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Une journaliste et défenseuse des droits humains visée par une plainte pour diffamation pour avoir dénoncé la corruption

Statut: 
Diffamation
À propos de la situation

Le 9 octobre 2024, la journaliste et défenseuse des droits humains Sanja Vasković a été convoquée au poste de police d’Istočna Ilidža, Sarajevo Est, pour être interrogée dans le cadre d’une affaire de diffamation, en vertu de l’article 208 (a), paragraphe 2, de la loi sur les amendements du Code pénal de la Republika Srpska (République serbe de Bosnie). L’interrogatoire a été mené sur la base d’une plainte déposée par Mladen Kovačević, le propriétaire de la société MRAZ D.O.O, basée à Pale. La loi sur la diffamation est entrée en vigueur en juillet 2023.

À propos de Sanja Vasković

Sanja Vasković est défenseuse des droits humains et journaliste d’investigation en Bosnie-Herzégovine. Elle est propriétaire et rédactrice en chef du portail d’information en ligne SPIN Info. Après avoir obtenu son diplôme à l’université de Sarajevo Est, Sanja Vasković a travaillé dans des médias en ligne et rédigé des chroniques pour divers portails d’information en Bosnie-Herzégovine. En 2019, elle a lancé un portail d’information en ligne avec un collègue cameraman afin de pouvoir écrire librement. Depuis la création de SPIN Info, Sanja Vasković dénonce l’utilisation abusive de l’argent public, le népotisme et la corruption dans les appels d’offres et les institutions publiques, ce qui fait d’elle la cible de personnes puissantes. En mai 2024, l’Association des journalistes de Bosnie-Herzégovine lui a décerné le prix de la « meilleure journaliste de la presse écrite ».

5 Novembre 2024
Une journaliste et défenseuse des droits humains visée par une plainte pour diffamation pour avoir dénoncé la corruption

Le 9 octobre 2024, la journaliste et défenseuse des droits humains Sanja Vasković a été convoquée au poste de police d’Istočna Ilidža, Sarajevo Est, pour être interrogée dans le cadre d’une affaire de diffamation, en vertu de l’article 208 (a), paragraphe 2, de la loi sur les amendements du Code pénal de la Republika Srpska (République serbe de Bosnie). L’interrogatoire a été mené sur la base d’une plainte déposée par Mladen Kovačević, le propriétaire de la société MRAZ D.O.O, basée à Pale. La loi sur la diffamation est entrée en vigueur en juillet 2023.

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Sanja Vasković est défenseuse des droits humains et journaliste d’investigation en Bosnie-Herzégovine. Elle est propriétaire et rédactrice en chef du portail d’information en ligne SPIN Info. Après avoir obtenu son diplôme à l’université de Sarajevo Est, Sanja Vasković a travaillé dans des médias en ligne et rédigé des chroniques pour divers portails d’information en Bosnie-Herzégovine. En 2019, elle a lancé un portail d’information en ligne avec un collègue cameraman afin de pouvoir écrire librement. Depuis la création de SPIN Info, Sanja Vasković dénonce l’utilisation abusive de l’argent public, le népotisme et la corruption dans les appels d’offres et les institutions publiques, ce qui fait d’elle la cible de personnes puissantes. En mai 2024, l’Association des journalistes de Bosnie-Herzégovine lui a décerné le prix de la « meilleure journaliste de la presse écrite ».

Les articles publiés par SPIN Info portent sur la corruption, la criminalité, les violations des droits humains, la non-transparence des dépenses publiques et d’autres questions d’intérêt public à Sarajevo Est, en Republika Srpska. Les journalistes de SPIN Info et Sanja Vasković sont donc exposés au risque d’être la cible des autorités qui veulent les réduire au silence. Les journalistes de SPIN Info sont occasionnellement invités aux séances du conseil municipal et aux conférences de presse, et lorsqu’ils peuvent y assister, leurs questions sont ignorées ou ils sont accusés d’avoir des arrière-pensées. Les journalistes reçoivent des menaces et sont agressés verbalement à cause de leur travail. Outre les tentatives visant à discréditer leurs reportages, leurs familles sont également prises pour cible.

Le 8 octobre 2024, la journaliste experte en droits humains Sanja Vasković a reçu une convocation au poste de police d’Istočna Ilidža pour faire sa déposition en tant que suspecte d’une enquête pour diffamation. Le lendemain, elle s’est rendue au poste de police accompagnée de son avocat. Lors de son interrogatoire, elle a appris que l’homme d’affaires Mladen Kovačević avait déposé une plainte contre elle, l’accusant de diffamation et de produire et publier de fausses accusations contre lui et sa société MRAZ D.O.O. sur le portail d’information SPIN Info.

La plainte est basée sur une série d’articles publiés par SPIN Info, dont un article rédigé par la journaliste et publié le 3 octobre 2024, peu avant les élections locales. L’article portait principalement sur un candidat à la mairie qui était l’ancien directeur de l’agence pour l’emploi de la Republika Srpska. L’article fait état d’une tentative de fraude présumée pendant son mandat, où des primes d’aide à l’emploi devaient être accordées à sept entreprises fictives. Les transferts ont été bloqués et l’argent n’a jamais été envoyé. L’article mettait également en lumière la coopération entre le directeur et M. Kovačević, révélant que son entreprise Mraz D.O.O. avait reçu un montant discutable de 456 000 BAM (environ 233 150 €) de la part du programme de soutien à l’emploi entre 2021 et 2023. Ce fait a déjà été rapporté en détail par un autre journaliste dans un article pour SPIN Info le 28 mars 2024.

L’article, qui s’appuie sur des documents publics et privés, expose comment M. Kovačević, ainsi que le directeur de l’Agence pour l’emploi, auraient abusé de ce programme de soutien en licenciant des travailleuses d’une entreprise pour les réembaucher ensuite dans une autre de ses sociétés afin de bénéficier des subventions accordées par le programme de soutien à l’emploi de « nouveaux travailleurs ».

En mars 2024, après la publication du reportage sur le portail d’information, M. Kovačević a appelé à plusieurs reprises l’auteur, essayant de le convaincre de modifier la manière dont l’article avait été rédigé, et ce, bien que M. Kovačević ait eu la possibilité de répondre aux allégations avant sa publication. M. Kovačević aurait également menacé l’un de ses anciens employés pour avoir parlé à SPIN Info.

Lorsque Sanja Vasković a publié son reportage le 3 octobre, M. Kovačević l’a appelée et a tenté de l’empêcher d’écrire sur lui, l’accusant d’être son ennemie et de publier de faux reportages. Il a menacé de dénoncer Sanja Vasković à la police et, lorsque celle-ci a refusé de modifier ou de supprimer son article du portail d’information, il a déposé plainte auprès de la police, accusant la journaliste d’avoir commis un délit de diffamation.

Front Line Defenders condamne les tentatives d’intimidation visant à réduire au silence la journaliste Sanja Vasković, par l’ouverture d’un procès ainsi que par des menaces verbales et des pressions, et demande que l’enquête soit classée sans suite. Rappelant que la liberté de la presse est essentielle à une société démocratique ouverte, l’organisation appelle le gouvernement de la Republika Srpska à protéger les journalistes, en particulier ceux qui traitent de questions critiques telles que la corruption, les abus de pouvoir et les violations des droits humains, contre tous les types d’intimidation, de menaces et d’acharnement judiciaire, à tout prix. Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude quant à l’utilisation de la loi sur la diffamation pour faire taire le journalisme d’investigation et les voix critiques.

Front Line Defenders appelle les autorités de la Republika Srpska à :

1. Abandonner l’enquête de police en cours sur la journaliste des droits humains Sanja Vasković, qui l’accuse de diffamation, étant donné qu’elle est prise pour cible uniquement pour avoir exercé son rôle de journaliste ;

2. Abroger la loi controversée sur la diffamation qui peut être utilisée pour réduire au silence les journalistes et les voix critiques qui dénoncent la corruption, les abus de pouvoir et tous les types de violations des droits humains ;

3. Garantir qu’en toutes circonstances tous les défenseur⸱ses des droits humains y compris les journalistes d’investigation et les journalistes spécialisés dans les droits humains en Republika Srpska, puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains sans crainte d’attaques, y compris de ciblage, d’intimidation, d’attaques physiques ou en ligne, et sans craindre ni restriction ni représailles.