une plus grande participation dans le processus de l'EPU. Ces protestations ont régulièrement été interrompues par la police.