Raid au domicile de la défenseuse des droits des populations autochtones Alessandra Korap

Le 30 novembre 2019, des inconnus ont mené un raid au domicile de la défenseuse des droits humains autochtone Alessandra Korap. Des documents personnels, des téléphones et des fichiers numériques ont été saisis tandis que des objets personnels de valeur ont été laissés sur place. Des défenseur-ses des droits humains locaux pensent qu'il s'agit d'un acte d'intimidation en représailles à la visibilité qu'Alessandra Korap a apportée aux activités minières illégales sur les territoires autochtones de Mundukuru.

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Alessandra Korap est une leader autochtone Mundukuru d'Itaituba, dans l'État de Pará, dans l'Amazonie brésilienne. Elle est une éminente défenseuse des droits des femmes, des populations autochtones et de l'environnement. Elle utilise sa position pour dénoncer les atteintes aux droits humains résultant de méga-projets d'infrastructure dans des zones protégées d'Amazonie, tels que le projet hydroélectrique São Luiz do Tapajós et la ligne ferroviaire de Ferrogrão. Alessandra Korap est également la première femme à coordonner l'Associação Indígena Pariri, formée par trente cinq familles de dix groupes autochtones de la région de Médio Tapajós à Itaituba.

Dans la soirée du 30 novembre 2019, Alessandra Korap est rentrée chez elle à Santarém avec sa famille et a constaté que des inconnus s'y étaient introduits. La plupart de leurs biens ont été détruits et des documents personnels, des téléphones, une tablette, la télévision et le carte mémoire de leur appareil photo ont été emportés. L'appareil photo de la défenseuse a été laissé ouvert sur le lit et la bouteille de gaz dont la famille se sert pour cuisiner, un objet fréquemment volé dans la région, était toujours là. Le lendemain, Alessandra Korap a tenté de signaler ce cambriolage au poste de police local, mais les policiers ont refusé de l'aider. Elle n'a été autorisée à signaler l'incident que deux jours plus tard accompagnée par un avocat.

Le 20 novembre 2019, la femme défenseuse des droits humains a organisé et dirigé un groupe de cinquante personnes appartenant au peuple autochtone Munduruku, qui se sont rendues dans la capitale nationale, Brasilia, pour protester contre l'augmentation des activités minières illégales et les attaques contre les dirigeants indigènes de la région. Lors de cet événement, Alessandra Korap a évoqué les dangers présentés par l'actuelle situation qui est au point mort en ce qui concerne la démarcation des territoires autochtones. Ce blocage est dû au démantèlement en cours des institutions nationales chargées de protéger les droits des peuples autochtones. Son discours a été accueilli par des menaces audio et écrites postées sur les réseaux sociaux, proférées par des individus connus liés au secteur minier.

Le territoire indigène de Munduruku s'avère être le 6e territoire indigène le plus déboisé en 2018-2019. Les familles qui survivent traditionnellement grâce à la pêche dans les rivières se retrouvent avec des eaux stériles contaminées par le mercure. Malgré les menaces qui pèsent sur elle, Alessandra Korap dénonce le manque de mesures efficaces de la part des autorités pour mettre fin à l'exploitation minière et à l'exploitation forestière illégales sur le territoire.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la vie et la sécurité d'Alessandra Korap et des membres de sa famille, étant donné que le Pará recense l'un des plus grands nombres de meurtres de défenseur-ses de l'environnement. Front Line Defenders pense que l'attaque est uniquement motivée par son travail pacifique en faveur des droits humains pour dénoncer l'exploitation minière illégale et l'exploitation forestière dans le territoire de Munduruku. Front Line Defenders réitère ses inquiétudes face à l'augmentation des attaques, des assassinats et de la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones et de l'environnement au Brésil, ainsi que face au démantèlement des politiques publiques visant à garantir leurs droits au sein du nouveau gouvernement.