La défenseuse des droits humains Ibtissame Lachgar agressée sexuellement pendant sa détention

Le 10 septembre 2016, Ibtissame Lachgar et sa collègue défenseuse des droits humains ont été libérées après 48 heures de détention. Les défenseuses avait été arrêtées à Rabat après que la police a reconnu leur affiliation au mouvement MALI lors d'une brève dispute avec un vendeur de rue. Elles ont ensuite été placées en détention et traduites devant le parquet. D'après leur interaction avec la police, les défenseuses pensent que leur détention est liée à leur activisme.

Ibtissame Lachgar est une défenseuse des droits humains marocaine et cofondatrice du mouvement MALI (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). Elle défend ardemment les droits des femmes et des personnes LGBT au Maroc, et elle mène plusieurs campagnes en faveur de la liberté de culte, notamment en organisant un pique-nique en plein air pendant le ramadan pour protester contre l'article 222 du Code pénal marocain et les persécutions contre les personnes qui ne pratiquent pas le jeûne. Ibtissame est membre du mouvement du 20 février au Maroc, qui fait pression sur le gouvernement et la monarchie afin qu'ils agissent contre la corruption, les violations des droits humains, les disparitions forcées, les mauvais traitements et les détentions arbitraires. Le mouvement réclame la démocratie, la dignité et la laïcité au Maroc.

Dans la nuit du 8 septembre 2016, Ibtissame et sa co-accusée ont eu une brève altercation avec un vendeur de rue lorsqu'elles lui ont conseillé de ne pas faire vendre des objets à des enfants dans la rue lorsque la nuit tombe. Le marchand a dit que les remarques des défenseuses étaient atteinte à la vie privée et il a alerté la police. La police a arrêté les défenseuses après avoir reconnu leur rôle de militantes et de défenseuses des droits LGBT. Les policiers ont ensuite conduit les deux défenseuses au poste et les ont arbitrairement accusées "d'ivresse sur la voie publique". La police a particulièrement parlé de leur activisme lors de l'agression verbale qui a suivi. Ibtissame a été agressée sexuellement lorsque la police a confisqué son téléphone qu'elle gardait sous sa robe.

Le 10 septembre 2016, les défenseuses ont ensuite été traduites devant le parquet au tribunal de première instance de Rabat. L'audience, qui a duré près d'une heure, s'est achevée par un rejet prononcé par le procureur.

Cela fait suite à plusieurs actes de harcèlement contre Ibtissame Lachgar sur les réseaux sociaux, suite à ses campagnes appelant à la reconnaissance légale du mariage homosexuel au Maroc.

Front Line Defenders est préoccupé par les multiples actes de harcèlement, les agressions sexuelles et la détention arbitraire d'Ibtissame Lachgar, et pense que tout cela est uniquement lié à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains au Maroc.