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Acharnement policier et actes d'intimidation contre les journalistes et défenseur-ses des droits humains Masrat Zahra, Peerzada Ashiq et Gowhar Geelani au Cachemire

Statut: 
Harcelée
À propos de la situation

Entre le 18 avril et le 21 avril 2020, la cyber-police de la zone du Cachemire à Srinagar a déposé des Rapports de première information (FIR) contre trois journalistes : Masrat Zahra, Peerzada Ashiq et Gowhar Geelani. Le 18 avril 2020, la cyber-police a accusé la photo-journaliste Masrat Zahra en vertu de la loi sur la prévention des activités illégales (UAPA), pour avoir publié des messages faisant soi-disant l'apologie d'"activités antinationales'' sur les réseaux sociaux. Le lendemain, le 19 avril 2020, un FIR a été déposé par la cyber-Police contre le journaliste Peerzada Ashiq pour un article qu'il a écrit pour The Hindu. Le 21 avril 2020, la cyber-police a déposé un FIR contre le journaliste et auteur Gowhar Geelani pour ses publications sur les réseaux sociaux qui feraient l'apologie du terrorisme au Cachemire.

À propos de Masrat Zahra

Masrat ZahraMasrat Zahra est photo journaliste freelance venant du Cachemire et membre du Network of Women in Media, India (NWMI). Elle couvre la situation sur le terrain au Cachemire depuis quatre ans. Son travail met en lumière les graves violations des droits humains dans l'une des zones les plus militarisées du monde, notamment des cas de projection de pierres lors de manifestations, des combats à l'arme à feu, ainsi que d'autres incidents violents dans la région touchée par le conflit et l'impact de la violence sur les femmes et les enfants dans le Région. Son travail est paru dans des publications nationales et internationales.

22 Avril 2020
Acharnement policier et actes d'intimidation contre les journalistes et défenseur-ses des droits humains Masrat Zahra, Peerzada Ashiqet Gowhar Geelani au Cachemire

Entre le 18 avril et le 21 avril 2020, la cyber-police de la zone du Cachemire à Srinagar a déposé des Rapports de première information (FIR) contre trois journalistes : Masrat Zahra, Peerzada Ashiq et Gowhar Geelani. Le 18 avril 2020, la cyber-police a accusé la photo-journaliste Masrat Zahra en vertu de la loi sur la prévention des activités illégales (UAPA), pour avoir publié des messages faisant soi-disant l'apologie d'"activités antinationales'' sur les réseaux sociaux. Le lendemain, le 19 avril 2020, un FIR a été déposé par la cyber-Police contre le journaliste Peerzada Ashiq pour un article qu'il a écrit pour The Hindu. Le 21 avril 2020, la cyber-police a déposé un FIR contre le journaliste et auteur Gowhar Geelani pour ses publications sur les réseaux sociaux qui feraient l'apologie du terrorisme au Cachemire.

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Masrat Zahra est photo journaliste freelance venant du Cachemire et membre du Network of Women in Media, India (NWMI). Elle couvre la situation au Cachemire depuis quatre ans, et met en lumière les violations des droits humains dans l'une des zones les plus militarisées du monde, notamment des cas de projection de pierres lors de manifestations, des combats à l'arme à feu, ainsi que d'autres incidents violents dans la région touchée par le conflit et l'impact de la violence sur les femmes et les enfants dans le Région. Peerzada Ashiq est journaliste et correspondant spécial pour The Hindu, un quotidien indien. Il travaille depuis longtemps dans le Cachemire et ses reportages se concentrent sur les luttes de la population locale, en particulier dans le contexte d'une militarisation croissante et d'un isolement délibéré de la région du reste de l'Inde et de la communauté internationale. Gowhar Geelani est un journaliste, auteur et commentateur bien connu. Il est une voix critique, contre les atteintes des droits humains par l'État indien et son contrôle militaire sur la région et son travail est publié dans la presse nationale et internationale. Il a également été visé par les autorités indiennes dans le passé pour son travail.

Le 18 avril 2020, la cyber-Police a publié un communiqué de presse concernant un FIR déposé contre Masrat Zahra. Le FIR comprend les infractions en vertu de l'article 13 de la UAPA, relative à ceux qui commettent, préconisent, encouragent ou incitent à commettre une activité illégale, et l'article 505 du Code pénal indien, qui punit ceux qui incitent d'autres personnes à commettre une infraction contre l'État ou contre l'ordre public. La police allègue que les photos mises en ligne par le défenseur étaient destinées à inciter le public à troubler l'ordre public et à faire l'apologie d'activités anti-nationales. Masrat Zahra n'a pas été officiellement informée du FIR et a été mise au courant des accusations en voyant des publications sur les réseaux sociaux à propos l'affaire. La défenseuse a été interrogé au poste de la cyber-police le 21 avril 2020, mais elle n'est actuellement pas en état d'arrestation. L'UAPA est une loi antiterroriste régressive utilisée pour cibler, criminaliser et faire taire les défenseur-ses des droits humains. Si elle est reconnue coupable d'avoir enfreint l'UAPA, elle encourt jusqu'à sept ans d'emprisonnement.

Le 19 avril 2020, la cyber-police a déposé un FIR contre un reportage publié dans The Hindu écrit par le journaliste chevronné Peerzada Ashiq. Il a été convoqué au poste de police de Srinagar, puis au poste de police d'Anantnag dans le Jammu-et-Cachemire, où il a été interrogé au sujet du reportage. La police affirme que l'article, concernant les familles de deux militants décédés qui demandent l'exhumation de leur corps pour exercer leurs droits funéraires, est factuellement incorrect. On ne sait toujours pas quelles lois Peerzada Ashiq aurait violées.

Le 21 avril 2020, la cyber-police a déposé un autre FIR contre l'éminent journaliste, auteur et commentateur, Gowhar Geelani, sur la base de ses publications sur les réseaux sociaux. Selon la police, ces messages font l'apologie du terrorisme au Cachemire et sont "préjudiciables à l’intégrité nationale, à la souveraineté et à la sécurité de l’Inde". Le journaliste n'a pas encore été convoqué au poste de police, et il a appris l'existence du FIR déposé contre lui par le biais du communiqué de presse de la police publié le 21 avril 2020.

Les défenseurs des droits humains de la région estiment que Masrat Zahra, Peerzada Ashiq et Gowhar Geelani sont pris pour cible pour leur travail pacifique en faveur des droits humains et leurs reportages honnêtes sur la vie du peuple cachemiri. Les défenseurs des droits humains et les journalistes du Cachemire vivent et travaillent dans des conditions très militarisées et hostiles. Dans les mois qui ont suivi l'abrogation unilatérale du statut d'État en 2019, les défenseur-ses et les journalistes qui dénonçaient les violations ont été menacés, harcelés et intimidés dans un climat d'isolement et d'impunité. Des journalistes de la région ont même été la cible de tirs de fusils à plomb. Ils font l'objet d'une surveillance constante et sont régulièrement convoqués aux postes de police et interrogés sur leurs reportages et leurs sources d'information. De nouvelles restrictions prises pour répondre à la crise du COVID-19 ne font qu'ajouter aux difficultés auxquelles sont déjà confrontés les défenseur-ses des droits humains locaux et les journalistes.

Front Line Defenders condamne le harcèlement policier de Masrat Zahra, Peerzada Ashiq et Gowhar Geelani, car il semble qu'ils soient ciblés en raison de leur travail en faveur des droits humains et de leur exercice du droit à la liberté d'expression. Elle condamne particulièrement l'utilisation de la loi antiterroriste (UAPA) contre les journalistes et les défenseur-ses des droits humains, dans le but de les terroriser et réduire leur travail au silence. Front Line Defenders est préoccupée par le moment particulier choisi par la police pour harceler les DDH, pendant la pandémie, alors que l'État doit permettre aux médias de faire couvrir la situation sans crainte. Le traitement réservé aux journalistes par l’État indien et la restriction de leurs droits et libertés fondamentaux, y compris la liberté d’expression, sont très préoccupants. Ces droits sont au cœur du travail des défenseur-ses des droits humains et, sans eux, ils ne sont pas en mesure de mener à bien leurs activités pacifiques. Front Line Defenders appelle les autorités indiennes à respecter leurs engagements internationaux et à défendre le droit à la liberté d'expression ainsi que les autres droits et libertés fondamentaux au Cachemire, qui sont inscrits dans la Constitution de l'Inde.