Des étudiants défenseur-ses des droits humains risquent d'être exclus pour avoir organisé une manifestation contre la corruption
Le 9 décembre 2016, les étudiants défenseur-ses des droits humains Mme Anis Syafiqah, M. Luqman Nul Haqim, M. Luqman Hakim et M. Suhail Wan Azahar ont été présentés devant une commission disciplinaire et reconnus coupables d'avoir violé la loi de 1971 sur les universités (UUCA). Ils risquent d'être exclus de l'Universiti Malaya (Université de Malaya) à Kuala Lumpur, pour leur implication dans l'organisation d'un rassemblement pacifique contre la corruption de responsables du gouvernement le 27 août 2016. Le 18 novembre, à l'occasion d'un autre incident, deux des étudiants défenseur-ses des droits humains avaient été arrêtés par la police malaisienne.
Luqman Nul Haqim est un membre du comité du Kesatuan Mahasiswa Malaysia- KESATUAN (syndicat des diplômés malaisiens).
Le 9 décembre 2016, les étudiants défenseur-ses des droits humains Mme Anis Syafiqah, M. Luqman Nul Haqim, M. Luqman Hakim et M. Suhail Wan Azahar ont été présentés devant une commission disciplinaire et reconnus coupables d'avoir violé la loi de 1971 sur les universités (UUCA). Ils risquent d'être exclus de l'Universiti Malaya (Université de Malaya) à Kuala Lumpur, pour leur implication dans l'organisation d'un rassemblement pacifique contre la corruption de responsables du gouvernement le 27 août 2016. Le 18 novembre, à l'occasion d'un autre incident, deux des étudiants défenseur-ses des droits humains avaient été arrêtés par la police malaisienne.
Anis Syfiqah est présidente de Kesatuan Mahasiswa Malaysia- KESATUAN (syndicat des diplômés malaisiens) et Luqman Nul Haqim est membre du comité du même syndicat. Luqman Hakim est président de Persatuan Mahasiswa Islam Universiti Malaya- PMIUM (syndicat des étudiants de l'université de Malaya) et Suhail Wan Azahar est membre du comité de Persatuan Mahasiswa Islam (Société des étudiants islamiques) à l'université de Malaya. Ces quatre personnes sont étudiants et défenseur-ses des droits humains; ils ont participé à l'organisation d'un rassemblement pacifique appelé "Tangkap Malaysian Official 1" (Arrêtez les dignitaires malaisiens 1) contre la corruption au sein de l'État et l'usage frauduleux d'une fondation publique, la 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Les défenseur-ses des droits humains sont également impliqués dans des mouvements pro-démocratie plus importants, notamment des campagnes en faveur de réformes électorales. Le 8 décembre 2016, les quatre défenseurs des droits humains ont reçu le prix Suaram pour les droits humains 2016 (Suaram Human Rights Award) pour récompenser leur travail.
La 1MDB a été fondée pour booster l'économie malaisienne par le biais d'investissements et d'accords sur l'infrastructure avec des organisations étrangères. Elle était initialement supervisée par le Premier ministre malaisien, M. Najib, et a commencé à attirer l'attention et à faire l'objet d'enquêtes nationales et internationales après avoir creusé une dette de 11 milliards de dollars US et d'être en défaut de paiement. Les autorités américaines affirment que 3,5 milliards de dollars du fond national malaisien pour la santé 1MDB ont été détournés et blanchis par le biais du système financier américain. Selon cette enquête, des dignitaires malaisiens sont responsables de cette fraude. Les "dignitaires malaisiens 1" ont été mentionnés 30 fois dans la plainte et auraient reçu 731 millions de dollars de fonds détournés. Le 7 octobre 2015, la Conférence des dirigeants avait fait part de ses inquiétudes à propos du scandale 1MDB, et exhorte le gouvernement à terminer l'enquête et à prendre les mesures appropriées. Cependant, l'enquête n'a pas progressé et personne n'a été arrêté dans le cadre de cette affaire. Le 27 août 2016, les quatre défenseur-ses des droits humains ont organisé le rassemblement ‘Tangkap Malaysian Official 1’, qui appelait à l'arrestation et à l'ouverture d'une enquête sur les "dignitaires malaisiens 1".
Le 9 décembre 2016, les quatre défenseur-ses des droits humains ont été reconnus coupables par la commission disciplinaire, en vertu de la loi de 1971 sur les universités (UUCA) d'avoir "agi au détriment et de façon préjudiciable aux intérêts et à la bonne réputation de l'université" et "d'avoir agi au détriment de la sécurité publique" pour avoir organisé et participé au rassemblement Tangkap MO1. Une décision écrite concernant les détails de la procédure disciplinaire sera rendue dans les 14 jours. Les quatre défenseurs des droits humains risquent une ou plusieurs sanctions: un avertissement, une amende maximum de 200 RM (0,2€), une interdiction d'entrer dans certaines parties de l'université pour une durée déterminée, la suspension de l'université pour une durée déterminée ou l'exclusion de l'université. Le 22 octobre 2016, l'université de Malaya a adressé une lettre aux quatre étudiants pour les convoquer à une audience disciplinaire le 9 décembre.
Le 18 novembre, la veille du rassemblement de protestation Bersih 5 appelant à des réformes électorales, deux des quatre étudiants ont été placés en détention. La police a arrêté Luqman Nul Haqim à 18h30 à Genting Sempah alors qu'il se rendait à une soirée avant la tenue de Bersih, et à 21h15, les policiers se sont rendus chez Anis Syafiqah à Petaling Jaya pour l'arrêter. Luqman Nul Haqim et Anis Syafiqah ont été détenus au siège de la police de Kuala Lumpur et libérés le 20 novembre.
La détention des étudiants fait partie d'une campagne de détention menée par les autorités malaisiennes pour cibler les défenseur-ses des droits humains. Front Line Defenders a déjà lancé un appel à propos de l'arrestation des défenseur-ses des droits humains Maria Chin Abdullah et Mandeep Singh, également arrêtés le 18 novembre 2016 en lien avec le rassemblement Bersih 5.
Front Line Defenders est préoccupée par les procédures disciplinaires ouvertes contre Anis Syafiqah, Luqman Nul Haqim, Luqman Hakim et Suhail Wan Azahar, ainsi que par la détention de deux d'entre eux, car il semble que tout cela soit motivé par leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités de l'université de Malaya et les autorités malaisiennes à:
1. Annuler immédiatement les procédures disciplinaires contre Anis Syafiqah, Luqman Nul Haqim, Luqman Hakim et Suhail Wan Azahar, car il semble que tout cela soit uniquement motivé par leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;
2. Cesser immédiatement de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Malaisie et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris la détention et l'acharnement judiciaire.