Attaque diffamatoire contre les défenseuses des droits humains Umida Niyazova et Sharifa Madrakhimova
Le 30 avril 2024, un blogueur pro-gouvernemental a posté une vidéo diffamatoire sur YouTube visant Umida Niyazova, une éminente défenseuse des droits humains. Plus tôt, le 18 avril, le même blogueur, accompagné d’un inconnu, a tendu une embuscade à Umida Niyazova et à une autre défenseuse des droits humains, Sharifa Madrakhimova, devant le domicile de cette dernière, dans la région de Fergana.
Sharifa Madrakhimova est une journaliste et défenseuse des droits humains ouzbèke ; elle est une leader communautaire respectée de la région de Fergana. En tant que reporter indépendante, elle collabore avec divers médias en Ouzbékistan.
Le 30 avril 2024, un blogueur pro-gouvernemental a posté une vidéo diffamatoire sur YouTube visant Umida Niyazova, une éminente défenseuse des droits humains. Plus tôt, le 18 avril, le même blogueur, accompagné d’un inconnu, a tendu une embuscade à Umida Niyazova et à une autre défenseuse des droits humains, Sharifa Madrakhimova, devant le domicile de cette dernière, dans la région de Fergana.
Umida Niyazova est une défenseuse des droits humains ouzbèke qui a fui l’Ouzbékistan en 2008 après avoir purgé quatre mois de prison pour des accusations liées à son travail en faveur des droits humains. Aujourd’hui citoyenne allemande, elle continue de se rendre en Ouzbékistan pour documenter et surveiller les questions relatives au droit du travail. Umida Niyazova est directrice et fondatrice de l’Uzbek Forum for Human Rights, une organisation exilée en Allemagne qui se concentre sur les violations des droits humains et du droit du travail en Ouzbékistan. Cette organisation, partenaire de première ligne de la « Cotton Campaign », surveille les récoltes de coton en Ouzbékistan depuis 2010, ainsi que l’impact des réformes agricoles sur les agriculteurs.
Sharifa Madrakhimova est une journaliste et défenseuse des droits humains ouzbèke ; elle est une leader communautaire respectée de la région de Fergana. En tant que reporter indépendante, elle collabore avec divers médias en Ouzbékistan.
La vidéo YouTube diffamatoire, intitulée « Combien ça coûte d’attaquer l’Ouzbékistan, Mme Umida Niyazova ? », accuse Mme Niyazova de mentir systématiquement au sujet des droits humains et du droit du travail en Ouzbékistan. Le blogueur pro-gouvernemental a menacé Umida Niyazova d’une vaste campagne de diffamation, suggérant qu’elle était financée par de prétendues « puissances occidentales » pour discréditer l’Ouzbékistan. La vidéo accuse également les organisations ouzbèkes de défense des droits humains en exil de diffuser de la désinformation à propos de la situation des droits humains dans le pays.
Début avril, Umida Niyazova et Sharifa Madrakhimova se sont rendu en Ouzbékistan pour rencontrer des agriculteurs et des représentants de sociétés cotonnières. Le 18 avril, le blogueur pro-gouvernemental et un inconnu les ont harcelées et menacées devant le domicile de Sharifa Madrakhimova dans la région de Fergana. Les deux hommes ont intimidé, insulté et accusé Oumida Niyazova d’organiser des attaques médiatiques contre l’Ouzbékistan, ce qui est devenu le thème central de la vidéo diffamatoire publiée le 30 avril. L’homme accompagnant le blogueur a filmé tout l’incident et les défenseuses pensent qu’elles sont surveillées, car le blogueur connaissait leur emplacement exact et leurs projets de voyage.
Les défenseuses ont tenté en vain d’échapper à ces actes de harcèlement en montant dans leur voiture, mais le blogueur et l’homme les ont physiquement intimidées en les empêchant de fermer la porte de la voiture. Elles ont finalement réussi à s’enfuir, mais l’incident les a incitées à interrompre leur déplacement pour des raisons de sécurité.
Le 19 avril 2024, Sharifa Madrakhimova a signalé l’attaque au département de police du district d’Uchkuprik, désignant le blogueur pro-gouvernemental comme l’un des auteurs. Cependant, le 28 avril 2024, les forces de l’ordre ont conclu que le blogueur n’avait commis aucun acte répréhensible. Le 30 avril 2024, soit deux jours plus tard, la vidéo diffamatoire a été publiée sur YouTube.
La Cotton Campaign, une coalition qui défend le droit du travail et la fin du travail forcé en Asie centrale, a signalé des incidents similaires où des défenseur⸱ses des droits humains, en tant qu’observateurs et travailleurs indépendants, sont victimes de harcèlement, de menaces et de restrictions de déplacements. Leur déclaration cite un incident au cours duquel des agents des forces de l’ordre ont convoqué et interrogé un agriculteur du district de Kasbi à Kashkadarya, l’accusant de mener des actions « préjudiciables à l’Ouzbékistan ». En outre, en janvier 2024, un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur a menacé un observateur de l’Uzbek Forum de poursuites pénales et l’a averti que sa vie était en danger pour s’être engagé auprès des travailleurs agricoles de la société cotonnière Indorama Agro et pour avoir dénoncé les violations du droit du travail dans cette entreprise. En août 2023, les autorités ont empêché un autre défenseur des droits humains travaillant avec l’Uzbek Forum for Human Rights de voyager pour participer à une formation sur le droit du travail ; la police du district a saisi son passeport. Il ne lui a été restitué qu’après la date de voyage prévue.
Front Line Defenders condamne l’attaque et la diffamation qui a suivi contre Umida Niyazova et Sharifa Madrakhimova. L’organisation estime que ces défenseuses des droits humains ont été prises pour cible en raison de leur travail légitime en faveur des droits humains, notamment contre les violations du droit du travail. Front Line Defenders fait part de ses vives inquiétudes concernant le harcèlement des défenseur⸱ses des droits humains qui défendent le droit du travail, car cela les dissuade de mener à bien leur travail essentiel en Ouzbékistan.
Front Line Defenders exhorte les autorités ouzbèkes à :
- Condamner publiquement l’attaque diffamatoire contre Umida Niyazova et les actes d’intimidation contre Umida Niyazova et Sharifa Madrakhimova ;
- Mener immédiatement une enquête sur l’attaque, en reconnaissant son lien probable avec le travail des défenseuses des droits humains, et publier les résultats afin que les responsables aient à répondre de leurs actes ;
- Garantir la sécurité physique et psychologique d’Umida Niyazova et de Sharifa Madrakhimova ;
- Garantir que tous les défenseur⸱ses des droits humains en Ouzbékistan puissent poursuivre leur travail légitime sans crainte de représailles ou d’acharnement judiciaire.