La défenseuse des droits humains Rabiyya Mammadova enlevée et agressée

Le 8 mars 2021, la défenseuse des droits humains Rabiyya Mammadova a été enlevée et agressée par trois personnes en civil alors qu’elle se rendait à la marche organisée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes à Bakou. Elle souffre d'une blessure à la gorge, au bras gauche et à l'oreille droite, ce qui provoque une surdité partielle.

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Rabiyya Mammadova est une éminente défenseuse des droits humains et militante pour l'égalité des genres. Elle participe à l'organisation de manifestations pacifiques pour protester contre l'inégalité et la discrimination entre les sexes, et des manifestations contre la fraude électorale en Azerbaïdjan en 2019 et 2020. Rabiyya Mammadova est également membre du conseil d'administration du Nida Civic Movement, un mouvement fondé en 2011 pour parvenir à des changements démocratiques et sociaux en Azerbaïdjan.

Le 8 mars 2021, Rabiyya Mammadova était en route pour la marche des femmes organisée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, à bord d'un taxi, lorsque trois personnes en civil, que la défenseuse des droits humains ne connaissait pas, sont montées dans la voiture. Les trois hommes ont fait descendre de force Rabiyya Mammadova du taxi et l'ont contrainte à montrer dans une voiture sans immatriculation avant de la conduire au poste de police n°37 à Bakou. Ils n'ont rien dit à Rabiyya Mammadova à propos des motifs de cet enlèvement.

Une fois devant le poste de police, deux des hommes sont sortis du véhicule tandis que l'autre lui a asséné un coup de poing dans l'oreille pour l'assommer. Des policiers témoins de l'incident à l'extérieur du poste ont tenté d'arrêter l'agresseur, qui leur aurait dit que lui et les deux autres hommes suivaient les ordres du sous-chef du service de police de la ville avant de passer Rabiyya Mammadova à tabac. À la suite de l'attaque, la défenseuse des droits humains a été conduite dans le poste de police pendant environ 40 minutes, et pendant tout ce temps elle n'a reçu aucune assistance médicale. Les policiers ont déclaré à Rabiyya Mammadova que les trois hommes qui l'avaient enlevée travaillaient pour le Département principal contre le crime organisé. Son avocat a fini par être informé de l'incident et a immédiatement envoyé une ambulance au poste de police. En apprenant que l'ambulance était en route, les policiers ont forcé Rabiyya Mammadova à quitter le poste.

L'ambulance a recueilli la défenseuse des droits humains devant le poste et l'a emmenée à l'hôpital Sabunchu №3, où elle a été diagnostiquée avec une blessure au bras gauche, une blessure à la gorge, une blessure à l'oreille droite et une surdité partielle liée à cette dernière blessure. L’avocat de Rabiyya Mammadova a déposé une plainte auprès du Bureau du Procureur général et du Médiateur concernant l’enlèvement et l’agression. La défenseuse des droits humains a depuis reçu des messages sur son téléphone de la part d'inconnus, notamment des critiques du féminisme, des menaces et des photos de nus. Avant l'incident du 8 mars, elle avait aussi reçu des menaces liées à ses actions en faveur des droits humains.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par l'enlèvement et l'agression de la défenseuse des droits humains Rabiyya Mammadova, car il semble qu’elle soit ciblée uniquement en raison de son travail de promotion et de protection des droits des femmes en Azerbaïdjan. Cet enlèvement et cette attaque surviennent à un moment où d'autres défenseuses des droits humains dans le pays sont soumises à des campagnes d'intimidation et de dénigrement en représailles contre leur travail légitime en faveur des droits humains, des droits des femmes et de l'égalité des sexes, dans le but de faire pression sur elles pour qu'elles cessent ce travail. Front Line Defenders condamne l'intimidation et les actions ciblées contre la défenseuse des droits humains, car elles peuvent avoir un effet dissuasif sur la société civile et car elles ne favorisent pas la création d'un environnement sûr et favorable pour les défenseur-ses des droits humains en Azerbaïdjan.