Omar Naji et deux autres DDH placés en détention préventive pour des messages postés sur les réseaux sociaux, dans le contexte du COVID-19
Le 17 novembre 2020, le tribunal de première instance de Nador a acquitté le défenseur des droits humains Omar Naji de toutes les accusations qui pesaient contre lui.
Entre fin avril et début mai 2020, plusieurs défenseur-ses des droits humains au Maroc ont été placés en détention préventive en raison de leurs publications sur les réseaux sociaux, sur la question des droits humains et la réponse des autorités marocaines face au COVID-19. Front Line Defenders pense que la détention d'Abdel Fattah Bouchikhi, Omar Naji et Siham El Makrini est une tendance inquiétante qui pourrait se généraliser si le projet de loi n°22-30, qui restreindrait la capacité de défendre les droits humains sur les réseaux sociaux, devait passer.
Omar Naji est un défenseur des droits humains qui travaille sur les questions liées aux réfugiés et à l'immigration et il est vice-président de la branche de Nador de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH).
Le 17 novembre 2020, le tribunal de première instance de Nador a acquitté le défenseur des droits humains Omar Naji de toutes les accusations qui pesaient contre lui. En avril 2020, le défenseur des droits humains avait été accusé de "diffamation", de "diffusion de fausses informations dans le but d'insulter les institutions publiques" et d'avoir "publié des photos de personnes sans leur consentement", suite à un message qu'il a posté sur les réseaux sociaux et qui défendait les droits économiques des marchands ambulants de la ville pendant les restrictions liées au COVID-19. Le 27 avril 2020, il avait été détenu pendant près de 24 heures avant d'être libéré moyennant une caution de 10 000 dirhams (environ 900 euros). Depuis avril, le procès d'Omar Naji a été reporté à plusieurs reprises.
Entre fin avril et début mai 2020, plusieurs défenseur-ses des droits humains au Maroc ont été placés en détention préventive en raison de leurs publications sur les réseaux sociaux, sur la question des droits humains et la réponse des autorités marocaines face au COVID-19. Front Line Defenders pense que la détention d'Abdel Fattah Bouchikhi, Omar Naji et Siham El Makrini est une tendance inquiétante qui pourrait se généraliser si le projet de loi n°22-30, qui restreindrait la capacité de défendre les droits humains sur les réseaux sociaux, devait passer.
Abdel Fattah Bouchikhi est membre de National Instance for Human Rights et blogueur. Son travail se concentre principalement sur les questions de corruption. Omar Naji est un défenseur des droits humains qui travaille sur les questions liées aux réfugiés et à l'immigration et il est vice-président de la branche de Nador de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH). Siham El Makrini, est une défenseuse des droits humains dont le travail est axé sur la promotion des droits des femmes au Maroc. Elle est également membre de la branche de l’AMDH à Nador et membre de la Coordination nationale des enseignants, qui œuvre à promouvoir les droits économiques des enseignants. Siham El Makrini fait également partie du mouvement du Rif dans le nord du pays.
Le 5 mai 2020, Abdel Fattah Bouchikhi a été convoqué au commissariat de police de Jorf El Melha pour un message qu'il a publié sur les réseaux sociaux, dans lequel il dénonce la corruption liée à la délivrance de permis de transport, qui sont nécessaires pour voyager au Maroc pendant le COVID-19. Il a été interrogé pendant sept heures en l'absence de son avocat, après quoi il a été placé en détention préventive. Il a été détenu pendant 48 heures au poste de police avant d'être transféré à la prison publique, où il se trouve toujours au moment de la rédaction de cet appel. Durant ces 48 heures de détention au poste de police, il n'a reçu aucune nourriture. Abdel Fattah Bouchikhi est accusé de diffamation et son audience est prévue le 21 mai 2020.
Le 27 avril 2020, Omar Naji a été convoqué devant la section de la police pour la cybercriminalité à Nador, suite à une plainte déposée par le gouverneur de Nador concernant l'une de ses publications sur les réseaux sociaux. Dans le message, Omar Naji défendait les droits économiques des marchands ambulants de la ville, après la confiscation de leurs biens par la police en raison des restrictions liées au COVID-19. Il a été placé en détention préventive pendant près de 24 heures, avant d'être libéré sous caution, pour un montant de 10 000 dirhams (environ 900 euros). L'audience d'Omar Naji est prévue le 2 juin 2020 ; il est accusé de "diffamation", "diffusion de fausses nouvelles dans le but d'insulter les institutions publiques" et "publication de photos de personnes sans leur consentement".
Le 5 mai 2020, plusieurs policiers en civil ont arrêté la défenseuse des droits humains Siham El Makrini chez elle. Elle a été conduite au commissariat de Nador, où elle a été interrogée pendant près de deux heures en l'absence de son avocat, à propos d'un message qu'elle a publié sur les réseaux sociaux et qui appelait à l'amélioration des droits économiques des enseignants au Maroc. Siham El Makrini est accusée d'"incitation" à cause de cette publication sur les réseaux sociaux, et l'audience n'a pas encore été fixée. Le 17 mai 2020, le domicile de Siham El Makrini a été perquisitionné et vandalisé par des inconnus, ce qui selon elle, serait lié aux charges retenues contre elle et à ses activités en faveur des droits humains. La défenseuse a déjà été harcelée par les autorités marocaines. En 2018, Siham El Makrini a été agressée physiquement par un groupe de policiers, qui lui ont fracturé le bras.
Front Line Defenders est vivement préoccupée par le harcèlement continu des défenseur-ses des droits humains au Maroc à cause de leurs publications sur les réseaux sociaux qui promeuvent les droits humains et critiquent la réponse du gouvernement face à l'épidémie de COVID-19. Dans ce contexte, l'organisation est particulièrement préoccupée par l'adoption des premiers projets de loi n°22-30 par le Conseil du gouvernement marocain le 19 mars 2020. Le projet inclut des articles vagues qui pourraient restreindre la capacité de défendre les droits humains sur les réseaux sociaux.