Escalade des menaces de mort et des poursuites judiciaires contre le défenseur des droits humains Sazzadur Rahman

Le 3 mars 2025, le défenseur des droits humains Sazzadur Rahman, également connu sous le nom de Rakhal Raha, a été poursuivi en vertu de la loi sur la cyber sécurité de 2023 pour avoir prétendument incité à la violence et insulté le sentiment religieux par le biais de ses écrits satiriques et hypothétiques publiés sur les réseaux sociaux. La loi sur la cyber sécurité invoquée est souvent utilisée au Bangladesh pour criminaliser les activités en ligne jugées préjudiciables à la sécurité nationale ou aux sentiments religieux, et pour cibler les personnes considérées comme critiques à l’égard de la religion ou du gouvernement.

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Sazzadur Rahman est défenseur des droits humains et une voix active dans la réforme de l’éducation, la littérature et les mouvements sociopolitiques au Bangladesh. Il est également connu sous le pseudonyme de Rakhal Raha. En tant qu’écrivain, ses romans et recueils de nouvelles, Amavati et Chashadhe Golpo, sont reconnus comme des œuvres littéraires importantes de leur époque. Rakhal Raha a fondé le « Mouvement pour l’éducation et la protection de l’enfance (Shishir) » pour lutter contre la corruption dans l’éducation des enfants, et a ensuite été réprimé par l’État pour son action en faveur des droits humains. Pour répondre à la violence contre les intellectuels, il a également fondé la « Bangladesh Writers’ Unity » et en a été le président. Son activisme s’est étendu à plusieurs mouvements, notamment des manifestations contre la loi sur la sécurité numérique, pour la réforme de l’éducation et pour le droit du travail, reflétant son engagement pour les droits humains.

Le 17 février 2025, Sazzadur Rahman a écrit un article satirique et hypothétique à partir d’un poème de Sohel Hasan Galib, pour lequel le poète est actuellement en détention provisoire en vertu de la loi sur la cyber sécurité. Le défenseur des droits humains l’a publié sur Facebook et a demandé des retours. Entre le 18 et le 20 février 2025, une vaste campagne sur Facebook et YouTube a ciblé Sazzadur Rahman, appelant à son assassinat, son arrestation et mettant sa tête à prix. Après avoir reçu des commentaires violents et offensants, il a supprimé le message et a publié des excuses et des explications.

La semaine du 22 au 28 février 2025 a été marquée par une escalade des menaces de mort à l’encontre de Sazzadur Rahman, à la fois en ligne et dans l’espace public, notamment avec la diffusion d’appels à son exécution. Les efforts pour engager des poursuites contre lui ont également continué pendant cette période. Le 21 février 2025, après les prières de Jumma dans les mosquées du pays, en particulier dans la mosquée Baitul Mukarram de Dhaka, des annonces ont été faites appelant n’importe qui à exécuter Sazzadur Rahman où qu’il se trouve. Le 26 février 2025, la Branche d’investigation s’est rendue à son bureau au National Curriculum & Textbook Board (NCTB) et s’est rendue à son domicile pendant la nuit pour le chercher. Ils ont parlé au propriétaire, mais ne l’ont pas trouvé.

Entre le 1er et le 2 mars 2025, différents postes de police ont continué à tenter de déposer des plaintes contre Sajjadur Rahman, et le 3 mars 2025, des poursuites ont été lancées en vertu de la loi sur la cyber sécurité de 2023, le tribunal ordonnant au département des enquêtes criminelles (CID) de la police de soumettre un rapport d’enquête avant le 22 mai 2025.

La persécution actuelle de Sazzadur Rahman s’inscrit dans le contexte de la répression générale des défenseur⸱ses des droits humains, des journalistes et des activistes au Bangladesh, et il est impératif que le gouvernement respecte ses obligations de protéger les personnes exerçant leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et d’association. La loi sur la cybersécurité, souvent invoquée au Bangladesh pour criminaliser les activités en ligne perçues comme nuisibles à la sécurité nationale ou aux sentiments religieux, est devenue un outil permettant de cibler les personnes qui critiquent la religion, l’État ou le discours politique dominant.

Front Line Defenders est extrêmement préoccupée par la sécurité de Sazzadur Rahman, un défenseur des droits humains qui fait face à des persécutions judiciaires, des menaces de mort et une campagne croissante de harcèlement en ligne à cause de son exercice de la liberté d’expression. Les poursuites engagées contre Sazzadur Rahman en vertu de la loi de 2023 sur la cyber sécurité font partie des efforts plus larges déployés par l’État pour réduire au silence les voix dissidentes et étouffer la pensée critique au Bangladesh. Cette situation ne met pas seulement en péril la sécurité personnelle de M. Rahman, mais menace également l’ensemble du paysage des droits humains dans le pays.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Bangladesh à :

1. Mettre immédiatement en place des mécanismes de protection à Sazzadur Rahman, y compris des mesures visant à garantir sa sécurité physique et à prévenir toute forme de violence ou de harcèlement à son encontre.
2. Retirer immédiatement toutes les charges retenues contre Sazzadur Rahman au titre de la loi sur la cyber sécurité et mettre fin à toutes les actions en justice qui portent atteinte à son droit à la liberté d’expression.
3. Mener une enquête immédiate et approfondie sur les campagnes en ligne et les menaces de mort à l’encontre de Sazzadur Rahman, et demander des comptes aux responsables ayant incité à la violence et à la haine à son encontre, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales.
4. Veiller à ce que les défenseur⸱ses des droits humains au Bangladesh soient protégés contre les représailles de groupes étatiques et non étatiques et mettre fin aux persécutions et aux sanctions dont ils font l’objet, notamment pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et à la dissidence pacifique.