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Acharnement judiciaire et menaces de mort contre la défenseuse des droits humains et artiste Leena Manimekalai

Statut: 
En procès
À propos de la situation

Le 11 juillet 2022, la défenseuse des droits humains Leena Manimekalai a été citée à comparaître par le tribunal du district de Central Delhi (tribunal de Tis Hazari) suite à une demande d’injonction sur l’affiche de son film Kaali et sa vidéo promotionnelle. L’audience est désormais fixée au 1er novembre 2022. Leena Manimekalai a produit le documentaire performatif Kaali pour un programme sur le multiculturalisme géré par la Toronto Metropolitan University. Le but du film est de représenter Kaali comme une déesse tribale solidaire avec les communautés queer et autochtones et les personnes de couleur. Leena Manimekalai est ciblée par des groupes de droite en Inde pour avoir blessé des sentiments religieux.

À propos de Leena Manimekalai

Leena Manimekalai est une défenseuse des droits humains, cinéaste, poète et militante originaire du Tamil Nadu, en Inde. La filmographie de Leena Manimekalai est animée par des thèmes liés à la justice sociale et aux droits humains et reçoit les éloges et une reconnaissance au niveau international. Elle fait partie des India Breakthrough Talents sélectionnés par la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) pour l’année 2022. Elle a reçu de nombreux prix pour son travail, notamment un Emmy Award (2017), le Charles Wallace Art Award (2012) en ethnographie visuelle, le Golden Conch au Mumbai International Film Festival et le prix du meilleur documentaire au Singapore South Asian Film Festival. Elle a également co-organisé la première marche des fiertés LGBTQ+ en Asie en juillet 2012. Elle vit actuellement au Canada, où elle a obtenu un Master de cinéma aux beaux-arts de l’Université York de Toronto.

5 Octobre 2022
Acharnement judiciaire et menaces de mort contre la défenseuse des droits humains et artiste Leena Manimekalai

Le 11 juillet 2022, la défenseuse des droits humains Leena Manimekalai a été citée à comparaître par le tribunal du district de Central Delhi (tribunal de Tis Hazari) suite à une demande d’injonction sur l’affiche de son film Kaali et sa vidéo promotionnelle. L’audience est désormais fixée au 1er novembre 2022. Leena Manimekalai a produit le documentaire performatif Kaali pour un programme sur le multiculturalisme géré par la Toronto Metropolitan University. Le but du film est de représenter Kaali comme une déesse tribale solidaire avec les communautés queer et autochtones et les personnes de couleur. Leena Manimekalai est ciblée par des groupes de droite en Inde pour avoir blessé des sentiments religieux.

Leena Manimekalai est une défenseuse des droits humains, cinéaste, poète et militante originaire du Tamil Nadu, en Inde. La filmographie de Leena Manimekalai est animée par des thèmes liés à la justice sociale et aux droits humains et reçoit les éloges et une reconnaissance au niveau international. Elle fait partie des India Breakthrough Talents sélectionnés par la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) pour l’année 2022. Elle a reçu de nombreux prix pour son travail, notamment un Emmy Award (2017), le Charles Wallace Art Award (2012) en ethnographie visuelle, le Golden Conch au Mumbai International Film Festival et le prix du meilleur documentaire au Singapore South Asian Film Festival. Elle a également co-organisé la première marche des fiertés LGBTQ+ en Asie en juillet 2012. Elle vit actuellement au Canada, où elle a obtenu un Master de cinéma aux beaux-arts de l’Université York de Toronto.

Depuis que Leena Manimekalai a partagé l’affiche de son film Kaali sur Twitter, elle est victime d’acharnement judiciaire, de discours haineux et de menaces de mort sur les réseaux sociaux et de plusieurs poursuites criminelles. Le 5 juillet 2022, l’unité Intelligence Fusion and Strategic Operation (IFSO) de la cellule spéciale de la police de Delhi a enregistré une plainte (First Information Report - FIR) contre elle en vertu de l’article 153A (promotion de l’inimitié entre différents groupes sur la base de la religion) et 295A (actes délibérés et malveillants, visant à offenser les sentiments religieux) du Code pénal indien. Le 4 juillet 2022, un autre FIR a été déposé au poste de police de Hazratganj, dans l’Uttar Pradesh, en vertu des sections 120B (complot criminel), 153B (allégations préjudiciables à l’intégration nationale) et 295 (avoir blessé ou profané un lieu de culte dans l’intention d’insulter la religion de toute classe) du Code pénal indien (CIP), et les articles 66 et 67 de la loi sur les technologies de l’information. Sept autres FIR ont été enregistrés contre Leena Manimekalai dans tout le pays. Une « circulaire de vigilance » a également été émise à son nom par les autorités indiennes, demandant son arrestation à l’aéroport si elle arrive en Inde.

Au cours des deux premières semaines de juillet 2022, le hashtag #ArrestLeenaManimekalai était la tendance sur Twitter parmi des milliers d’utilisateurs, en grande partie des sympathisants du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP) en Inde, affirmant que la représentation de Kaali est irrespectueuse et qu’elle blesse le sentiment hindou. La défenseuse des droits humains a reçu des centaines de menaces de mort et de viol sur ses comptes de réseaux sociaux ; les leaders religieux hindous ont appelé à son exécution pour blasphème et sa vie a été mise à prix sur les réseaux sociaux.

Suite à plusieurs plaintes du département informatique du parti au pouvoir Bharatiya Janata en Inde, le haut-commissariat indien à Ottawa a publié un communiqué demandant aux institutions de retirer leur soutien au film. Par la suite, le Musée Aga Khan a annoncé que son travail ne serait plus présenté et a regretté que l’affiche ait blessé les sentiments des communautés hindoues. L’Université métropolitaine de Toronto a retiré Leena Manimekalai de la liste des 18 diplômés choisis pour mettre en valeur leurs œuvres et a également retenu ses honoraires.

Leena Manimekalai fait également face à une plainte pour diffamation déposée par un réalisateur, en représailles à son discours prononcé dans le cadre du mouvement #MeToo en 2018 sur le harcèlement sexuel dont elle a été victime. Elle fait aussi l’objet d’une ordonnance de confidentialité et d’un outrage à la cour, déposés par le même réalisateur, pour un article dans lequel elle a été citée sur le mouvement #MeToo et la sécurité des femmes dans l’industrie cinématographique indienne. Le réalisateur a déposé une requête pour faire saisir le passeport de Leena Manimekalai, et elle a dû mener une bataille juridique pour le récupérer.

Ce n’est pas la première fois que Leena Manimekalai est menacée pour son exercice de la liberté d’expression en faveur des droits humains. Le premier long métrage de Leena Manimekalai, Sengadal (2011), basé sur la guerre au Sri Lanka et son impact sur la vie des pêcheurs, s’est vu refuser l’autorisation du comité de censure indien, affirmant que le film tient des propos politiques qui dénigrent les gouvernements du Sri Lanka et de l’Inde. Elle a également fait face à de graves risques de la part de l’armée sri-lankaise lors du tournage de son documentaire White Van Stories (2015), basé sur les disparitions forcées au Sri Lanka.

Son long métrage Maadathy, An unfairy tale (2019) et ses courts métrages documentaires Is it much to ask (2017), Mathamma (2003) et Parai (2004), tous basés sur différentes formes de violence fondée sur la caste et le genre, ont également fait face à des problèmes de censure. Son recueil de poésie Ulagin azhagiya muthal penn (la première belle femme du monde) publié en 2007, et son blog avec le même titre ont fait face à des accusations de blasphème et le Parti populaire hindou a déposé plusieurs plaintes contre elle dans le Tamil Nadu. La frange radicale hindoue a exigé l’interdiction de son blog, et son livre a été brûlé en public.

Front Line Defenders condamne l’acharnement judiciaire et les menaces auxquels fait face la défenseuse des droits humains Leena Manimekalai, car il semble que cela soit directement lié à son travail en faveur des droits humains et à son exercice de la liberté d’expression. Les multiples affaires déposées contre elle et les représailles liées à son travail en faveur des droits humains soulèvent de vives préoccupations pour sa sécurité et empêchent son retour en Inde. Front Line Defenders exhorte les autorités concernées en Inde à cesser toutes représailles contre Leena Manimekalai et à s’assurer qu’elle puisse mener à bien son travail pacifique en faveur des droits humains et son activisme sans crainte de poursuites.