Zainab Al-Khamees convoquée à un interrogatoire
Le 15 octobre 2017, Zainab Al-Khamees a été interdite de voyager alors qu'elle était en route pour la Plateforme de Dublin, un évèvement organisé par Front Line Defenders. La défenseuse a été citée à comparaitre devant le procureur public le 16 octobre 2017.
Zainab Al-Khamees est défenseuse des droits humains et membre de la Bahrain Human Rights Society.
Le 5 septembre 2017, trois véhicules de police et une voiture civile sont arrivés chez la défenseuse Zainab Al-Khamees et ont remis une citation à comparaitre ordonnant à la défenseuse de se présenter devant le parquet général de Manama le 6 septembre à 10h30.
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Le 5 septembre 2017 vers 12h, trois Jeep de la police et un véhicule civil sont arrivés au domicile de Zainab Al-Khamees, dans le village d'A'ali, dans le gouvernorat de Shamaliya au Bahreïn Les policiers ont frappé à la porte avec agressivité et ont crié afin que la défenseuse sorte de la maison. Zainab Al-Khamees n'était pas chez elle à ce moment-là mais une citation à comparaitre à été remise à sa sœur. La citation ordonnait à la défenseuse de se présenter au parquet général de Manama le mercredi 6 septembre 2017 à 10h30 pour un interrogatoire.
Ce n'est pas la première fois que Front Line Defenders signale des actes d'acharnement judiciaire contre Zainab Al-Khamees. Le 15 novembre 2016, Zainab Al-Khamees avait été convoquée à un interrogatoire soit disant pour avoir "pris part à un rassemblement illégal". Elle avait reçu la convocation à l'interrogatoire la veille, suite à une perquisition de son domicile menée par les autorités bahreïnies. Une interdiction de voyager avait ensuite été prononcée contre elle. Le 7 avril 2015, Zainab Al-Khamees avait été interrogée par des représentants bahreïnis pour "incitation à manifester" devant le bâtiment des Nations Unies à Manama.
Selon des défenseur-ses des droits humains bahreïnis, ces convocations à des interrogatoires sont une tactique souvent employée par les autorités bahreïnies pour prononcer des interdictions de voyager et restreindre leur travail et leur plaidoyer international pour les droits humains. Les interdictions de voyager sont fréquemment utilisées pour entraver les activités des défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, leur coopération avec les Nations Unies, ses représentants et les mécanismes relatifs aux droits humains, notamment l'Examen périodique universel et le Conseil des droits de l'Homme.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par le harcèlement continu, les actes d'intimidation et les convocations de la défenseuse des droits humains Zainab Al-Khamees, car il semble qu'elle soit ciblée à cause de son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Bahreïn à:
1. Lever la citation à comparaitre de Zainab Al-Khamees;
2. S'abstenir d'imposer toute restriction à la libre circulation de Zainab Al-Khamees, et cesser toute forme de harcèlement contre elle car il semble que non seulement ces mesures soient liées à ses actions légitimes en faveur des droits humains, mais elles constituent aussi une violation directe de ses droits;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.
Entre le 15 et le 23 novembre, sept défenseur-ses des droits humains bahreïnis ont été convoqués à un interrogatoire par les autorités bahreïnies, dans le cadre d'une vague d'acharnement judiciaire contre les défenseur-ses des droits humains du pays. Le 23 novembre, Mme Ebtisam Al-Saegh a été interrogée par l'unité des cybercrimes après avoir été convoquée sans raison donnée. Le même jour, Mme Rula Al-Saffar a été interrogée après avoir été convoquée par le parquet du Bahreïn. Le 17 novembre, M. Hussain Radhi et M. Nader Abd-al-Imam ont également été interrogés par le parquet du Bahreïn après avoir reçu une convocation la veille. Le 16 novembre, Ibrahim Al-Demistani a aussi été interrogé par le parquet du Bahreïn. Le 15 novembre, le parquet a interrogé Mme Nedal Al-Salman, ainsi que Mme Zainab Al-Khamees.
Le 23 novembre, Ebtisam Al-Saegh et Rula Al-Saffar ont été interrogées par le parquet du Bahreïn à propos de messages postés sur Twitter et ont été accusées d'incitation à la haine contre le régime du Bahreïn et d'avoir menacé la sécurité publique. Les deux défenseuses sont actuellement sous le coup d'une interdiction de voyager. Hussain Radhi et Nader Abd-al-Imam ont été interrogés à propos de tweets postés à propos des besoins publics au Bahreïn et d'un rapport des Nations Unies sur les cas de persécution sectaire dans le pays. Le 16 novembre, Ibrahim Al-Demistani a été interrogé à propos de fausses allégations quant à sa participation à un rassemblement le 11 août 2016 à Duraz. Il dément toute participation à ce rassemblement. Le 15 novembre, Nedal Al-Salman a aussi été interrogée à propos de fausses allégations là aussi liées à sa participation présumée à un rassemblement à Duraz. Elle dément toute participation à ce rassemblement. De même, le 15 novembre, Zainab Khamees a été interrogée à propos de sa participation à un "rassemblement illégal"- elle avait reçu une convocation la veille après que les forces de sécurité ont perquisitionné sa maison.
Entre le 7 et le 14 novembre, Front Line Defenders a constaté que 10 autres défenseur-ses des droits humains ont été interrogés par les autorités du Bahreïn. Parmi eux se trouvent Abdulnabi Al-Ekry, Jalila Salman, Muhammad Al-Tajer, Enas Oun et Ahmed Al-Saffar. Selon des défenseur-ses des droits humains bahreïnis, les autorités bahreïnies utilisent ces convocations à des interrogatoires comme raison pour les placer sous des interdictions de voyager et cela restreint leur travail au niveau international en faveur des droits humains au Bahreïn. Les interdictions de voyager sont régulièrement utilisées pour entraver les activités des défenseur-ses des droits humains au Bahreïn. Le 29 août 2016, la défenseuse des droits humains Nedal Al-Salman n'a pas été autorisée à se rendre à Doha depuis l'aéroport international du Bahreïn. Par ailleurs, en août 2016, l'avocat en droits humains M. Mohammed Al-Tajer et la défenseuse Enas Oun n'ont pas été autorisés à voyager depuis l'aéroport international du Bahreïn. Le 7 juillet 2016, le journaliste et défenseur des droits humains Ahmed Radhi n'a pas été autorisé à se rendre à Oman. Le 12 juin 2016, les forces bahreïnies de sécurité de l'aéroport international du Bahreïn ont empêché trois défenseur-ses des droits humains, M. Hussain Radhi, Mme Ebtisam Al-Saegh et M. Ibrahim Al-Demistani, de se rendre à Genève où ils devaient assister à une session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et participer à une rencontre parallèle sur la situation des droits humains au Bahreïn. Les défenseur-ses des droits humains Abdulnabi Al-Ekry et la journaliste Nazeeha Saeed ont aussi été interdits de voyager en juin.
À l'occasion d'un autre incident, le 15 novembre, la famille du défenseur emprisonné M. Saeed Al-Samahiji a signalé la détérioration de sa santé dans la prison Jaw au Bahreïn, car il a été privé de médicaments; le défenseur souffre de migraines chroniques. Saeed Al-Samahiji est ophtalmologiste; il avait étendu ses services médicaux aux manifestants blessés pendant le soulèvement populaire au Bahreïn en 2011.
Front Line Defenders condamne le récent acharnement judiciaire contre les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, et toutes les interdiction de voyager imposées aux défenseur-ses, car il semble que ces actes soient uniquement motivés par leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains au Bahreïn. Front Line Defenders est également très préoccupée par le maintien en détention de Saeed Al-Samahiji et par le fait qu'il ne puisse pas accéder à des soins médicaux.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Bahreïn à:
1. Cesser toute forme d'acharnement judiciaire contre les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn;
2. Annuler immédiatement et sans condition l'interdiction de voyager prononcée contre tous les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, car Front Line Defenders pense qu'ils sont pris pour cible uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;
3. Libérer immédiatement et sans condition Saeed Al-Samahiji, abandonner toutes les charges portées contre lui et lui fournir immédiatement et sans condition des soins médicaux;
4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.