Arrestation de plusieurs membres du Congreso de los Pueblos et du CISBCSC

Des actions coordonnées ont été menées entre le 21 et le 22 mars 2017, lors desquelles la police et l'armée nationale ont perquisitionné les maisons et arrêté plusieurs leaders sociaux et défenseur-ses des droits humains de différentes municipalités dans le sud du département de Bolivar en Colombie. Les personnes arrêtées sont Milena Quiroz Jiménez, Isidro Alarcón Bohorquez, Francisco Zabaleta et la fille de Joaquin Gomez. La police a aussi tenté d'arrêter Arisolina Rodríguez alors qu'elle participait à un évènement, mais d'autres participants les en ont empêché.

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Milena Quiroz Jiménez est leader dans le secteur social depuis plus de 15 ans. Elle est porte-parole de la Comisión de Interlocución del Sur de Bolívar, Centro y Sur del Cesar (CISBCSC) et représentante juridique de la Cooperativa Multiactiva de Arenal – COMUARENAL et du Consejo de Comunidades Negras Casimira Olave Arincon Amela. Elle est leader du Congreso de los Pueblos et de la Cumbre Agraria Etnica y Popular (Sommet agraire ethnique et populaire), où elle dirige des projets de production menés par la Cumbre Agraria avec le ministère de l'Agriculture et du développement rural.

Arisolina Rodríguez, Isidro Alarcón Bohorquez et Joaquin Gomez sont des leaders locaux à MicoHumado. Francisco Zabaleta est représentant légal de l'Association des mineurs de Casa de Barro. Ces mouvements constituent la Comisión de Interlocución del Sur de Bolívar, Centro y Sur del Cesar- CISBCSC et le Congreso de los Pueblos.

Le Congreso de los Pueblos est un mouvement social qui rassemble différents secteurs et acteurs sociaux. Depuis son lancement en 2010, il joue un rôle important dans la mobilisation sociale en Colombie, en particulier pendant les grèves du secteur agricole de 2013, 2014 et 2016. CISBCSC est un mouvement social qui a gagné du soutien dans le sud du département de Bolivar et dans le centre et le sud du Cesar depuis les 12 dernières années. Il coordonne le dialogue entre les communautés du sud du Bolivar, du centre et du sud de Cesar, de l'Esperanza Norte et Puerto Wilches à Santander et le gouvernement national. 

Dans le cadre de plusieurs actions coordonnées menées entre le 21 et le 22 mars 2017, la police et l'armée nationale ont perquisitionné les maisons et arrêté plusieurs leaders sociaux et défenseur-ses des droits humains de différentes municipalités dans le sud du département de Bolivar. Milena Quiroz et Isidro Alarcon ont été arrêtés chez eux dans la municipalité d'Arenal et Francisco Zabaleta a été arrêté chez lui à Norosi. Lors d'une autre opération, les autorités ne sont pas parvenues à localiser Joaquin Gomez et ont arrêté sa fille. Joaquin Gomez a été menacé par des forces paramilitaires quelques jours plus tôt seulement. Les défenseur-ses des droits humains n'ont pas été informés des accusations qui pèsent contre eux et aucun mandat n'a été présenté lors de leur arrestation, à l'exception de Milena Quiroz, à qui la police a présenté un mandat l'accusant de "complot visant à commettre un crime".

Arisolina Rodríguez s'était rendue de Micohumado à Barrancabermeja pour assister à un évènement sur la participation de la société civile dans l'application du processus de paix, organisé par des organisations de Barrancabermeja. Des policiers sont arrivés à cet évènement pour arrêter la défenseuse, mais d'autres participants les ont empêcher de l'arrêter.

L'arrestation de ces leaders sociaux a eu lieu dans un contexte de militarisation du centre urbain de Micohumado, de paramilitarisation de la région et d'une accentuation des menaces contre les leaders dans la région. Selon certaines sources, ils ont été arrêtés en raison de liens présumés avec des groupes de la guérilla.

L'État colombien a déjà accusé des leaders sociaux d'être liés à des groupes de la guérilla sans preuve concrète. Les mouvements locaux considèrent que cette nouvelle répression a pour but de saboter la participation du secteur social aux négociations pour la paix avec l'Armée de libération nationale, ELN, qui ont commencé à Quito en Équateur en février dernier.

Front Line Defenders est préoccupée par l'arrestation des défenseur-ses des droits humains Milena Quiroz Jiménez, Isidro Alarcón Bohorquez et Francisco Zabaleta, ainsi que de la fille de Joaquin Gomez, et par la tentative d'arrestation d'Arisolina Rodríguez, car cela semble lié à leur travail en faveur des droits humains et à leur rôle de leaders au sein de leurs communautés. Front Line Defenders est également préoccupée par la stigmatisation continue des leaders sociaux en Colombie, notamment les défenseur-ses qui travaillent dans des zones historiquement affectées par la présence de groupes armés illégaux.
 

Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à :

1. Libérer immédiatement et sans condition Milena Quiroz Jiménez, Isidro Alarcón Bohorquez et Francisco Zabaleta, ainsi que la fille de Joaquin Gomez;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de tous-tes les défenseur-ses des droits humains et leurs familles;

3. Mener immédiatement une enquête impartiale et approfondie sur les allégations portées contre tous-tes les défenseur-ses des droits humains;

4. Cesser immédiatement de cibler les défenseur-ses des droits humains en Colombie et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.