Harcèlement contre l'organisation de défense des droits humains Odhikar
Le 17 novembre 2018, lors d'une conférence de presse, l'organisation bangladaise Odhikar a déclaré être la cible d'actes d'intimidation et d'une campagne de diffamation. Une série de faux articles critiquant l'organisation a été publiée après que la commission électorale du Bangladesh a brusquement annulé le statut d'Odhikar comme observateur des élections le 8 novembre 2018, sans préavis.
Odhikar est une organisation de défense des droits humains fondée en 1994 dans le but de sensibiliser à la question des droits humains et de surveiller les violations perpétrées au Bangladesh. Odhikar publie régulièrement des rapports sur la question des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des tortures et des irrégularités lors des élections. Depuis plusieurs années, l'ONG et ses membres sont pris pour cible par les autorités, par le biais d'actes de surveillance, d'actes d'intimidation et d'acharnement judiciaire. Le secrétaire d'Odhikar, M. Adilur Rahman Khan, a été arrêté en 2013 et accusé d'avoir "publié des images et informations fausses" et de "troubles de l'ordre public". Bien qu'il ait été libéré sous caution un peu plus tard, les charges pèsent toujours contre lui.
Le 17 novembre 2018, lors d'une conférence de presse, l'organisation bangladaise Odhikar a déclaré être la cible d'actes d'intimidation et d'une campagne de diffamation. Une série de faux articles critiquant l'organisation a été publiée après que la commission électorale du Bangladesh a brusquement annulé le statut d'Odhikar comme observateur des élections le 8 novembre 2018, sans préavis.
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Le 16 novembre 2018, la chaine de télévision privée Channel I a diffusé un reportage affirmant qu'Odhikar était impliquée dans une affaire de détournement de fonds. Le 13 novembre 2018, le quotidien Bangladesh Protidin a publié un rapport intitulé "Recommandation pour stopper toutes les activités d'Odhikar", et le 11 novembre 2018, Bangla Daily Janakantha a publié un article intitulé "L'organisation controversée Odhikar de nouveau impliquée dans des activités douteuses".
Ces articles et reportages ont été diffusés après que la Commission électorale du Bangladesh a brusquement annulé le statut d'observateur électoral d'Odhikar le 8 novembre, indiquant que le bureau des affaires relatives aux ONG (NGOAB) les avait informés que l'enregistrement d'Odhikar était arrivé à expiration. Cependant, selon la circulaire de NGOAB, l'enregistrement d'une organisation doit être renouvelée tous les cinq ans. Conformément à cette disposition, Odhikar avait fait une demande de renouvellement de son enregistrement en septembre 2014, soit six mois avant la date d'échéance. Sa demande est toujours en attente devant le bureau et le NGOAB n'a ni renouvelé ni annulé l'enregistrement d'Odhikar. Cela a entrainé la clôture de tous les projets en cours et la suspension des comptes bancaires de l'organisation.
Front Line Defenders craint que la campagne de diffamation contre Odhikar perturbe non seulement le travail de l'organisation, mais aussi qu'elle n'entraine une hausse des actes de harcèlement et de violence contre les défenseur-ses des droits humains. Ces derniers actes de harcèlement se produisent dans un contexte de répression accrue contre les défenseur-ses des droits humains et la société civile au Bangladesh, à l'approche des élections générales qui auront lieu le 30 décembre 2018.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Bangladesh à :
1. Confirmer l'enregistrement d'Odhikar auprès du bureau des affaires relatives aux ONG et restaurer son statut d'observateur électoral ;
2. Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre l'organisation Odhikar, car Front Line Defenders pense que tout cela est uniquement lié à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains ;
3. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité du personnel d'Odhikara et les DDH affiliés, ainsi que de leur famille ;
4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Bangladesh puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.