Arrestation illégale et agression du défenseur des droits humains et journaliste Tharindu Uduwaragedara

Le 28 juillet 2023, Tharindu Uduwaragedara, journaliste et défenseur des droits humains sri-lankais, a été agressé et arrêté illégalement par la police de Borella alors qu’il couvrait une manifestation pacifique à Colombo, au Sri Lanka. La police a agressé et insulté le défenseur et l’a accusé d’être un traître national travaillant pour des fonds étrangers. Le défenseur des droits humains a été détenu au poste de police de Borella et a comparu devant le premier magistrat de Colombo le lendemain, le 29 juillet 2023. Il a été libéré sous caution sur ordre du juge en chef, mais est resté à l’hôpital pour y être soigné.

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Tharindu Uduwaragedara est défenseur des droits humains et journaliste indépendant. Il fait preuve d’un esprit critique lorsqu’il couvre les questions sociales et met en lumière les violations auxquelles sont confrontées les communautés opprimées et vulnérables. En tant que défenseur des droits humains, il plaide pour la liberté d’expression, documente et participe à des manifestations pacifiques dans tout le pays. Il est un membre actif de la Sri Lanka Young Journalists’ Association (SLYJA) et de la Sri Lanka Working Journalists Association (SLWJA). Il travaille pour plusieurs journaux en langue cinghalaise, dont Ravaya et Anidda, connus pour leur journalisme d’investigation et leur critique ouverte du gouvernement. Tharindu Uduwaragedara possède sa propre chaîne YouTube, Satahan Radio, consacrée à des reportages indépendants sur les questions sociales et les violations des droits humains.

Le 28 juillet 2023, le défenseur des droits humains Tharindu Uduwaragedara a été arrêté alors qu’il couvrait une manifestation pacifique organisée par le syndicat Joint Development Officers et d’autres syndicats contre les actions du gouvernement qui ont un impact négatif sur les fonds de pension, leur incapacité à traiter les problèmes des travailleurs et les lois injustes sur le travail sous couvert de la restructuration de la dette intérieure. Alors que Tharindu Uduwaragedara s’approchait du lieu de la manifestation sur Cotta Road à Borella, il a remarqué qu’un véhicule de la brigade antiémeute de la police roulait imprudemment en direction des manifestants pacifiques. Préoccupé par la situation, il est sorti de son véhicule et s’est dirigé vers les manifestants pour filmer l’incident. La police a répondu à la manifestation pacifique en employant une force disproportionnée, en lançant des pierres et en tirant des gaz lacrymogènes et avec des canons à eau sur les manifestants. Vers 14 heures, Tharindu Uduwaragedara est monté dans un véhicule à trois roues et a tenté de quitter le lieu de la manifestation tout en enregistrant les violences policières sur son téléphone. La police a arrêté son véhicule, a tiré le défenseur des droits humains par les cheveux et l’a brutalement battu avant de le forcer à monter dans une jeep de la police. Alors qu’il était conduit au poste de police de Borella, le défenseur a été passé à tabac et agressé verbalement par deux officiers à l’intérieur de la jeep.

Suite à son arrestation le 28 juillet 2023, Tharindu Uduwaragedara a été détenu au poste de police de Borella pendant près de 16 heures, avant d’être déféré devant le médecin judiciaire. Le même jour, vers 15 h 30, sur la base d’une plainte déposée par la SLYJA auprès de la Commission des droits de l’homme du Sri Lanka (HRCSL), deux agents de cet organisme se sont rendus au poste de police de Borella. Le défenseur des droits humains s’est vu refuser un traitement médical pour ses blessures malgré plusieurs demandes, notamment de la part de ses avocats et de la HRCSL.

La police a enregistré la déclaration de Tharindu Uduwaragedara aux premières heures du 29 juillet, vers 1 h du matin. Ce jour-là, vers 8 heures du matin, le défenseur a été emmené aux urgences de l’hôpital national de Colombo, sur recommandation du médecin judiciaire. Tharindu Uduwaragedara a ensuite été admis à l’hôpital national de Colombo pour y recevoir des soins. Dans la soirée du 29 juillet 2023, Tharindu Uduwaragedara a été présenté au Juge en chef de Colombo. La police a accusé le défenseur des droits humains d’infractions graves au code pénal du Sri Lanka, notamment de rassemblement illégal, de troubles de l’ordre public et de dégradation de biens publics. Tharindu Uduwaragedara a été libéré sous caution par le tribunal le même jour, mais a été hospitalisé pour des soins supplémentaires.

Ce n’est pas la première fois que Tharindu Uduwaragedara est la cible de représailles à cause de son travail et de ses reportages. Le 4 juillet 2023, il a été interrogé pendant près de trois heures par la division d’enquêtes sur les crimes informatiques (CCID) du département d’investigation criminelle (CID) suite à un point presse au cours duquel il s’est prononcé contre l’arrestation de l’humoriste Nathasha Edirisooriya. Tharindu Uduwaragedara et plusieurs autres défenseur⸱ses des droits humains qui ont pris la parole lors du point presse ont été accusés d’outrage à la cour par des représentants d’un groupe d’extrême droite, ce qui a entraîné l’ouverture d’une enquête à son encontre.

Le 28 juin 2022, Tharindu Uduwaragedara a été interrogé au siège du CID à Colombo, au sujet du contenu de sa chaîne YouTube, sur la base d’une plainte déposée contre lui par la division des renseignements de l’armée de l’air sri-lankaise.

Front Line Defenders condamne fermement l’agression, les insultes et l’arrestation arbitraire de Tharindu Uduwaragedara, qui constituent des représailles contre son travail en faveur des droits humains, et entravent clairement son droit de rendre compte et de travailler librement en tant que journaliste. Son traitement s’inscrit dans un contexte plus large de représailles contre les défenseur⸱ses des droits humains et les journalistes qui expriment pacifiquement leur désaccord avec les politiques du gouvernement au Sri Lanka.