Le défenseur des droits humains Narendra Mohanty arrêté pour avoir apporté son soutien à des villageois qui protestent contre la destruction de leurs plantations

Le 14 janvier 2022, le défenseur des droits humains Narendra Mohanty a été arrêté par des policiers d’Odisha à Dhinkia, dans l’État d’Odisha. Son arrestation est liée à son soutien à une manifestation pacifique de la communauté locale contre la destruction de leurs plantations de bétel. La police aurait violemment réprimé la manifestation, blessant de nombreuses personnes, dont des femmes et des enfants, et a matraqué les personnes présentes. Narendra Mohanty et deux leaders communautaires ont été arrêtés, ainsi que plus de 500 villageois sur le site de la manifestation. Ils sont actuellement détenus dans la prison secondaire de Samagola en vertu du rapport de première information (FIR) 0021 après s’être vus refuser la libération sous caution.  

Download the urgent appeal.

Narendra Mohanty est le coordinateur du Forum indien d’action sociale (INSAF) pour l’État d’Odisha, un forum national de plus de 700 ONG qui œuvrent pour protéger les moyens de subsistance des communautés marginalisées et pour assurer une société juste écologiquement. Narendra Mohanty est également le secrétaire de la campagne pour la paix à Kandhamal, Odisha, et participe à la campagne contre les affaires fabriquées de toutes pièces, Odisha.

Le 14 janvier 2022, les villageois de Dhinkia, dans le district de Jagatsinghpur dans l’État d’Odisha, ont organisé une manifestation contre l’acquisition de terres et la destruction de leurs plantations de bétel par les autorités. Le gouvernement d’Odisha a promis la terre à JSW Utkal Steel Limited, une multinationale détenue par l’O.P. Jindal Group, pour construire une usine sidérurgique intégrée de 13,2 millions de tonnes par an (MTPA) comprenant une centrale électrique captive de 900 MW et une unité de broyage et de mélange de ciment de 10 MTPA. Le projet, d’une valeur d’environ 8,7 milliards de dollars US, a été cédé à JSW Utkal Steel Limited après que la société sud-coréenne de production d’acier POSCO a quitté l’accord en 2017 en raison de la protestation des villageois pendant 10 ans. La mise en place de l’aciérie reviendrait à priver les villageois de leurs terres, ce qui les priverait par conséquent de leurs moyens de subsistance.

Au moins douze unités de police armées auraient été déployées dans la région pour démolir les plantations de bétel et défricher le terrain pour faire de la place pour l’aciérie. Les leaders locaux de la manifestation affirment que la police n’a pas obtenu le consentement des villageois pour démolir leurs plantations. Les autorités policières d’Odisha ont accusé les manifestants en réponse à la résistance des villageois face à la destruction arbitraire de leurs plantations. Le défenseur des droits humains Narendra Mohanty, qui avait quitté sa résidence de Cuttack pour soutenir la protestation, a été arrêté aux côtés de militants et de manifestants locaux. La police d’Odisha a enregistré le FIR numéro 0021 contre Narendra Mohanty, des militants locaux et plus de 500 personnes qui participaient à la manifestation. En vertu du Code pénal indien, le FIR énonce les infractions suivantes : « émeute avec des armes létales » (article 148), « tentative de meurtre » (article 307), « blessures volontaires graves » (article 325), « voies de fait contre une femme dans l’intention d’offenser sa modestie » (article 354), « obstruction à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions publiques » (article 186). Ils ont également été accusés en vertu de l’article 7 de l’ordonnance de droit criminel (modification) et de l’article 4 de la Loi sur les biens publics (prévention des dommages).

Les autorités policières ont démoli trois barricades en bambou construites par les villageois au point d’entrée du village de Dhinkia. Les villageois ont également signalé qu’ils ont dû organiser des ambulances privées pour fournir un soutien médical aux personnes blessées, car la police ne l’a pas fait.

Front Line Defenders condamne l’arrestation du défenseur des droits humains Narendra Mohanty, des militants locaux et des villageois impliqués dans la manifestation, car il semble qu’ils subissent des représailles à cause de leurs activités légitimes en faveur des droits humains. La répression de la protestation et le recours excessif à la force par la police violent les principes démocratiques de tolérer la dissidence et de permettre des formes pacifiques de protestation.