Tbilisi Pride annule la marche des fiertés après l'attaque de ses bureaux par des groupes d'extrême droite

Le 5 juillet 2021, des défenseur-ses des droits LGBTQI+ ont été contraints d’annuler la " Marche pour la dignité ", l’événement final organisé à l'occasion de la semaine de la fierté à Tbilissi, après que des groupes d’extrême droite ont pris d’assaut les bureaux de Tbilissi Pride, du Shame Movement et de l'Human Rights House Tbilissi, et ont attaqué un certain nombre de journalistes. En conséquence, plus de 50 personnes, dont des journalistes et un défenseur des droits humains, ont été blessées, et nombre d'entre elles ont eu besoin de soins médicaux à l’hôpital. Le 11 juillet 2021, l’un des journalistes agressés, le cameraman Alexander Lashkarava, a été retrouvé mort chez lui.

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Tbilissi Pride est le syndicat des personnes et des alliés LGBTQI+ qui organise la semaine annuelle de la fierté à Tbilissi. L'organisation mène également des campagnes médiatiques, plaide pour des changements politiques et lutte pour la reconnaissance des droits des personnes LGBTQI+.

Le 1er juillet 2021, les militants LGBTQI+ ont lancé les cinq jours de célébrations de la fierté LGBTQI+ et avaient prévu la "Marche pour la dignité" le lundi 5 juillet dans le centre de Tbilissi. Cependant, des centaines de membres de groupes de droite ont tenté de perturber les événements de la Fierté. Par exemple, le 1er juillet 2021, les invités et les diplomates qui ont assisté à la projection du documentaire de la " Marche d’honneur ", sur les problèmes auxquels font face les minorités sexuelles en Géorgie, ont été insultés et bombardés d’œufs. Le même jour, les dirigeants de l’Église orthodoxe géorgienne se sont publiquement opposés aux événements célébrant la Fierté, et ont appelé leurs fidèles à venir pour un service de prière le 5 juillet pour montrer leur renoncement aux questions LGBTQI+. Par conséquent, la plupart des événements ont eu lieu dans des espaces sûrs.

Le 5 juillet 2021, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Tbilissi contre la marche des Fiertés et ont attaqué des militants et des journalistes, les accusant de répandre des "sentiments anti-géorgiens." Plus de 50 personnes, dont des journalistes et un défenseur des droits humains, ont été blessées, et nombre d'entre elles ont dû se rendre à l’hôpital. La plupart ont été grièvement blessés : fracture du crâne, commotions, yeux blessés, dents cassées et ecchymoses. Le même jour, des manifestants anti-LGBTQI+ sont montés sur le balcon du bureau de Tbilissi Pride, ont déchiré un drapeau arc-en-ciel, cassé les fenêtres et saccagé le bureau de l'organisation. Une vidéo des dégats liés à ce vandalisme a été publiée par un membre de Tbilissi Pride, Tamaz Sozashvili.

Les membres du personnel du Shame Movement, qui accueillaient les organisateurs de la Fierté de Tbilissi, ont été forcés d’évacuer. Des manifestants anti-LGBTQI+ ont également lancé un engin incendiaire dans la cour de l’organisation Human Rights House Tbilissi, un autre membre de Tbilissi Pride.

Pendant les manifestations et les attaques anti-LGBTQI+, de petits groupes de policiers n’ont pas pu apporter suffisamment de soutien et de protection aux militants et aux journalistes. Au lieu de garantir leur sécurité, le ministère de l’Intérieur a appelé les participants de Tbilissi Pride à s’abstenir de marcher. Par conséquent, l’équipe de Tbilissi Pride a déclaré qu’elle ne pouvait pas mettre en danger la vie des gens et a annulé la marche.

Le 6 juillet 2021, plusieurs milliers de militants civiques et de citoyens ordinaires se sont rassemblés sur l’avenue Rustaveli devant le Parlement pour un « rassemblement silencieux » afin de montrer leur soutien aux défenseur-ses des droits des LGBTQI+, aux journalistes et aux organisateurs de la Fierté. Les manifestants homophobes ont continué à essayer de briser les lignes de police et ont lancé des pierres, du verre et d’autres objets aux participants du rassemblement silencieux. Des dizaines de manifestants anti-LGBTQI+ ont été arrêtés, mais l'on ignore s'ils ont été emmenés au poste de police ou non.

Le 11 juillet 2021, le journaliste Alexander Lashkarava, qui faisait partie des personnes passées à tabac lors des attaques contre les bureaux de Tbilissi Pride, Shame Movement et Human Rights House Tbilissi le 5 juillet 2021, a été retrouvé mort chez lui. Selon ses collègues, il a souffert de multiples blessures et a dû subir une intervention chirurgicale, mais il est sorti de l’hôpital le 8 juillet. La police a lancé une enquête sur la mort d’Alexander Lashkarava.

Ce n’est pas la première fois que la violence éclate lors d’une marche des Fiertés à Tbilissi. En 2013, des milliers de partisans ultra-conservateurs de l’Église orthodoxe ont attaqué un défilé de la Fierté qui marquait la Journée internationale contre l’homophobie. Les défenseur-ses et militant-es des droits humains LGBTQI+ avaient dû monter à bord de bus fournis par la police pour échapper à la foule, qui les a poursuivis sur la place principale de la capitale, lançant des pierres, brisant des fenêtres et menaçant de les tuer. En 2019, des centaines de militants d’extrême droite ont brûlé des drapeaux arc-en-ciel à Tbilissi pour protester contre la projection d’un film LGBTQI+ nominé aux Oscars.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par les attaques contre les défenseur-ses des droits LGBTQI+ et les bureaux de Tbilissi Pride, du Shame Movement et de l'Human Rights House Tbilissi, car il semble qu’ils soient ciblés uniquement en raison de leur travail de promotion et de protection des droits des LGBTQI+ en Géorgie. Front Line Defenders condamne l’intimidation et les actions ciblées contre les défenseur-ses des droits LGBTQI+ et des journalistes, qui peuvent avoir un effet paralysant sur la société civile, et freinent la création d’un environnement sûr et propice dans lequel les défenseur-ses des droits humains et les journalistes peuvent accomplir leur travail en Géorgie.