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Réouverture de la procédure judiciaire à l’encontre de cinq défenseurs de l’environnement de Guapinol, dont feu Juan López

Statut: 
Libération conditionnelle
À propos de la situation

Le 19 septembre 2024, la deuxième cour d’appel de la municipalité de La Ceiba, dans le département d’Atlántida, a décidé de rouvrir la procédure pénale contre les défenseurs de l’environnement Carlos Leonel George, Reynaldo Domínguez, José Adaly Cedillo, Marco Tulio Ramos et Juan López, membres du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBPC). Cette décision a été prise cinq jours seulement après l’assassinat du défenseur des droits humains Juan López, le 14 septembre 2024.

Le 24 février 2022, le tribunal de Trujillo, dans le département de Colón, a ordonné la libération immédiate sous caution des défenseurs de l’environnement José Daniel Márquez, José Abelino Cedillo, Ewer Cedillo, Kelvin Romero, Orbin Nahún Hernández et Porfirio Soto, membres du Comité municipal de défense des biens communs et publics (CMDBCP).

Le 13 août 2020, la cour d'appel de Francisco Morazán a annulé une décision en faveur des défenseurs des droits humains Juan Antonio López, Carlos Leonel George, Reinaldo Domínguez, José Adalid Cedillo et Marco Tulio Ramos, qui avait été rendue le 4 mars 2019. Les cinq défenseurs des droits humains sont membres du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBCP). Le rejet des charges a été prononcé dans le cadre d'une procédure judiciaire lancée en septembre 2018, tandis que huit autres membres du CMDBCP également liés à cette affaire sont toujours placés en détention préventive, depuis le 1er septembre 2019.

À propos du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos

Le Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBCP) est une organisation basée à Tocoa, dans le département de Colon, elle se compose de plusieurs organisations qui défendent le droit à la terre et l'environnement : les comités environnementaux du secteur de San Pedro (13 communautés) et le comité du secteur Abisinia (14 communautés) ; le comité environnemental de Guapinol, les groupes paysans Coordinadora de Organizacion Populares del Aguán (COPA) ; la fondation San Alonso Rodríguez (FSAR) et la Parroquia San Isidro de Tocoa. L'objectif du CMDBCP est de fournir une plateforme à partir de laquelle ces organisations peuvent se mobiliser pour protéger les biens publics dans la région et plaider pour le droit à l'alimentation, à l'eau et à un environnement sûr.

27 Septembre 2024
Réouverture de la procédure judiciaire à l’encontre de cinq défenseurs de l’environnement de Guapinol, dont feu Juan López

Le 19 septembre 2024, la deuxième cour d’appel de la municipalité de La Ceiba, dans le département d’Atlántida, a décidé de rouvrir la procédure pénale contre les défenseurs de l’environnement Carlos Leonel George, Reynaldo Domínguez, José Adaly Cedillo, Marco Tulio Ramos et Juan López, membres du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBPC). Cette décision a été prise cinq jours seulement après l’assassinat du défenseur des droits humains Juan López, le 14 septembre 2024.

Le CMDBCP est une organisation de défense des droits humains et de l’environnement basée à Tocoa, dans le département de Colon, au Honduras.

Le 19 septembre 2024, la deuxième cour d’appel de la municipalité de La Ceiba a ordonné la réouverture de la procédure judiciaire contre les cinq défenseurs du CMDBCP pour les accusations fabriquées d’incendie criminel aggravé et de privation injuste de liberté, à cause de leur travail de défense de la rivière Guapinol face aux dommages environnementaux causés par la présence d’activités minières et extractives dans la zone.

La procédure pénale à leur encontre a commencé en septembre 2018, après l’installation du « campement pour l’eau et la vie » pour la défense du parc national Carlos Escaleras Mejía contre la présence de projets extractifs. En février 2019, la Cour de justice nationale avait décidé de ne pas poursuivre douze défenseurs du CMDBCP en raison de l’absence de preuves à leur encontre. En août 2020, la cour d’appel de Francisco Morazán a annulé la décision pour cinq des douze défenseurs. Cette décision a fait l’objet d’un recours devant la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice. En juin 2022, cette même chambre s’est prononcée en faveur des défenseurs Juan López, Carlos Leonel George, Reynaldo Domínguez, José Adaly Cedillo et Marco Tulio Ramos, mais à ce jour, la décision n’a pas été appliquée. La récente décision de la deuxième cour d’appel de La Ceiba est une tentative visant à affaiblir la décision d’une juridiction supérieure, ce qui contredit potentiellement le principe de la double incrimination.

Depuis plus de six ans, les défenseurs du fleuve Guapinol sont victimes de harcèlement, de détentions arbitraires et de menaces en représailles contre leur travail, en particulier l’assassinat de Juan López le 14 septembre 2024.

Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude concernant la réouverture de la procédure pénale contre les défenseurs du CMDBCP, car elle considère qu’il s’agit d’une forme de représailles contre leurs activités en faveur de l’environnement. Front Line Defenders réitère son appel à l’ouverture d’une enquête sur l’assassinat de Juan López. Le recours abusif au droit pénal, ainsi que les menaces et les attaques contre les personnes qui défendent les droits humains au Honduras illustrent l’insécurité à laquelle sont confrontés les défenseurs dans le pays.

27 Juillet 2022
Libération provisoire des défenseurs de l’environnement de Guapinol

Le 24 février 2022, le tribunal de Trujillo, dans le département de Colón, a ordonné la libération immédiate sous caution des défenseurs de l’environnement José Daniel Márquez, José Abelino Cedillo, Ewer Cedillo, Kelvin Romero, Orbin Nahún Hernández et Porfirio Soto, membres du Comité municipal de défense des biens communs et publics (CMDBCP). La Chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice (CSJ) a ordonné la libération des défenseurs en accordant deux appels en leur faveur, mais l’ordre n’a été exécuté que deux semaines plus tard. Les défenseurs Arnol Aleman et Jeremias Martinez ont été libérés après leur acquittement le 9 février 2022.

La Cour de Trujillo n’a rendu qu’un ordre de mise en liberté conditionnelle, une décision que la Cour suprême doit corriger. Depuis leur libération, les défenseurs continuent d’être harcelés, arrêtés arbitrairement par la police nationale et menacés pour leur travail qui dénonce l’exploitation minière illégale dans le parc national Carlos Escaleras.

Bien que Front Line Defenders salue les décisions de la Cour Suprême de Justice, elle condamne la détention arbitraire pendant plus de 900 jours des défenseurs des droits humains de la CMDBCP ainsi que leur criminalisation basée sur de fausses accusations devant des tribunaux sans juridiction, et l’impact que cela a eu sur leur travail pour la défense de l’environnement à Tocoa. Front Line Defenders est convaincue que José Daniel Márquez, José Abelino Cedillo, Ewer Cedillo, Kevin Romero, Orbin Nahúm Hernández et Porfirio Soto Hernández continuent d’être ciblés dans une tentative de criminalisation en raison de leurs actions pour la défense de l’eau, de l’environnement, de la terre et du territoire.

20 Août 2020
Criminalisation des membres du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos

Le 13 août 2020, la cour d'appel de Francisco Morazán a annulé une décision en faveur des défenseurs des droits humains Juan Antonio López, Carlos Leonel George, Reinaldo Domínguez, José Adalid Cedillo et Marco Tulio Ramos, qui avait été rendue le 4 mars 2019. Les cinq défenseurs des droits humains sont membres du Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBCP). Le rejet des charges a été prononcé dans le cadre d'une procédure judiciaire lancée en septembre 2018, tandis que huit autres membres du CMDBCP également liés à cette affaire sont toujours placés en détention préventive, depuis le 1er septembre 2019.

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Le Comité Municipal de Defensa de los Bienes Comunes y Públicos (CMDBCP) est une organisation basée à Tocoa, dans le département de Colon, elle se compose de plusieurs organisations qui défendent le droit à la terre et l'environnement : les comités environnementaux du secteur de San Pedro (13 communautés) et le comité du secteur Abisinia (14 communautés) ; le comité environnemental de Guapinol, les groupes paysans Coordinadora de Organizacion Populares del Aguán (COPA) ; la fondation San Alonso Rodríguez (FSAR) et la Parroquia San Isidro de Tocoa. L'objectif du CMDBCP est de fournir une plateforme à partir de laquelle ces organisations peuvent se mobiliser pour protéger les biens publics dans la région et plaider pour le droit à l'alimentation, à l'eau et à un environnement sûr.

Le 4 mars 2019, les accusations portées contre un groupe de 12 défenseurs des droits humains, tous membres du CMDBCP, d'"incendie criminel aggravé" et de "privation injuste de liberté" ont été rejetées. Les charges remontent à septembre 2018 et sont liées à leur implication dans la défense pacifique des rivières San Pedro et Guapinol. Le 13 août 2020, la cour d'appel de Francisco Morazán est revenu sur son rejet des accusations qui pesaient contre les 12 défenseurs. Les avocats de la défense ont fait une réclamation devant la cour remettant en cause l'annulation du verdict.

Le même jour, le 13 août 2020, la Cour d'appel a également ratifié les injonctions formelles de mise en accusation adressées aux défenseurs des droits humains José Daniel Marquez, Porfirio Sorto Cedillo, Kelvin Alejandro Romero, José Abelino Cedillo, Ewer Alexis Cedillo, Orbin Nahún Hernández, Arnol Javier Alemán et Jeremías Martínez - également membres du CMDBCP - pour les mêmes charges. Sept des défenseurs sont toujours en détention préventive depuis le 1er septembre 2019 au centre pénal d'Olanchito, tandis que Jeremías Martínez est détenu au centre pénal de La Ceiba depuis décembre 2018.

Les procédures judiciaires à l'encontre des défenseurs ont commencé le 13 septembre 2018, lorsqu'un tribunal hondurien spécialisé dans le crime organisé a lancé un mandat d'arrêt contre 18 membres du CMDBCP pour "usurpation et dégradations" contre la société minière Los Pinares et l'État du Honduras. Les défenseurs manifestaient pacifiquement dans le camp de Guapinol contre les dégâts environnementaux et personnels causés par les activités minières de la société Los Pinares. La mine et les activités qui en découlent, exploitées par la société minière Los Pinares, ont contaminé l'eau de la rivière Guapinol qui est une source d'eau potable pour quatorze communautés environnantes. La contamination a entraîné la mort d'animaux et provoqué des maladies parmi les habitants de la zone. Le projet minier, qui a fait l'objet de nombreuses allégations concernant les irrégularités d'attribution de son permis, a été réalisé sans consultation préalable des communautés, et sans leur consentement.

Le 21 février 2019, 13 des 18 personnes nommées sur le mandat d'arrêt se sont présentées volontairement devant le tribunal national de San Pedro Sula. Sur place, les défenseurs et leurs avocats ont été informés qu'un deuxième mandat d'arrêt a été émis par le ministère public contre 31 personnes du camp de Guapinol, dont 12 des défenseurs présents à la Cour. Le mandat d'arrêt a été émis pour les crimes d'"association illicite", "vol qualifié", "incendie criminel aggravé" et de "privation injuste de liberté". Les avocats de la défense ont interjeté appel contre le deuxième mandat d'arrêt sans en informer les défenseurs et, par conséquent, l'affaire a été transférée à un juge de la juridiction nationale basé à Tegucigalpa. En février 2019, un juge de la Cour de juridiction nationale a rejeté toutes les accusations pour manque de preuves.

Dans son arrêt du 13 août 2020, la cour d'appel a ratifié l'abandon définitif du crime d'association illicite pour les défenseurs qui se sont présentés volontairement devant le tribunal. Cette ratification indique que les défenseurs ne font pas partie d'un groupe illégal - ce qui était l'une des raisons pour lesquelles les huit défenseurs ont été placés en détention préventive. Compte tenu de cette ratification, Front Line Defenders appelle à la libération des huit défenseurs placés en détention préventive depuis septembre 2019.

Front Line Defenders est vivement préoccupée par la décision de la Cour d'appel de Francisco Morazán, car elle criminalise les défenseurs Juan Antonio López, Carlos Leonel George, Reinaldo Domínguez, José Adalid Cedillo et Marco Tulio Ramos.

La décision de la Cour fait partie d'une tendance où le droit pénal est utilisé à mauvais escient pour promouvoir des intérêts politiques et commerciaux. La décision peut également être considérée comme un exemple de "justice sélective", utilisée pour cibler les défenseurs de l’environnement et les dissuader de poursuivre leur travail en faveur du territoire et des ressources naturelles au Honduras. Front Line Defenders exhorte l'État hondurien à mettre en œuvre les recommandations émises par la Commission interaméricaine des droits humains en août 2019 concernant le système judiciaire.