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Représailles contre des manifestants pacifiques, notamment le défenseur des droits humains Chintaka Rajapakse et le défenseur du droit à l’éducation et leader étudiant Wasantha Mudalige

Statut: 
Représailles
À propos de la situation

Le 18 août 2022, la police sri-lankaise a employé une force disproportionnée contre des manifestants pacifiques à Colombo, en utilisant notamment du gaz lacrymogène, des canons à eau et des matraques. 20 manifestants, dont le défenseur des droits humains Chinthaka Rajapaksa et le leader étudiant et défenseur du droit à l’éducation Wasantha Mudalige, ont été arrêtés. 16 des personnes arrêtées ont été libérées sous caution par le tribunal le lendemain (19 août). Chinthaka Rajapakse n’a pas été libéré sous caution et a été placé en détention provisoire jusqu’au 26 août. Wasantha Mudalige et deux autres étudiants activistes ont été détenus par la police pendant plus de 72 heures sans pouvoir contacter un avocat et en violation de leurs droits à l’application régulière de la loi. Ils sont actuellement détenus en vertu de la loi draconienne sur la prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act – PTA). Les autorités sri-lankaises ont invoqué la PTA, privant les détenus des garanties de base et de tout recours à la libération sous caution, malgré des appels à ce que cette loi ne soit pas utilisée contre les manifestants.

À propos de Wasantha Mudalige

Wasantha Mudalige est un éminent leader étudiant et un défenseur du droit à l’éducation. Wasantha Mudalige est l’organisateur de l’Inter-University Student Federation (IUSF), une force de premier plan dans les manifestations pacifiques qui se déroulent actuellement contre la crise économique, et qui soulève aussi des questions plus larges telles que la gouvernance, la corruption et la responsabilité.

22 Août 2022
Représailles contre des manifestants pacifiques, notamment le défenseur des droits humains Chintaka Rajapakse et le défenseur du droit à l’éducation et leader étudiant Wasantha Mudalige

Le 18 août 2022, la police sri-lankaise a employé une force disproportionnée contre des manifestants pacifiques à Colombo, en utilisant notamment du gaz lacrymogène, des canons à eau et des matraques. 20 manifestants, dont le défenseur des droits humains Chinthaka Rajapaksa et le leader étudiant et défenseur du droit à l’éducation Wasantha Mudalige, ont été arrêtés. 16 des personnes arrêtées ont été libérées sous caution par le tribunal le lendemain (19 août). Chinthaka Rajapakse n’a pas été libéré sous caution et a été placé en détention provisoire jusqu’au 26 août. Wasantha Mudalige et deux autres étudiants activistes ont été détenus par la police pendant plus de 72 heures sans pouvoir contacter un avocat et en violation de leurs droits à l’application régulière de la loi. Ils sont actuellement détenus en vertu de la loi draconienne sur la prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act – PTA). Les autorités sri-lankaises ont invoqué la PTA, privant les détenus des garanties de base et de tout recours à la libération sous caution, malgré des appels à ce que cette loi ne soit pas utilisée contre les manifestants.

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Chintaka Rajapakse est le modérateur du Mouvement pour la réforme agraire et agricole (MONLAR), une organisation de défense des droits humains axée sur le droit à la terre, la protection des ressources naturelles et l’environnement. Le défenseur travaille beaucoup avec les agriculteurs, les paysans et ceux qui ont perdu leurs terres et leurs moyens de subsistance à cause de la militarisation et des projets de développement. Il soutient activement ceux qui défendent le droit à l’éducation contre la privatisation et la militarisation, et participe aux manifestations pacifiques qui se déroulent actuellement contre la crise économique, contre la corruption et l’impunité.

Wasantha Mudalige est un éminent leader étudiant et un défenseur du droit à l’éducation. Wasantha Mudalige est l’organisateur de l’Inter-University Student Federation (IUSF), une force de premier plan dans les manifestations pacifiques qui se déroulent actuellement contre la crise économique, mais qui soulève aussi des questions plus larges telles que la gouvernance, la corruption et la responsabilité.

Les manifestants de tout le pays réclament pacifiquement des comptes ainsi que la fin de la corruption et l’abolition de la présidence exécutive, qui, selon les manifestants, centralise le pouvoir de l’État. Suite à la démission de l’ancien président Gotabhaya Rajapaksa, les manifestants demandent également la démission du président Ranil Wickremasighe, largement considéré comme un allié de son prédécesseur. Peu après avoir prêté serment à la présidence, Wickremasinghe a déclaré l’état d’urgence, ce qui renforce le pouvoir de la police et des forces armées, réduit la liberté de réunion et les protections judiciaires pour les personnes arrêtées. Les membres de l’IUSF et les militants étudiants sont particulièrement pris pour cible par les autorités. Les représailles sont condamnées au niveau national et international. Front Line Defenders et 12 autres organisations de défense des droits humains ont précédemment appelé les autorités sri-lankaises à mettre fin aux représailles et aux arrestations contre les manifestants pacifiques.

Le 18 août 2022, plusieurs centaines d’étudiants protestataires, y compris des défenseur⸱ses des droits humains, se sont rendus dans le centre-ville de Colombo pour un rassemblement pacifique devant la gare. La manifestation a été bloquée et dispersée par des policiers armés de gaz lacrymogène, de canons à eau et de matraques. La police a poursuivi et agressé les manifestants alors qu’ils fuyaient les lieux. Au moins 20 personnes ont été arrêtées alors qu’elles quittaient la manifestation et détenues au poste de police toute la nuit. Chinthaka Rajapakse a été arrêté alors qu’il quittait la manifestation et détenu au poste de Cinnamon Gardens. Il a été traduit devant la cour le lendemain, le 19 août. Alors que 16 autres manifestants ont été libérés sous caution, le défenseur a été et placé en détention provisoire jusqu’au 26 août sous prétexte qu’il était présent lors d’une conférence de presse le 9 juillet au Palais présidentiel. Le Palais présidentiel et plusieurs autres bâtiments ont été occupés par des manifestants lors des manifestations généralisées, avant d’être restitués à l’État.

Le rassembleur de l’IUSF Wasantha Mudalige a été arrêté par la police de Peliyagoda à Colombo alors qu’il revenait de la manifestation. Des mandats d’arrêt avaient déjà été émis contre Wasantha Mudalige pour sa participation aux manifestations pacifiques. Lui et deux militants étudiants arrêtés en même temps ont été détenus pendant plus de 72 heures sans ordre de détention et en violation de leurs droits à l’application régulière de la loi. Ils étaient détenus dernièrement au poste de police de Peliyagoda. Cependant, dans la matinée du 22 août, les avocats ont été informés que les trois militants avaient été transférés au Département d’enquête sur le terrorisme (TID) et que des ordres de détention avaient été émis en vertu de la PTA. Après enquête, il s’avère que le TID a refusé la détention provisoire et nié avoir connaissance de tout ordre de détention. Tout au long de la journée, alors que les avocats tentaient de localiser les trois étudiants, des groupes locaux et internationaux, y compris les États-Unis et l’Union européenne, ont appelé le Sri Lanka à s’abstenir d’utiliser la PTA contre les manifestants pacifiques. La Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les défenseur⸱ses des droits humains a également appelé le pays à ne pas utiliser la PTA contre les manifestants. Malgré ces appels le 22 août vers 16 heures, il semble que des ordres de détention aient été signés contre Wasantha Mudalige et les deux activistes étudiants, les privant ainsi des garanties de base, ainsi que de pouvoir recourir à la libération sous caution.

Front Line Defenders condamne fermement les représailles contre les manifestants pacifiques. Le droit de manifester pacifiquement doit être protégé en vertu des engagements nationaux et internationaux relatifs aux droits humains. Le recours aux sanctions juridiques et aux lois antiterroristes contre les défenseur⸱ses des droits humains et les leaders étudiants va à l’encontre des engagements publics du Sri Lanka en matière de droits humains et de protection du droit à la dissidence pacifique. Dans une déclaration publique du 22 août, la Commission des droits de l’Homme du Sri Lanka a exprimé ses graves préoccupations concernant l’utilisation de la PTA contre les manifestants. Les défenseur⸱ses des droits humains sont essentiels à l’avenir du Sri Lanka, car ils cherchent à surmonter les troubles économiques, sociaux et politiques. Les solutions à la crise doivent impliquer une approche centrée sur les droits qui ne punit pas et ne porte pas atteinte aux défenseur⸱ses des droits humains. Front Line Defenders exhorte les autorités sri-lankaises à mettre fin à toute forme de harcèlement, de violence et de représailles contre les défenseur⸱ses des droits humains dans le pays.